La Femme rompue
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Thème
Seule dans son appartement, une nuit de la Saint-Sylvestre, Murielle cherche désespérément le sommeil mais ne peut s’empêcher de ressasser avec hargne les échecs successifs de sa vie.
Points forts
1) Après Fanny Ardant jouant du Marcel Mithois à la Michodière, voici Josiane Balasko interprète de Simone de Beauvoir aux Bouffes du Nord. Bigre ! La frontière réputée infranchissable entre les temples du boulevard et les cathédrales de l’intellect deviendrait-elle poreuse grâce à quelques comédiennes audacieuses ? Souhaitons-le de tout cœur.
2) Murielle, l’héroïne de ce monologue, est une femme à bout. Tout l’insupporte, tout la fait souffrir, tout la rend folle. Elle est une grande brûlée de la vie : un premier mariage qui a cassé et une grande fille qui s’est suicidée, un second qui n’a pas mieux réussi et un mari qui l’a quittée en emmenant leur fils.
Murielle est-elle pour autant victime de son entourage, de notre société, de la vie ? N’est-elle pas en partie responsable de ce qu’il lui arrive ? L’écriture très fine de Simone de Beauvoir le laisse penser car ce que dit un personnage reste toujours sa vérité, pas forcément LA vérité.
Ce qui est sûr, c’est que si Murielle se retrouve aujourd’hui dans une situation difficile, c’est qu’elle est sans ressource et qu’elle dépend financièrement de son mari. Libérez-vous par l’argent, gagnez vous-même votre vie, laisse entendre Beauvoir, rappelant le premier axiome du féminisme dont elle fut une chef de file.
3) Tout son monologue, Josiane Balasko le profère de son lit et ne se lève que pour les saluts. Cette idée de mise en scène d’Hélène Filières est excellente. Murielle cherche le sommeil et ne le trouve pas, elle rumine des pensées noires, des mauvais souvenirs, et prépare sa journée du lendemain, décisive pour son avenir. Elle se retourne, s’agite, se redresse, s’énerve. Une situation réaliste que tout spectateur reconnait.
Parfois, allongée sur le dos, la tête calée sur un coussin et les yeux fixés au plafond, elle semble se livrer à une psychanalyse ou, recroquevillée sur son sofa, elle est comme posée sur un radeau, au milieu de la mer houleuse de sa vie intime. De belles images.
4) Malgré sa douleur, Muriel continue à se battre, elle ne baisse pas les bras. Têtue, teigneuse, féroce comme la chèvre de Monsieur Seguin, elle reste pugnace: le rôle semble modelé pour Josiane Balasko. Les saillies et les vacheries qu’elle lance sont souvent drôles, et évidemment son interprète, issue de la troupe du Splendid, dotée d’une vis comica irrésistible, ne les laisse pas passer. La salle éclate de rire ; le texte semble écrit pour elle. Parfois enfin, Murielle parait tellement perdue, tellement blessée qu’elle en devient bouleversante. Là, la situation semble bien éloignée du registre habituel de Balasko, mais elle la fait sienne avec une maestria incroyable. Une actrice merveilleuse sous toutes les facettes.
Quelques réserves
1) Au théâtre, une bonne idée de mise en scène peut déboucher sur une situation techniquement discutable. Lorsque Josiane Balasko, allongée sur son lit, s’adresse au plafond ou pire lorsqu’elle se retourne, dos au public, le spectacle a beau être sonorisé (mal ?), la salle perd des répliques complètes.
2) Beauvoir avait-elle écrit ce monologue, extrait d’un recueil de nouvelles, pour qu’il soit joué au théâtre ? Elle fait intervenir dans son texte de nombreux personnages sans se soucier de les présenter clairement aux spectateurs et l’on est un peu désarçonné de prime abord devant cette avalanche de prénoms: Nanard, Etiennette, Albert, Christine, Sylvie, Mariette, Dédé, Florent, Tristan, Francis… Les auteurs de théâtre chevronnés ont généralement plus de méthode.
Encore un mot...
Vous ne rêvez pas : la Nathalie des « Bronzés » ou la Madame Musquin du « Père Noël est une ordure » est bien sur la scène des Bouffes du Nord, le fief de Peter Brook, jouant du Simone de Beauvoir. Quelle puissance dans le jeu ! Quelle force dans l’émotion ! Tout cela, direz-vous, on le savait déjà. Oui, mais pas dans le registre dramatique. Bravissimo Balasko !
Une phrase
Murielle : « Pas de concession, pas de comédie : je me retrouve dans cette petite bonne femme. Je suis propre, je suis vraie, je ne joue pas le jeu. »
L'auteur
Femme de lettres française, Simone de Beauvoir (1908-1986) est l’auteure d’essais (« Le Deuxième Sexe », « La Longue Marche »), de romans (« L’Invitée », « Les Mandarins » prix Goncourt 1954) et de récits autobiographiques (« Mémoires d'une jeune fille rangée »). Disciple et compagne de Jean-Paul Sartre, elle fut une ardente féministe.
Commentaires
ç est nul et prétentieux volontairement désincarné pour paraître plus fort et plus intelligent sans doute
mais ç est raté on s ennuie on s endort et on sort lassé de ce monologue qui n à rien ni poésie ni même douleur que lourdeur
On ne s ennuie pas du tout..... vous n avez rien compris au texte. Balasko est fabuleuse.
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