La liberté ou la mort, une révolution grecque

Un plaidoyer noyé dans de bonnes intentions
De
Anissa Daaou
Mise en scène
Anissa Daaou
Avec
Anissa Daaou, Lucas Dardaine, Maïa Foucault, Robert Gulbert
Notre recommandation
2/5

Infos & réservation

Théâtre La Reine blanche
2 bis Passage Ruelle
75018
Paris
01 40 05 06 96
Jusqu'au 16 mars, les mardi, jeudi, samedi à 19 h - durée 1 h sans entracte Des rencontres sont proposées à la fin du spectacle : 23/02 : N. Graikos, professeur de grec moderne 28/02 : C. Bailly, membre du conseil d’administration d’Amnesty International
Tarifs
Prix 20 € tarif plein /tarifs réduits 15 € ou 10 €

Thème

En s'appuyant sur l'histoire des soulèvements révolutionnaires en Grèce (à partir de 1821) qui veulent mettre fin à 4 siècles d'occupation ottomane et accéder à l'indépendance nationale, non sans conflits internes et guerre civile, Anissa Daaou, auteur du texte, propose une réflexion générale sur la liberté et le prix à payer pour l'acquérir, la rébellion, la violence, les causes "justes" etc. 

Il s'agit  donc d'une "fiction politique" qui mêle l'évocation de quelques épisodes historiques (par exemple le carnage de Chios en 1822) et l'interrogation sur le bien fondé d'un engagement dans la guerre : jusqu'où faut-il aller pour être libre ?

Points forts

  •  Le sujet est intéressant. On apprend au moins une chose : La liberté ou la mort était la devise d'un "bataillon sacré" regroupant les plus ardents combattants grecs.
  • Les dissensions, les points de vue divergents et conflictuels, les obstacles à l'unité nationale, sont bien soulignés, même si les événements historiques ne sont qu'effleurés, et si raconter le soulèvement de tout un peuple en une heure reste un défi. L'histoire s'arrête d'ailleurs à 1824 alors que l'insurrection contre les Turcs a duré près de 10 années, l'indépendance officielle n'ayant été reconnue qu'en 1830.  
  • Le jeu des comédiens ? Ils sont 4 et chacun incarne un courant de pensée : celui qui ne jure que par les armes (le combattant grec de base réticent à toute autorité mais capable de mourir en héros) ; celui qui préfèrerait négocier avec le Sultan pour éviter la guerre;  celui qui accepte malgré la confusion d'être député puis chef du gouvernement provisoire ; celui qui serait prêt à la reddition car il croit au soutien (tardif !) des nations européennes ... Rien n'est simple, et c'est bien vu.

 

Quelques réserves

  • Les comédiens tentent de faire participer le public tantôt en le considérant comme une "Assemblée nationale" tantôt en lui faisant approuver telle ou telle décision politique (hypothéquer les biens nationaux). L'intention est louable mais le résultat médiocre : l'ambiance reste froide et le public passif.
  • A trop vouloir établir un rapprochement entre ce soulèvement et "les échos actuels saisissants", à trop chercher à convaincre que "nos vies intimes pénètrent le politique, et  inversement, le politique impacte l’intime",  l'auteur  insuffle au texte un côté intellectuel qui nuit au jeu théâtral. C'est aller trop loin de mettre en parallèle cette tragédie de l'histoire grecque avec quelques protestataires contemporains. 
  • Quelles paroles sortent de la bouche d'une chanteuse aux cheveux bleus ? On espère qu'elle s'inspire de grands auteurs, Séféris ou même Prévélakis... sinon c'est un moment inutile et creux.
  • La déclamation reprend-elle une partie, même brève, de l'Acte d'indépendance (1822) ? On l'espère mais on hésite à l'affirmer. On oscille donc,  sans jamais être certain de qui a rédigé quoi, entre les textes fondateurs originaux et les convictions militantes de l'auteur. 
  • Dans une toute petite salle (à peine 50 places) avec un plateau minuscule  entouré de quelques bancs, on comprend  que la mise en scène dispose de peu de moyens : presque aucun costume ou décor, hormis un banal rideau en fils derrière lequel certaines scènes sont jouées ou même un tas de terre avec des squelettes (en plastique ) pour évoquer un charnier... Quant au transistor diffusant les informations, anachronique, c'est bien sûr un clin d'oeil.  Sans doute cette "pauvreté" scénique est-elle voulue pour que le spectateur ne s'attache qu'à l'essentiel du  texte... mais on ne quitte pas la salle enthousiasmé. Dommage.

Encore un mot...

Très bonne idée de faire comprendre que la Grèce n'est pas seulement le siècle de Périclès. S'il est un pays qui a l'expérience d'une domination musulmane, c'est bien la Grèce... Il me semble, cependant, qu'on ne peut apprécier ce spectacle qu'en étant déjà un minimum informé sur les grandes lignes de la Révolution grecque et la position des "grandes puissances".

Une phrase

Ou plutôt trois:

"La liberté demande beaucoup d'efforts".

"Je veux être libre de défendre ma terre, oui, mais ça dépend de qui ? Je veux décider et non qu'on décide à ma place".

"Peut-on être libre quand on a le ventre vide ? La liberté, c'est pour les gavés, les repus..."

L'auteur

Anissa Daaou, après Sciences Po Paris, travaille dans le monde de l'art contemporain et dans celui de la production cinématographique, notamment en accompagnant des auteurs dans l’écriture de leurs scénarios de longs métrages,  avant de se lancer à rédiger ses propres textes. Pour résumer sa formation, on peut souligner qu'elle est diplômée de L’école du Jeu en 2017 pour artistes-interprètes et qu'elle a suivi différentes masterclass afin d’enrichir son écriture. Pour le théâtre, elle explore diverses expériences : Début 2017, elle prend part à l’écriture collective et joue dans Troisde Mani Soleymanlou, à Chaillot, au Théâtre Gérard Philipe et au Tarmac. Au printemps 2017, elle écrit, met en scène et joue dans son premier spectacle, En Eau trouble, avec une troupe de dix-sept autres interprètes.  Actuellement, elle coécrit, avec Jalil Lespert et Pierre Zandrowicz, le scénario de Crusoe, film de réalité virtuelle adapté du roman de Daniel Defoe.

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