Justice

Questions d'une grande actualité
De
Samantha Marcowic
Mise en scène
Salomé Lelouch
Avec
Naidra Ayadi, Camille Chamoux, Camille Cottin, Samantha Marcowic, Fatima N’Doye, Océane Rosemarie
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

55, rue de Clichy
75009
Paris
0144538888
Jusqu'au 31 mars: Du mardi au samedi à 21h; Dimanche à 15h

Thème

La Justice : vaste sujet, mais remarquablement synthétisé ici, dans la focale de la comparution immédiate. Trois comédiennes se partagent tous les personnages, hommes ou femmes, prévenus ou procureurs, juges, avocats, voire policiers. Ces multiples cas, plus ou moins dramatiques, dont parfois l’absurdité peut prêter à sourire, nous aident à prendre le pouls d’une société malade, la nôtre.

Points forts

1- Salomé Lelouch, très inspirée, met en scène, avec fougue, intelligence, rigueur et sensibilité, ses comédiennes, dans des décors astucieux, mus par ces dernières, entourées d’éléments fixes symboliquement très forts qui bénéficient de belles lumières. 

2- Les trois comédiennes sont  au début face au public, devant le rideau de fer. Ensemble, dans une sorte de chœur,  elles deviennent cette « Sabrina », la victime d’une agression violente et traumatisante. Cette violence fut subie par l’auteur elle-même, qui a mené son enquête interne, durant toute une année, pour tenter de comprendre, en analysant ce qui se passait dans les locaux judiciaires. Les trois comédiennes, chacune avec sa personnalité, son ardeur, sa douleur, dénoncent combien cette violence subie les a déstabilisées. Leur agresseur est nommé : Mohamed Ali. On le reverra maintes fois au long du spectacle.

3- Parmi de nombreux moments forts, j’aimerais citer Camille Cottin, remarquable de dignité et de sensibilité lorsqu’elle incarne cette mère nourricière, dont on a arraché les jumeaux qu’elle avait soignés avec amour et tendresse durant sept années. La mère qui les a récupérés veut qu’elle soit punie pour avoir tenté de les revoir. 

C’est Samantha Markowic qui incarne plusieurs fois le jeune récidiviste Mohamed Ali évoqué en préambule. A la fin, face à sa détresse, alors qu’il en a vraiment trop fait, on en arrive à être touchés par tant de détresse humaine. 

La séquence de la « vieille petite fille » errant nue dans la rue avant d’insulter la police est aussi un joli et cruel moment d’humanité.

Quelques réserves

 Je n’en ai pas trouvé.

Encore un mot...

La force de ce spectacle est de nous faire prendre une conscience, certes rapide, mais effective et sensible, d’un problème grave. Les comédiennes sont épatantes. La puissance du théâtre, qui rend possible de vivre ce que l’on voit, s’avère judicieuse pour notre réflexion citoyenne. On se prend à rêver d’un Etat capable de donner de vrais moyens à la police, à la Justice et aux gardiens de prison. On se prend à rêver d’une Education Nationale qui enseigne l’essentiel. « Ouvrez une Ecole et fermez une prison », comme est cité dans la pièce, ce mot attribué à Victor Hugo.

Une phrase

« - Procureur : (…) Très bien, je synthétise pour le tribunal: si vous avez frappé la première victime, ça n’était pas pour lui arracher son téléphone mais « parce que vous jugiez que son attitude envers vous le méritait » ?

- Mohamed Ali : Voilà, mais j’ai fait inconsciemment, j’ai pas voulu taper pour de vrai.

- Procureur : N’en rajoutez pas trop sur le caractère inconscient, vous avez quand même choisi consciemment la gifle plutôt que le coup de poing.

- Mohamed Ali : Ouais…

- Procureur : Donc, c’est quand même consciemment ?

- Mohamed Ali : Ouais, c’est vrai, j’ai giflé, j’ai vu la fille devant moi, j’ai giflé, mais ça aurait été un mec je lui aurais mis un coup de boule. »

L'auteur

Samantha Markovic, est comédienne. Après avoir passé cinq années à jouer sur les scènes nationales, elle suit une formation au Théâtre du Rond-Point avec Marcel Maréchal puis interprète à la fois Shakespeare et du théâtre contemporain. Elle tourne pour la télévision, est engagée dans de multiples pièces et participe au festival d’Avignon. En 2013 elle joue au Ciné 13 et découvre le Festival des Mises en Capsules. En 2014 elle propose un texte sur son expérience personnelle de comparution immédiate. Après les attentats de 2015, elle a fait, tout un travail avec des lycéens de Meaux sur l’engagement des jeunes résistants, dans un dialogue entre les deux générations : « Et moi, qu’est-ce que j’aurais fait en 1942 ? », spectacle qui a suscité un véritable intérêt. 

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