La Bête dans la jungle suivi de "La Maladie de la Mort"
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Thème
Le spectacle est donc composé de deux pièces qui se succèdent sur un thème similaire : la difficulté de sortir de soi (autrement dit l’égoïsme et la difficile reconnaissance de l'autre), en butte aux élans d’un moi idéal (le rêve du héros et d’une vie exaltante). L’une et l’autre traitent à leur façon de la rencontre impossible entre un homme et une femme.
Dans la pièce principale, "La Bête dans la jungle", le face à face a lieu au début du vingtième siècle dans un château anglais. L’homme et la femme sont cultivés, leur élocution savoureuse, leur comportement raffiné: ils vont passer leur vie entière à se chercher. Le destin héroïque dont l’homme se sent l’objet va l’aveugler au point de ne pas voir sa vie se dérouler auprès de la femme qui l’attend et le comprend.
La pièce qui suit, d'après un roman de Marguerite Duras (1982), se déroule à la fin du vingtième siècle. Même sujet : une tentative de rencontre entre un homme et une femme; mais le traitement est différent, plus cru. La quête est plus veule, plus narcissique. L’homme à la recherche de l’amour -qu’il croit de l’autre mais qui n’est que de lui-même- paie une jeune prostituée pour tenter de découvrir l’autre, de comprendre l’étranger. Mais comme chez Henry James, il reste prisonnier de lui-même, aveugle et frappé de « La Maladie de la mort ».
Points forts
- La place accordée au silence, au bruit des pas des personnages qui se croisent sans se voir, l’ambiance qui se dégage de chacune des scènes, le réalisme discret de la mise en scène...tout prend place et vie de façon saisissante!
- La mise en scène est très bien servie par le décor. Sur une scène particulièrement vaste, l’agencement en boiseries blanches, décor bourgeois à la ‘Flamant ‘, nous transporte d’un siècle à l’autre, des vastes espaces de vie d’un château anglais au confinement d’une chambre avec un esthétisme réussi. Tout cela, presque sans modification ou si peu.
- L’actrice principale, Valérie Dréville, malgré une voix de prime abord dérangeante, est d’une présence attachante, rassurante aussi. Elle porte avec finesse et intelligence le rôle d’une femme attentive et patiente face aux attentes et frustrations de la vie.
Quelques réserves
L’enchainement des deux pièces sans entracte! Si l’on n’apprécie guère Marguerite Duras, impossible d’échapper à sa pièce qui, d’une certaine façon, rompt le charme de la première... On en sort presque abattu, quasi-dégoûté de la nature humaine, du fait de l’enfermement narcissique de son personnage.
Encore un mot...
Ces deux pièces traitent de la quête d’une rencontre quasi-fusionnelle, jamais trouvée, peut-être mal cherchée. Faut-il voir dans leur juxtaposition une évolution des mœurs de la société et de la façon dont l’homme vit et traduit ses sentiments : la recherche d’un destin (moi, ce héros à venir) devient la maladie de la mort (moi, ce dépressif qui ne peut sortir de lui-même) ?
Une phrase
« Trop tard ! »
L'auteur
Henry James, écrivain américain né en 1843, est considéré comme un maître de la nouvelle et du roman pour le raffinement de son écriture. Il voyage entre l’Europe et les Etats-Unis et s’établit à Londres à partir de 1878; il y écrira ses plus grands chefs d’œuvre.
La pièce est une adaptation que Marguerite Duras a faite, en 1962, d'une nouvelle d'Henry James; d’après, déjà, une adaptation théâtrale de James Lord.
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