La Fuite !
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Thème
On est prévenu par une affiche de « La Fuite ! » : c’est « une comédie fantastique en huit songes » qu’a écrite Mikhaïl Boulgakov, qui fut médecin écrivain comme le grand Anton Tchekhov. Tout commence avec, sur la scène, une petite fille (la metteuse en scène Macha Makeïeff qui, assise sur le sol à l’entrée d’une chambre, écoute sa grand-mère lui raconter l’exode, l’exil. Huit songes, huit tableaux, huit voyages.
Ça commence en Crimée, le port de Sébastopol. Il y aura aussi Constantinople, Paris… Dans ces décors, on va croiser toutes sortes de personnages (une bonne trentaine parmi lesquels le couple formé par un ahuri et une frêle jeune femme, un évêque, un officier aristocrate, un général commandant de l’armée des Russes blancs). Il y en a même certains qui, tellement désargentés, organiseront des courses de cafards !
L’étape finale, l’étape ultime, c’est Paris. Là, les survivants du voyage se mettent en tête de « s’occuper » de cet ancien ministre du commerce, véritable parvenu qui vit la grande vie en jonglant avec ses dollars dans le Paris des années folles.
Points forts
- Un texte pétillant, à la hauteur de ceux écrits par Molière et Gogol, les deux grands poètes comiques que vénérait Mikhaïl Boulgakov.
- Un rythme alerte et une écriture aussi insolente que lumineuse pour une pièce rédigée en 1928 mais jamais jouée du vivant de l’écrivain qui était ciblé par le régime de Staline.
- La mise en scène particulièrement inspirée (comme si souvent) de Macha Makeïeff, les belles lumières de Jean Bellorini et les séquences dansées, chorégraphiées par Angelin Preljocaj.
- Le monde de l’exil décrit par Mikhaïl Boulgakov et mis en scène par Macha Makeïeff, c’est le royaume des mélancoliques et des drôles avec une trentaine de personnages.
Quelques réserves
A certains moments, la mise en scène force quelque peu le trait des personnages, ce qui peut se révéler gênant pour la limpidité du texte.
Encore un mot...
Avec cette pièce sur l’exil des Russes blancs au début des années 1920 on est emporté dans une fresque où flottent la poésie et le rêve et qui se révèle aussi fable politique imparable.
Une phrase
Liouska : « Un cinglé, ce Krapitchkov ! Je vous le dis, un cinglé de l’état-major… Aller jouer aux cartes en pleine offensive ! Crétin ! »
L'auteur
Né le 3 mai 1891 à Kiev et mort le 10 mars 1940 à Moscou, Mikhaïl Boulgakov était un écrivain et médecin russe puis soviétique. Fils aîné d’un maître de conférences d’histoire des religions occidentales et d’une enseignante, il a grandi à Kiev où il a fait ses études. Après une scolarité honorable, il entre à la faculté de médecine de Kiev, y est diplômé en 1916 et s’engage comme médecin volontaire dans la Croix-Rouge, en pleine Première Guerre mondiale.
Un peu plus tard, avec sa première femme, il s’installe à Moscou et commence à écrire plusieurs récits. Il n’en gardera aucun.
En 1920, il abandonne la médecine pour se consacrer totalement à l’écriture. Pour assurer le quotidien, il rédige des articles pour des journaux.
Il se méfie du régime communiste qui lui demande des modifications dans ses écrits, qui le censure mais, dit-on, il s’en accommode. A moins qu’il feigne de s’en accommoder.
Il écrira d’abord des pièces de théâtre (parmi lesquelles « Les Frères Tourbine », « L’île pourpre », « La Fuite ! » ou encore « Molière ou la Cabale des dévots ») puis des nouvelles, quatre livrets d’opéra et une poignée de romans parmi lesquels « Le Maître et Marguerite », achevé en 1940 mais publié dans son intégralité en URSS, en 1973 seulement.
A Moscou, aujourd’hui, deux musées honorent la mémoire de l’écrivain : la « Maison de Boulgakov », fondée par une initiative privée en 2004; et le Musée M.A. Boulgakov créé par le gouvernement russe en 2007.
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