La conversation
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Thème
Jean d’Ormesson a inventé cette conversation qui pourrait s’être déroulée un soir de 1803, entre Bonaparte, alors 1er Consul, et Cambacérès, 2ème personnage du Consulat. Bonaparte se sent missionné par un destin qui le dépasse et qu’il souhaite assumer en envisageant l’Empire. Parviendra-t-il à convaincre Cambacérès, sincère et brillant républicain ?
Points forts
1- La pièce est parfaitement construite ; le romancier rejoint l’historien avec la subtilité du dramaturge qu’il n’a jamais osé être réellement. Merci à Alain Pochet, de l’avoir, depuis le début, convaincu de la théâtralité de cette œuvre, créée chez Pierre et Danièle Franck à Hébertot, dans la petite salle, en 2012, et reprise aujourd’hui de manière plus « théâtreuse », au Gymnase-Marie-Bell.
2- La réflexion politique, fine et dense, aiguisée comme un rasoir, de ce jeune vainqueur de 34 ans, auréolé déjà d’une gloire qui lui laisse entrevoir son prestigieux destin.
3- L'interprétation:
- Aurélien Wiik, dirigé par Alain Sachs, qui a souhaité une mise en scène plus pétulante, évoque un peu la chaleur et l’ardeur d’un Murat, au détriment de la pensée profonde de Bonaparte, cet artilleur de génie, membre de l’Académie des sciences depuis 1797, et déjà contrôleur de l'élaboration du futur Code Civil.
- Je tiens à saluer l’élégance de pensée et d’attitude d’Alain Pochet, ami et fidèle du Maître d’Ormesson. Il conserve les nuances du texte, mais son Cambacérès se laisse entraîner par l’impulsion de ce Bonaparte de génie qui saura, plus tard, faire marcher la grande armée jusqu’à Moscou. On le sent à la fin sincèrement convaincu par l'enthousiasme du futur Empereur.
Quelques réserves
Un peu trop de laisser aller physique, à mon goût, chez Bonaparte, rendu pourtant attachant et sympathique par le fougueux Aurélien Wiik.
Encore un mot...
Superbe vulgarisation, dans le bon sens du terme, de l’histoire. Alain Sachs cherche aussi à divertir et il y parvient, au risque de faire perdre un peu de sa superbe au futur empereur. Alain Pochet demeure, en incarnant un Cambacérès nuancé et élégant, tout à fait digne de Jean d’Ormesson.
L'auteur
Jean d’Ormesson (1925-2017) est, à mon sens, l’un des auteurs majeurs de la deuxième moitié du XXème siècle. Le temps qui passe fera prendre conscience de son importance, de l’intelligence de ses propos et surtout de l’aspect profondément philosophique de son œuvre.
Tout semble heureux et facile avec lui et pourtant, il parvient, si on le lit attentivement, à entraîner son lecteur dans des sphères lointaines d’une pensée rare et constructive.
Auteur d'une quarantaine d'ouvrages, membre de l'Académie-Française depuis 1973, il fut aussi journaliste ( Directeur du Figaro),
Il fut souvent médiatisé dans des émissions de télévision, en raison de sa grande érudition mais aussi de son talent si abouti et harmonieux dans l'art de la conversation.
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