Inconnu à cette adresse

L’amitié est-elle soluble dans le nazisme ?
De
Kressman Taylor
Durée : 1 heure
Mise en scène
Jérémie Lippmann
Avec
Jean-Pierre Darroussin et Stéphane Guillon
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre Antoine
14, bd de Strasbourg
75010
Paris
01.42.08.77.71
Du 3 octobre au 29 décembre 2024, du mercredi au dimanche à 19h

Thème

  • Deux associés d’une galerie d’art de San Francisco - l’allemand Martin Schulse et le juif américain Max Eisenstein - liés par une solide amitié, échangent des lettres entre 1932 et 1934, lorsque la famille allemande de Martin retourne vivre à Munich après de longues années passées aux Etats-Unis. 

  • L’échange épistolaire vire à l’incompréhension puis à la rupture fracassante sur fond d’arrivée au pouvoir des nazis. 

  • Le célèbre de texte de Kathrine Kressman Taylor, publié en 1938 et maintes fois adapté au théâtre, depuis 2001, revient dans une nouvelle mise en scène. 

Points forts

  • Une mise en scène soignée et esthétique, qui emprunte plusieurs niveaux, très évocatrice de l’atmosphère de part et d’autre de l’Atlantique, portée par un duo de comédiens au timbre très juste.

  • Une histoire poignante et édifiante à la fois, sans excès de moralisme.

  • Une tension dramatique qui s’installe progressivement, jusqu’au point culminant d’un dénouement doublement tragique.

Quelques réserves

  • Les noms allemands, mal prononcés, produisent une sorte d’effet d’invraisemblance qui pouvait être évités.

Encore un mot...

  • Le caractère fanatique de l’idéologie nazie fait céder toutes les digues, celles de l’intelligence, de l’amour, comme celles de l’amitié. 

  • Au-delà de l’intérêt historique évident de l’œuvre, l’intrigue interroge les ressorts de la fragilité de liens qui semblaient inaltérables entre individus, dans le contexte d’une époque qui bouleverse radicalement les sociétés, produisant des dévoiements en cascade ainsi que l’inversion des normes et des comportements, et ne laissant finalement d’autre choix que celui d’un retour de la civilisation à la vengeance archaïque. 

  • Une fois sa fortune faite dans le commerce spéculatif des œuvres d’art, Martin Schulse cède, au nom des siens, aux sirènes de l’ascension sociale promise aux élites aryennes par les nazis, quitte à renier ses affections les plus authentiques.

Une phrase

• Martin (à Max) : 
- « Franchement, Max, je crois qu’à nombre d’égards, Hitler est bon pour l’Allemagne, mais je n’en suis pas sûr ; […] il possède une force que seul peut avoir un grand orateur doublé d’un fanatique. Mais je m’interroge : est-il complètement sain d'esprit ? »
- « L’homme [Hitler] électrise littéralement les foules. »
- « L’histoire s’écrira sur une page blanche et propre. »
- « On a trouvé un guide. »

L'auteur

  • Née à Portland, dans l’Oregon, Kathrine Kressmann Taylor (1903-1996), ou simplement Kressmann Taylor, est une écrivaine américaine d'origine allemande. 

  • Après l’obtention d’un diplôme de littérature et de journalisme de l’Université d'Oregon, en 1924, elle emménage à San Francisco où elle devient correctrice et rédactrice dans la publicité. Elle commence à écrire pendant son temps libre, et elle a publié à l’occasion dans divers petits magazines littéraires.

  • Mariée, avec trois enfants, la famille déménage à New York en 1938 où elle écrit Inconnu à cette adresse (Address Unknown, 1938). Story magazine publie la nouvelle sous le pseudonyme masculin de Kressmann Taylor, qu’elle utilisa ensuite jusqu’à la fin de sa vie.

  • Le Reader's Digest, puis Simon & Schuster publient le texte sous forme de livre en 1939, vendu à 50 000 exemplaires, mais interdit dans l’Allemagne nazie. 

  • En 1944, Columbia Pictures en produit une adaptation cinématographique, réalisée par William C. Menzies avec Paul Lukas dans le rôle de Martin. Le scénario, écrit par Herbert Dalmas, est également attribué à Kressmann Taylor. 

  • À partir de 1947, Kathrine Taylor commence à enseigner les sciences humaines, le journalisme et l’écriture à l’université de Gettysburg, en Pennsylvanie. Elle y devient la première femme à posséder le statut de professeure titulaire.

  •  En 1995, alors qu’elle a 92 ans, Story press réédite Inconnu à cette adresse pour fêter le 50ème anniversaire de la libération des camps de concentration nazis. La nouvelle sera traduite en vingt langues.

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