Kevin

De la sociologie comme un des beaux arts
De
Arnaud Hoedt, Jérôme Piron
Mise en scène
Arnaud Hoedt, Jérôme Piron, Antoine Defoort, Clément Thirion
Avec
Arnaud Hoedt, Jérôme Piron, Kevin Matagne
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre du Rond Point
2bis, avenue Franklin D. Roosevelt
75008
Paris
01 44 95 98 21
Jusqu’au 11 mai 2024. Du lundi au vendredi, 19h30 - Samedi, 18h30 - Dimanche 15h 30 Relâche : les 28 et 29 avril et les 1er, 7, 8 et 9 mai
2024-2025 en préparation

Thème

  • Ce spectacle documentaire – ou conférence gesticulée ? – met au jour les racines sociologiques, mais aussi structurelles, cognitives ou pédagogiques (comprendre ce que les élèves ne comprennent pas, ce qui freine leur capacité d’abstraction) de l’échec de l’école française (et accessoirement belge), cette école censée accueillir « tous les enfants. »

  • A partir de l’impossibilité de Kevin à orienter une carte de géographie, les auteurs-comédiens se posent une question « naïvement nécessaire » : qu’est-ce que Kevin ne comprend pas ? Ils interrogent ainsi les présupposés qui habitent l’entreprise éducative française. • Comme dans toute conférence gesticulée qui se respecte, ils témoignent de leur expérience d’enseignants, de leur incapacité à voir et à comprendre les blocages de l’institution et convoquent un grand nombre de travaux sociologiques éclairants et passionnants qui, de la sociologie des prénoms, aux inégalités d’apprentissage, en passant par les banlieues et l’évaluation, arpentent le paysage accidenté de la reproduction et de la fabrique de l’échec scolaire. 

  • Soutenue par un programme informatique ludique, l’interaction avec le public et sa mise au travail fait du spectacle un moment d’apprentissage et de jeu tout à fait réjouissant.

Points forts

  • C’est savant, remarquablement construit et convaincant et, en plus, très drôle. Impossible de ne pas se sentir vaguement coupable d’avoir versé parfois dans la critique commune des « élèves sots » sans interroger ou même apercevoir l’ensemble des biais sociaux qui organisent la réussite et l’échec scolaire ? 

  • En effet, depuis l’existence d’un programme invisible (ce dont l’élève a besoin pour réussir mais que le prof ne lui enseigne pas), jusqu’à la validation d’un système compétitif, que de choses impropres à la progression des plus fragiles ! 

  • Qu’on soit prof ou pas, cette démonstration subtile et vive, cette invitation à résister au « marché scolaire », concerne tout le monde.

Quelques réserves

  • Quelques inévitables baisse de rythme à un ou deux moments.

Encore un mot...

  • On avait déjà entendu et retenu la pertinente leçon d’Arnaud Hoedt et de Jérôme Piron au sujet des caractères arbitraires et socialement discriminant de l’orthographe dans la Convivialité ou la Faute de l’orthographe, spectacle fondé sur une connaissance fine des travaux de linguistes. 

  • Il s’agit cette fois d’interroger le modèle pédagogique français mis en place à partir du XVIe siècle, consolidé au XIXe, et supposé assurer depuis les années 1980 « l’égalité des chances. »

Une phrase

  • Quand on a demandé aux scientifiques "à quoi sert l'école ?", ils nous ont tous répondu un truc différent. Mais quand on leur a demandé "à qui sert l'école ?", ils étaient tous d'accord : "l'égalité des chances en France, ça n'a pas du tout marché".

  • La socio ça pique et parfois les moyennes ça pique…

L'auteur

  • Arnaud Hoedt et Jérôme Piron, tous deux anciens enseignants dans le même établissement secondaire pendant plus de 15 ans, ont créé en 2016 le spectacle La Convivialité ou La Faute de l’orthographe, produit en France, en Suisse ou au Québec, qui a rencontré un grand succès depuis sa création et approche des 400 représentations. On en trouve un extrait sur Internet grâce à l'élaboration d'un TEDx.

  • Créée en 2015, la compagnie Chantal et Bernadette cherche à “poétiser“ la transmission, à transformer le langage technique et scientifique et parfois jargonnant en geste artistique afin de transformer la vulgarisation. 

  • Arnaud Hoedt et Jérôme Piron ont aussi présenté des chroniques de linguistique sur France Inter en 2019 et publié en 2020 Le français n’existe pas aux éditions Le Robert et le tract Gallimard Le français va très bien merci, vendu à plus de 40000 exemplaires.

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