Ici Nougaro

Un quart d’heure de Nougaro … Et puis c’est tout !

Charif Ghattas

Durée : 1h15

Mise en scène

Charif Ghattas et Grégory Montel

Avec

Grégory Montel avec Lionel Suarez à l’accordéon

Notre recommandation

2/5

Infos & réservation

Théâtre de l’Atelier

1 place Charles Dullin

75018

Paris

01 46 06 49 24

http://www.theatre-atelier.com

Du 8mars au 23 avril, du mercredi au samedi à 19h, le dimanche à 15h

Thème

Mathias se voit et se vit en Nougaro. Il raconte sa passion artistique contrariée : amoureux quitté et transi pour son ex, acteur délaissé et incompris reprochant à son agent de ne pas lui obtenir le rôle dans un biopic sur le chanteur toulousain, poursuivi par les huissiers qui veulent le dépouiller, et finissant par ironiser sur le sens de la vie … Le tout saupoudré par quelques références nougarisantes …
Et au milieu du spectacle un pot-pourri de quelques une des plus fameuses chansons de Claude Nougaro.

Points forts

Ce pot-pourri justement permet à Grégory Montiel de nous faire apprécier la qualité de son interprétation, en reprenant de courts extraits des succès du chanteur disparu. Il s’y révèle épatant - entre interprétation et imitation - et l’on mesure toute l’admiration qu’il voue à son modèle.
Il est magnifiquement bien accompagné par Lionel Suarez, qui porte également le spectacle avec son accordéon. Tantôt discret, tantôt exubérant, il apporte une couleur musicale tour à tour gaie ou enjouée.
Grégory Montel - et ce n’est pas une surprise pour ceux qui l’ont découvert dans Dix pour cent - ..est un excellent comédien. Il donne consistance et humanité à son personnage, malgré un texte qui suscite nos réserves…

Quelques réserves

… Car c’est là que se situe le décalage par rapport à la promesse d’un spectacle qui s’appelle Ici Nougaro, et prétend nous livrer une évocation passionnée du « Petit taureau » : la promesse n’est pas tenue.
Mathias soliloque sur son dépit de ne pas être reconnu comme le sosie de Nougaro, et nous raconte ses tourments, son aigreur et son mal être. Mais de Nougaro, pas grand-chose, si ce n’est quelque déhanchements suggestifs et quelques bouts de phrases « à la manière de ». Malgré la qualité de l’interprétation et de l’accordéoniste, on reste sur notre faim.
Le texte est non seulement hors sujet, mais n’a pas la qualité nécessaire pour nous faire oublier qu’il l’est...

Encore un mot...

On ne saurait se contenter de si peu sur Claude Nougaro, dans un spectacle qu’il traverse comme une ombre.
Pourtant il y aurait tant et plus à dire sur celui qui fut un parolier inspiré et un musicien qui popularisa dans la chanson française de nombreuses musiques venues d’ailleurs.

Une phrase

« Dès l'aérogare
J'ai senti le choc
Un souffle barbare
Un remous hard-rock
Dès l'aérogare
J'ai changé d'époque
Come on, ça démarre
Sur les starting-blocks

Gare, gare, gare
Là c'est du mastoc
C'est pas du Ronsard
C'est de l'amerloque
Sera-ce la bagarre ?
OK, j'suis ad hoc !
J'aurai l'gros cigare
En or, les pare-chocs. »

(Nougayork)

L'auteur

Charif Ghattas est auteur, mais aussi metteur en scène, scénariste et comédien. Il a signé depuis 2000, une douzaine de pièces, toutes jouées en France et au Liban.
Depuis 2012, il écrit également des pièces radiophoniques diffusées sur Radio France. Au cinéma, il a tourné notamment avec Terrence Malik ou Park-Chan-Wook.

Retour à la page d'accueil

Commentaires

Bonjour , je lis votre « critique » qui n’en est finalement pas une puisque vous n’êtes finalement pas venu voir le spectacle que vous souhaitiez voir :) (un biopic sur Nougaro). Ni moi ni la presse, ni le dossier de presse ne vous a promis un tel parti pris. Il s’agit d’une fiction autour d’un sosie de Nougaro. L’occasion aussi de parler de ces artistes invisibles, oubliés, qui ne vivent que de peu. Et non pas d’un Biopic sur Nougaro. Ce que nous n’avions absolument pas envie de faire… je vous remercie cependant de votre intérêt, de votre retour et d’être venu! Très Respectueusement, gregory montel

Cher Grégory Montel, merci pour votre commentaire extrêmement élégant.
Vous avez raison d'insister sur la genèse de votre entreprise commune avec Charif Ghattas : ce n'est pas un spectacle sur Claude Nougaro, mais sur un acteur fan de Nougaro, "un sosie qui souhaiterait l'incarner". J'attendais probablement trop de l'évocation de Nougaro - que le titre semblait promettre - et pas assez de l'histoire que vous incarnez magnifiquement.
Cela n'enlève rien aux grandes qualités du spectacle, ni à ses défauts, d'où la sévérité de cette chronique. Ceci étant précisé, je laisse aux spectateurs la liberté de se faire leur propre opinion. Et j'espère vous revoir très prochainement au théâtre car vous êtes un comédien inspiré.

Je reviens à l’instant de Cornebarrieu, je viens de voir Ici Nougaro. J’ai beaucoup aimé.
Ce n’est pas un biopic, c’est l’histoire d’un homme dont la vie s’écroule et qui vivote en tant qu’artiste en imitant Nougaro.
Ce n’est pas l’imitation que l’on vient voir, c’est comment, quand tout s’effondre, il reste en soi assez de poésie, d’espoir, de foi pour continuer. Et cette force, le comédien l’a trouvé dans l’œuvre de Nougaro.
Ça m’a ému car Nougaro raisonne en moi depuis mon adolescence et je suis animé par les mêmes ressorts que Mathias avec les mêmes références.
Sur scène avec les Repetto aux pieds et le même collier en or, petit masque africain, les intonations, les doutes, Claude était là ou pas très loin.

La performance d’acteur est indiscutable . Le mimétisme du maître qui a posé sa pâte , son calque, sur son disciple est magnifique. Ce qui peut provoquer la frustration de pas en avoir d’avantage tant c’est talentueux. Certes les mots mis dans la bouche de cet acteur sosie n’ont pas la richesse de Nougaro mais totalement l’esprit et la respiration de l’instant présent. Surtout, tous ceux qui sont « fans » d’un artiste reconnaîtront à quel point ceci peut nous habiter , être présent au plus profond de notre vie, en permanence , au point d’y faire germer non seulement des émotions mais une création personnelle qui n’aurait pas été sans cette rencontre. Ce passage , cette transmission, d’un artiste à un autre ou au public, cette rencontre qui change notre vie , c’est le cœur de la pièce qui est son aspect le plus touchant. Gregory MONTEL ne joue pas , il est habité par l’homme et l’œuvre . L’accompagnement de Lionel SUAREZ , virtuose et maîtrisé , souligne magnifiquement cette présence nougaresque, ce tic tac permanent entre son œuvre et nos vies. Bravo et merci.