La Grande Magie

La magie… quelle magie ?
De
Eduardo de Filippo
Durée : 1h35

Avec
La troupe du Théâtre de la Ville (Serge Maggiani, Valérie Dashwood, Marie-France Alvarez, Céline Carrère, Jauris Casanova, Sandra Faure, Sarah Karbasnikoff, Stéphane Krähenbühl, Gérald Maillet, Isis Ravel, Pascal Vuillemot).
Notre recommandation
2/5

Infos & réservation

Théâtre de la Ville – Les Abbesses
31, rue des Abbesses
75018
Paris
01 42 74 22 77
Du 1er au 12 avril. Du Lun. au sam. à 20h, le samedi 12 avril à 15h.

Thème

  • La pièce commence comme un vaudeville : dans un hôtel de bord de mer, Le Métropole, un groupe de vacanciers oisifs s’ennuie, échange des propos acides et plus ou moins malveillants, et propage les ragots. 

  • Survient un illusionniste médiocre, Otto Marvuglia, qui propose à ces mondains un spectacle de magie censé les distraire. Un jeune marié, excédé par la jalousie et l’autorité de Calogera, son épouse acariâtre, se laisse entraîner dans un numéro de disparition à l’aide d’un sarcophage truqué, et en profite pour s’enfuir avec sa maîtresse. 

  • Pour répondre à l’épouse inquiète exigeant la réapparition de son mari, le magicien lui confie un coffret qui contiendrait le jeune homme. Calogera ne doit l’ouvrir que si elle ne craint pas qu’il l’ait trompée, sous peine de le faire disparaître à jamais. Le doute s’installe alors chez elle, si insinuant qu’il fait vaciller son esprit. Le temps passe…

Points forts

  • L’esthétique réelle et luxueuse du décor, les rideaux de perles, les stores de gaze, le plateau tournant figurant la ronde de la vie et le temps qui passe, les perspectives ouvertes par le jeu des lumières, les cages à oiseaux-lampes, le clair-obscur de l’intérieur domestique de la scène finale, la chute d’une improbable neige à la toute fin, chaque instant ou presque est beau.

  • Emmanuel Demarcy-Mota a un œil, c’est indéniable, et l’art de faire se déplacer les comédiens sur un plateau, mais il n’est pas sûr que cette “mise en théâtre“ soit ce qui convienne le mieux à la légèreté du propos.

Quelques réserves

Elles sont nombreuses. 

  • Le texte, d’abord et avant tout, cousu de platitudes et de sentences convenues, dépourvu de ressort, de nerf et de grâce : la vie est un jeu, l’amour une illusion qui doit être soutenue par la foi et se paye de bien des souffrances, la condition humaine une tragédie parfois, le plus souvent une farce. Certes. On le savait, sans avoir besoin des pesanteurs étudiées et, somme toute, plutôt prétentieuses de cette mise en scène. La métaphore fantastique et poétique ne fonctionne pas, on s’ennuie.

  • On ne voit pas bien pour quelle raison il a fallu échanger les sexes : faire du mari jaloux une femme autoritaire et de l’épouse volage un mari inconstant. En quoi cela aide-t-il la pièce, en quoi cela contribue-t-il à briser des stéréotypes ?

  • Les comédiens, et singulièrement Valérie Dashwood qui incarne l’épouse abandonnée, profèrent et scandent souvent leur texte avec une application qui ne le rend ni plus audible ni plus précieux. 

Encore un mot...

  • Le propos conviendrait parfaitement à un film cursif, léger et décalé, insolite, comme le furent ceux au scénario desquels Eduardo De Filippo collabora jadis. Cela mettrait peut-être plus modestement en images le ridicule des conduites humaines.

Une phrase

  • « Allons courage, réveille-toi ! Nous devons continuer notre jeu. Regarde, là, tout le public qui attend. A cette heure, la fraîcheur tombe sur le jardin du Métropole. Cela va te paraître un siècle mais après tu verras tout finira en un instant. Regarde comme la mer est calme, ce soir ! »

L'auteur

  • Scénariste, acteur, réalisateur, poète, dramaturge, auteur d’essais et d’articles, Eduardo De Filippo est un homme-orchestre à l’activité débordante et variée. 

  • On lui doit notamment le scénario de Pain amour et jalousie, le film de Luigi Comencini (1954) ou de Aujourd’hui, demain et après-demain de Marco Ferreri et Rafael Azcona (1965). • Mais il est aussi considéré comme l'un des plus importants auteurs du théâtre italien du XXe siècle, un héritier de Pirandello. 

  • La Grande Magie, pièce en trois actes a été écrite en 1948 et souvent été montée depuis, y compris en France : en langue italienne à l’Odéon par Giorgio Strehler en janvier 1987, puis à la Comédie française en 2010.

  • Gageons que le film de Noémie Lvovsky tiré de cette pièce, une comédie musicale qui sortira en février prochain, aura plus de “magie“ que cette pénible mise en scène…

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