La double inconstance
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Thème
Le prince, invoquant “le fait du roi“, fait enlever une jeune paysanne qu’il jugeait bien estimable. Or celle-ci, amoureuse d’Arlequin, qui le lui rend bien et n’entend pas céder aux injonctions du prince.
Mais Flaminia, bonne amie de ce dernier, va démontrer qu’en s’y prenant bien, on peut faire changer d’avis tout un chacun, et même avec leur propre assentiment !
Points forts
Tout d’abord, la langue de Marivaux. C’est un régal d’élégance et de courtoisie aimable.
Quel plaisir d’écouter cette musique-là d’un auteur qui manie les sentiments avec une adresse à nulle autre pareille !Les comédiens sont tous impeccables :
les femmes, belles, coquettes et piquantes, avec une Lisette à cheveux tout courts - anachronisme pour l’époque - et bourrée de charme tout comme l’élégante et élancée Flaminia, qui manipule à tour de bras avec une aisance confondante ;
les hommes, forts et tenaces, nous offrent un ballet formidablement bien agencé, servi par des propos habiles et élégants.
L’intrigue, extrêmement adroite, démontre combien l’âme humaine est malléable. Nous sommes ici en présence de la manipulation à l’état pur, fort bien amenée. Arlequin et Sylvia sont persuadés que leurs sentiments sont éternels et pourtant, se laissent convaincre sans même le réaliser, à une vitesse supersonique !
La mise en scène est gracieuse et de bon ton, avec une grande finesse et l’on joue avec les glaces du décor.
Quelques réserves
- Rubrique à proscrire ici !
Encore un mot...
Arlequin [avec sa tête de rustre] : « Qui est donc cet original qui me donne des valets malgré moi ? […] Veut-on me chicaner mon bon droit ? »
- Sylvia [se plaignant] : « J’ai toujours eu du quignon dans mes rencontres. »
Une phrase
- Cette parenthèse est un enchantement : les mots et l’intrigue de Marivaux, associés au jeu magnifique des comédiens, font de ce spectacle une merveille. Courez-y !
L'auteur
Pierre Carlet dit Marivaux (1688 – 1763) est le fils d’un fonctionnaire de l’Intendance de la Marine. Il vit à Riom, où son père devient directeur de l’Hôtel des Monnaies, et où lui-même est élève des Oratoriens.
Mais, très vite, Marivaux est attiré par l’écriture, notamment celle des pièces de théâtre : il connaît rapidement le succès avec La surprise de l’amour (1722), La double inconstance (1723), Le jeu de l’amour et du hasard (1730).
Si Marivaux mène en parallèle une carrière de journaliste et d’écrivain, sa dramaturgie fait essentiellement sa renommée : L’école des mères (1732), L’île aux esclaves (1725) et Les fausses confidences (1737) sont parmi les pièces les plus connues.
C’est son approche particulière de la psychologie humaine que l’on retrouve dans toutes ses pièces et le volet social de son écriture qui font la valeur de ses écrits. Il est enterré à Paris, à Saint-Eustache.
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