LA BALEINE ET LE CAMP NATURISTE - ADIEU, FERDINAND ! SUITE ET FIN.
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Thème
Nous sommes au Théâtre du Soleil chez Ariane Mnouchkine, le "champ de manœuvre" du débutant Caubère, quelques semaines après mai 68. C'est le lieu propice au coup de foudre qui réunit Clémence (sa vraie compagne et complice à l'époque) et Ferdinand, le surnom de l'acteur-auteur Philippe Caubère. Le jeune homme va vite essayer de convaincre sa complice que l'infidélité est une excellente chose pour la vie harmonieuse du couple. Il jette donc son dévolu sur une créature ravageuse, une comédienne de la troupe du Théâtre du Soleil à la Cartoucherie de Vincennes. Signe particulier : plantureuse, généreuse, elle lui fait penser, sous son gros anorak, à un mammifère marin et c'est très excitant.
Rien ne nous sera alors épargné sur les ébats virtuels et imagés de ce couple animal y compris le fiasco final. Deuxième partie : Clémence se venge et convainc Ferdinand de faire un séjour dans un camp naturiste. Ca libère ! Et effectivement Caubère se libère, Caubère se déchane ; il n'aime pas le nudisme et ne se gêne pas pour le faire savoir, flamberge au vent, mais non sans finesse. Nos amis Belges qui en sont friands, paraît-il, en prennent pour leur grade...
Points forts
- Une scène très forte, summum de ce seul-en-scène : l'apéro dans le camp naturiste, chez le voisin, un vrai beauf, vieux routier du camp (depuis 44 avec les Waffen SS !) qui essaye de convaincre Ferdinand des bienfaits du naturisme, tellement convivial, un rien égrillard, longue séquence où fleurissent les bons vieux jeux de (gros) mots. Philippe Caubère joue 4 ou 5 personnages, les réparties fusent, les mimiques pleuvent... Et là, précisément, c'est vraiment drôle
- Les trouvailles de l'Illusionniste. Tel Charlot, Philippe Caubère possède le rare talent de créer des effets sonores ou visuels à la fois saisissant de réalisme et de drôlerie avec parfois quelques touches de poésie : lire Proust dans la Pléiade... et dans le vent d'une plage de l'Atlantique relève de l'exploit. Les feuilles volent, l'esprit reste !
- La gestuelle et le délire paroxystique de ce phénomène qui se roule par terre, rugit, miaule, ou au contraire parle sentencieusement en arpentant la scène, ouvrant refermant des portes imaginaires après avoir sonné dans le vide... C'est ça l'illusion comique. Molière ou Arlequin, héritier de la commedia dell'arte, Caubère improvise sans cesse, soutenu par sa souffleuse. Caubère a le théâtre chevillé au corps.
Quelques réserves
- La vulgarité - point trop n'en faut. Joindre 20 fois de suite le geste à la parole dans la relation très physique avec la baleine ça finit par lasser. De même les déambulations de nudistes avec leur matériel brinquebalant...
- Un peu long, ce spectacle monologue à 4 voix qui s'étire en 2h10, avec deux scènes principales indépendantes entrecoupées d'une séquence interminable : le voyage en vieille mini break où tout le monde s'entasse, Ferdinand les 4 fers en l'air, claquemuré sur la banquette arrière. Répétitif sans être vraiment comique. Heureusement, la fin est un véritable feu d'artifice
Encore un mot...
- Philippe Caubère est un phénomène et son "Ferdinand" est le témoin passionné et passionnant de la farce de sa vie ; au propre et au figuré, Ferdinand se met à poil en taillant un costume à ses contemporains dont il se moque dans un délire corrosif mais plein de tendresse. Caubère est unique, cet "Adieu Ferdinand", synthèse de son roman théâtral autobiographique, est impayable. Mais sa vulgarité, pardon sa trivialité, peut lasser.
Une phrase
Ferdinand : "C'est pas vrai ! Des sacs de plage. Des maillots de bain. D'abord comme ça. Et puis comme ci. De plus en plus petits. Oh là là ! Je sens qu'on s'approche, là. On n'en a pas encore vu d'à poil, mais ça ne saurait tarder. Oh non ! Je veux pas voir ça. On aurait jamais dû venir dans un endroit pareil !"
L'auteur
Philippe Caubère, à presque 70 ans, est un auteur prolifique et aussi un acteur de cinéma et de théâtre aux innombrables interprétations et mises en scène ; après deux premières années au théâtre d'Aix en Provence, il rejoint le Théâtre du Soleil d'Ariane Mnouchkine. Pendant 7 ans, Caubère sera un des piliers du fameux théâtre de la Cartoucherie ; il montera "1789", "1793", "l'Age d'Or", il jouera un excellent "Molière" puis un" Don Juan" remarqué. Il descendra ensuite au festival d'Avignon créant son "Lorenzaccio" puis montant "Les trois sœurs" de Tchékhov ; à partir de 1982, parallèlement à la mise en scène de ses spectacles (un par jour!),
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