Ithaque
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Thème
Pénélope est à Ithaque et attend le retour d’Ulysse. En son absence le pays est mal géré er les intrigants courtisent Pénélope pour prendre le pouvoir.
Ulysse est dans une ile où il vit depuis sept ans sous le charme de Calypso. Il voudrait rentrer à Ithaque et retrouver Pénélope. Il lui faudrait pour cela renoncer à l’envoûtante Calypso.
Ce thème c’est celui d’Homère.
Il arrive qu’on le perçoive au cours de la pièce, des pièces faut-il dire… Car il y en a trois… sur deux scènes différentes (« un espace bi-frontal ») : la première se déroule à Ithaque pour une moitié des spectateurs et, simultanément, dans l’île de Calypso pour l’autre moitié, la scène étant coupée en deux par un rideau quasi opaque. La seconde, après la migration croisée de tous les spectateurs, inverse les lieux et les scènes. Pour la troisième pièce les rideaux disparaissent et la scène devient le lieu unique, encadrée de spectateurs.
Cela vous semble compliqué ? Attendez la suite…
A Ithaque, il y a sur scène simultanément 3 Pénélopes – trois incarnations différentes – d’une même Pénélope. En face d’elles trois prétendants rivalisent pour les séduire ou les contraindre.
Dans l’île de Calypso, il y a symétriquement trois Ulysses – trois incarnations différentes – d’un même Ulysse. En face d’eux, Calypso est, elle aussi, incarnée par trois actrices.
Cela vous semble compliqué ? Ce n’est pas fini…
Comme il n’y a que 6 acteurs… Les trois Pénélopes sont aussi les trois Calypso et les trois Ulysse sont évidemment les trois prétendants au lit et au trône de Pénélope.
Si vous cherchez une clef… sachez que, de part et d’autre du rideau, on est plutôt déprimé, fatigué des fêtes passées et que, dans une lassitude lascive, on déplore n’ayant plus d’alcool de devoir se saouler à la «flotte » en grignotant quelques chips ou cacahuètes (que l’on propose avec une grande régularité aux spectateurs… pour bien leur faire comprendre que toute barrière est définitivement abolie entre le théâtre et la réalité...).
Accessoirement, les Pénélopes/Calypso s’expriment souvent en portugais, pour introduire la difficulté d’être du migrant et, entre deux échanges désabusés, on évoque la corruption et la dictature.
Le final s’achève en naufrage, l’eau monte et atteint les spectateurs des premiers rangs. Tristes jeux aquatiques ou se noient d’ultimes pulsions de sexe, de violence et de mort magnifiées par les vidéos que tournent entre eux les comédiens. Image d’une méditerranée contemporaine.
Points forts
- Les acteurs : quelle générosité, quel engagement au service d’un texte absent et d’une mise en scène complexe. Par leur empathie et la justesse de leur jeu, les trois actrices surtout, font naître une étrange sympathie.
- L’idée d’une double scène, recto verso rappelle « Cuisine et Dépendances ». C’est intrigant, efficace et techniquement bien conçu.
- La fusion théâtre/vidéo. Une incontestable réussite rendue possible par la juxtaposition des deux scènes et des rideaux écrans qui les séparent.
Quelques réserves
Le texte.
Encore un mot...
Tant de talents, tant de moyens, tant d’idées qui tombent à l’eau.
Homère, reviens, ils sont devenus…
Une phrase
« Il n’y a pas d’alcool mais on peut bien se saouler à l’eau, non ? »
L'auteur
Née à Rio de Janeiro, Christiane Jatahy est à la fois auteur, metteuse en scène et cinéaste. Sa démarche consiste à confronter divers genres artistiques. Au théâtre, elle explore, dans un grand nombre de pièces, les frontières entre réalité et fiction, acteur et personnage, théâtre et cinéma.
Une de ses pièces les plus connues, ‘Julia’, une adaptation de Mademoiselle Julie de Strinberg, où se mêlent théâtre et cinéma est actuellement en tournée. En 2017, elle crée pour la Comédie Française ‘La Règle du jeu’, adaptation navrante du film de Jean Renoir.
Elle est artiste-associée à l’Odéon et au Centquatre.
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