La folle en costume de folie
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Thème
L’histoire se passe au début du XXème siècle. La folle, c’est “la Tià”, une vieille femme qui habite dans un village montagnard suisse et que le départ de son fiancé a sérieusement dérangée. Lorsqu’une troupe de théâtre lui offre un costume de scène bariolé, orné de grelots, avec comme condition l’obligation de le porter, elle renaît à la vie en se postant tous les jours devant l’église du village dans l’espoir de voir réapparaître l’élu de son coeur. Le récit jusque là sensible et intimiste se fait alors exubérant, baroque et cruel.
Points forts
1/ Françoise Taillandier a elle-même adapté fidèlement cette nouvelle de l’écrivain suisse en le transposant à la première personne. Elle se glisse avec malice dans le costume multicolore de la folie, incarnant tour à tour la solitude désincarnée et la passion dévorante de l’amoureuse déchue.
2/ Le court texte de Charles-Ferdinand Ramuz s’inscrit dans la lignée de ses grands romans, qui ont donné leurs lettres de noblesse à la rude paysannerie des villages vaudois. En quelques touches, il décrit l’atmosphère pesante et immobile qui plombe ces lieux déshérités où le temps semble s’être suspendu. Puis il fait naître le souffle de la passion, folle mais pressante et déterminée, qui sommeille aussi dans les êtres les plus simples.
3/ La musique de Paul Hautreux et ses ritournelles accompagnent l’histoire comme des refrains encadrant les couplets du texte. L’accordéon de Patrick Quichaud compose un écrin qui met en valeur la poésie simple et naturaliste de Ramuz.
Quelques réserves
On aurait aimé peut-être que Françoise Taillandier s’attaque à un texte plus ample, qui porte avec encore davantage de force et de puissance les grands thèmes récurrents de Charles-Ferdinand Ramuz. C’eût été l’occasion de faire découvrir une oeuvre qui n’a rien à envier à celles d’un Giono ou d’un Harrison.
Encore un mot...
Le spectacle a le charme désuet de ces saltimbanques qui s’installaient sur la place du village et avec trois bouts de chiffons vous emportaient le temps d’une représentation. Et nous voilà transportés au siècle dernier, entre l’église et le marché, à guetter le retour du fiancé ...
Une phrase
“Ils mettent les costumes dans le coffre, et c’est comme un cercueil le coffre. Et les morts on ne les ressort plus”.
L'auteur
Charles-Ferdinand Ramuz, peu connu en France, est une star en Suisse où son visage orne les billets de 200 francs. Quelle ironie pour ce romancier poète qui s’est fait le chantre des petites gens, des coeurs simples, attachés à leurs vallées, leurs pâturages et leurs bêtes.
Écrivain “écolo” avant l’heure, il place l’homme au centre de ses montagnes natales, un monde merveilleux mais implacable, qu’il craint et vénère et dont il ne peut s’extraire.
Ses personnages sont puissants, têtus et fiers mais semblent condamnés à un destin fait de solitude et de peine que viennent parfois troubler une ronde endiablée, une robe de fête ou un amour de passage. La folle dans son costume de folie est ainsi l’incarnation parfaite du héros ramuzien.
Commentaires
Voilà un article objectif, sans concession et bien documenté !
Je vais communiquer au plus grand nombre l'adresse de ce site particulièrement bien construit et éclairant.
Et, bien sûr, partager sur FaceBook
Merci à Monsieur Charles-Edouard AUBRY.
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