La Mouette
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Thème
La Mouette est le symbole de l'histoire de Nina, aimée par Konstantin qui lui a écrit une pièce. Persuadée de sa vocation d'actrice, elle s'enfuit avec Trigorine, un écrivain reconnu et amant de la mère de Konstantin. Hélas, elle ne rencontrera pas la réussite, reniée par sa famille et délaissée par son amant.
Lorsqu’à l'acte II, Trigorine voit une mouette que Konstantin a abattue, il imagine comment il pourrait en faire le sujet d'une nouvelle : « Une jeune fille passe toute sa vie sur le rivage d'un lac. Elle aime le lac, comme une mouette, et elle est heureuse et libre, comme une mouette. Mais un homme arrive par hasard et, quand il la voit, par désœuvrement la fait périr. Comme cette mouette. »
La mouette devient le symbole de l'existence de Nina, heureuse près de son plan d'eau, mais détruite par le chasseur Trigorine. La pièce est aussi la double histoire de Konstantin qui, d'une part, affronte sa mère en cherchant en vain à lui faire reconnaître sa valeur et, d'autre part, depuis la trahison de Nina, se noie dans l'espoir de retrouver un jour sa bien-aimée. • Lorsque celle-ci lui rend visite une dernière fois, deux ans après son départ, elle laisse à Konstantin la certitude que sa vie est maudite.
Points forts
C’est toujours la même impression, avec Tchekhov : dans la première demi-heure, comme un léger ennui. Le mot est lâché. Pourtant, et on s’en étonne, cet « ennui »-là n’a rien de péjoratif. On le reconnaît, on a des souvenirs de La Cerisaie, des Trois sœurs, d’Oncle Vania surtout dans la lignée de laquelle s’inscrit cette Mouette. En fait, c’est un ennui d’abondance, de familiarité apaisée et confortable. Des personnages qui parlent de choses et d’autres, on devine que ce qui est dit n’a pas forcément d’importance, que l’essentiel se trouve entre les mots, au creux des échanges. Dans les larges espaces laissés par le metteur en scène entre les acteurs sur le plateau.
Et puis peu à peu - c’est toujours comme ça chez Tchekhov - peu à peu cela s’installe. Quoi? Une atmosphère unique, impalpable, profonde. Qui vous prend on ne sait où et ne vous lâche qu’à la fin. Cette Mouette, on l’aura compris, n’échappe pas à la règle.
La mise en scène sert parfaitement ce propos singulier, subtil, du théâtre tchekhovien. A la fois dépouillée et éparpillée sur ce très grand plateau où les comédiens se parlent souvent de loin, comme séparés, comme ayant du mal à se faire comprendre. Jusqu’à cette puissante acmé de la fin qui prend le spectateur au creux du ventre et que nous ne dévoilerons pas ici. • Les comédiens servent avec beaucoup de talent ces histoires elliptiques pour y faire entendre la profondeur d’un monde tendu entre des désirs passionnés, des aspirations immenses et la brutalité de la réalité. Une mention spéciale à la jeune Eve Pereur, qui campe magnifiquement une Nina prodigieuse, toute en intensité et en sincérité.
Quelques réserves
- A travers la fiction d’une pièce de théâtre impossible à monter, écrite par le jeune dramaturge Treple, Tchékov se fait le témoin impartial d’un monde en sursis dans lequel plus rien ne tient, ni l’aristocratie, ni la bourgeoisie, ni la bohême, ni les promesses de l’art, ni l’amour.
L'auteur
Né en 1860 à Taganrog dans une famille modeste, Anton Pavlovitch Tchekhov développe très jeune un interêt pour la littérature tout en étudiant la médecine à Moscou.
Il se fait connaître par ses nouvelles, notamment La Steppe (1888) et La Dame au petit chien (1899). A partir de 1888, il écrit plusieurs pièces de théâtre, mais c’est le triomphe de La Mouette, pièce montée par Stanislavski en 1898 qui le fait reconnaître comme un dramaturge majeur.
- Dans la foulée, il écrit Oncle Vania, Les Trois Sœurs et La Cerisaie, tout en continuant à exercer la médecine. Atteint de tuberculose depuis ses 25 ans, Tchekhov meurt prématurément en 1904, à 44 ans.
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