Huis clos
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Thème
- L’action se situe en enfer, où se retrouvent trois personnages, introduits par le garçon d’étage :
- Garcin, un journaliste-publiciste, un Don Juan cynique ;
- Inès, une ancienne employée des postes, homosexuelle - - Estelle, une jeune mondaine
- Ils prennent conscience qu’ils sont ici pour l’éternité.
- Nous apprenons pourquoi ils sont là, quels actes ils ont commis et qui ils sont vraiment.
- S’ils sont d’abord surpris de l’absence de tout instrument de torture, ils vont découvrir que la reconnaissance de leurs actes est la véritable torture qu’ils endureront pour toujours en enfer.
Points forts
- 80 ans après avoir été écrit, le texte de Sartre conserve toute sa modernité et sa pertinence et continue à nous surprendre. L’existentialisme, puisque c’est ce courant philosophique que la pièce illustre, met en scène l’homme tel qu’il est. Même s’il n’y a pas d’intrigue, le texte n’est jamais pontifiant ou abstrait, qui parvient au contraire à nous donner une compréhension facilitée de l’existentialisme tel que Sartre l’a réfléchi et théorisé.
- La pièce est portée par une mise en scène dépouillée et un décor réduit au strict minimum – une porte d’entrée et trois canapés – pour mieux mettre en avant la puissance du texte et les personnages qui s’affrontent.
- Les personnages se parlent comme on le ferait dans la vie, et l’on se met progressivement à leur place ; le processus d’identification s’enclenche lorsque les personnages avouent leurs fautes, racontent ce qu’ils ont fait et nous questionnent sur notre propre rapport à la vérité et aux autres.
- Les quatre comédiens jouent les salauds avec jubilation. Le parti pris du metteur en scène Jean-Louis Benoit d’un « spectacle réaliste, tout nu » comme il le dit lui-même les place au centre du jeu. En se détestant, s’empoignant, cherchant à s’embrasser puis se repoussant sans cesse, ils font de cette œuvre qui pourrait être pesamment didactique un affrontement charnel et particulièrement incarné.
Quelques réserves
Aucune réserve.
Encore un mot...
Écrite en 1943 et jouée pour la première fois au théâtre du Vieux Colombier (au cœur du Saint-Germain-des-Prés cher à l’auteur) en pleine période de collaboration, la pièce fut l’objet de critiques d’une rare violence. Qualifiée « d’ordure portant atteinte à l’ordre moral », elle connut pourtant un énorme succès.
Une phrase
Ou plutôt un commentaire de Jean-Paul Sartre : « J’ai voulu dire : “l’enfer, c’est les autres“. Mais “l’enfer c’est les autres“ a toujours été mal compris. On a cru que je voulais dire par là que nos rapports avec les autres étaient toujours empoisonnés, que c’étaient toujours des rapports infernaux. Or, c’est autre chose que je veux dire. Je veux dire que si les rapports avec autrui sont tordus, viciés, alors l’autre ne peut être que l’enfer. Pourquoi ? Parce que les autres sont au fond ce qu’il y a de plus important en nous-mêmes pour notre propre connaissance de nous-mêmes. (…) Quoique je dise sur moi, toujours les sentiments d’autrui entre dedans. Ce qui veut dire que, si mes rapports sont mauvais, je me mets dans la totale dépendance d’autrui. Et alors en effet je suis en enfer. »
L'auteur
• Jean-Paul Sartre est philosophe, écrivain, dramaturge, critique littéraire et essayiste. Il est, au même titre qu’Albert Camus (qui devait initialement mettre en scène la pièce et jouer le rôle de Garcin) le symbole de l’écrivain engagé de la seconde moitié du XXème siècle.
• Dès son premier roman, La nausée, se dessine la philosophie qui va l’accompagner tout au long de sa vie, l’existentialisme, parfaitement illustrée au théâtre par Huis clos.
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