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Thème
Dans une petite cour extérieure faiblement ensoleillée, cernée de hauts murs, deux hommes étranges bavardent, avant de laisser leurs chaises à deux femmes bizarres. Un cinquième personnage, tout aussi saugrenu, les rejoint. Qui sont ces hommes et qui sont ces femmes ? Où sont-ils ? Et que recherchent-ils exactement…
Points forts
1) Il faut relire plusieurs fois l’affiche avant de croire ce qui est écrit en toutes lettres : une pièce anglaise qui réunit une actrice venue du cinéma, une star du one man show, un des grands noms du théâtre public et une comédienne révélée par la télévision. Bravo au metteur en scène Gérard Desarthe d’avoir fait appel à des personnalités si diverses et réussi à les fondre en une troupe si homogène.
2) Tous sont vraiment excellents. Ils ne se contentent pas de jouer leurs personnages, ils les habitent entièrement. C’est pour cela qu’on écoute avec tant d’intérêt leurs échanges, leurs dialogues qui pourtant sont bien ténus ! Tous s’adonnent à ce que les anglo-saxons appellent le small talk, c’est-à-dire la conversation légère. Mais derrière les phrases se cachent des êtres humains en souffrance qui tentent de fracturer leur solitude. Ici, les mots ne sont que l’écume d’âmes abandonnées.
3) La pièce a été écrite dans les années 70. Comment ne pas penser au théâtre de Harold Pinter, d’Eugène Ionesco ou de Samuel Beckett ? David Storey est leur petit frère, ou peut-être n’a-t-il cherché qu’à signer un pastiche - réussi. D’ailleurs sans rien changer au très bon décor de Delphine Brouard, on pourrait jouer ensuite Fin de Partie. Il y a même les poubelles !
4) La pièce est bien construite. Au fur et à mesure que le dialogue progresse, on comprend de plus en plus qui sont ces personnages étranges et où ils vivent. Et sous la vacuité de leurs répliques, l’émotion perce et nous saisit tout à coup.
Quelques réserves
Même si le spectacle n’est pas présenté ainsi dans les médias, il est à craindre que certains spectateurs, venus uniquement sur les noms de Carole Bouquet ou de Pierre Palmade, ou de Valérie Karsenti, soient déconcertés et même déçus. Ce qui expliquerait la réaction de certains qui quittent bruyamment la représentation en cours.
Encore un mot...
Home est une jolie pièce que l’on pourrait rapprocher du théâtre de l’absurde mais qui en déroutera certains. Pour atteindre pleinement son but, elle exige des interprètes de très haut niveau. L’excellente troupe, réunie par Gérard Desarthe au Théâtre de l'Oeuvre, en livre l’essence même.
Une phrase
Jack, interprété par Pierre Palmade :
- « Je me souviens d’un voisin, il est mort un matin en tombant dans les escaliers. Chose incroyable, c’est que le lendemain il devait déménager pour une maison de plain-pied. »
L'auteur
Le Britannique David Storey est né dans le Yorkshire en 1933. Avant de devenir écrivain, il a suivi des études d’art et atteint un haut niveau en tant que joueur de rugby. Ce sport lui a inspiré notamment une pièce de théâtre, Le Vestiaire, écrite pour vingt-deux comédiens, et un roman, Ma vie sportive, adapté au cinéma sous le titre Le Prix d’un homme, avec Richard Harris. Au début des années 70, sa pièce Home a été créée à Londres par John Gielgud et Ralph Richardson, et à Paris par Michael Lonsdale et Gérard Depardieu, dans une adaptation de Marguerite Duras.
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