The Hole
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Thème
Créé en septembre 2011 à Madrid, The Hole (Le Trou) est un spectacle de cabaret extravagant, une sorte de grosse salade espagnole où sont mélangés des ingrédients très différents, du stand-up, des sketches, des numéros de cirque, de la musique, des chansons…, le tout arrosé d’une sauce très épicée, sexy et irrévérencieuse. C’est l’Espagne loin de son flamenco et de ses castagnettes (encore que…), dans le sillage de la Movida, ce grand mouvement inventif et insolent, né au lendemain de la dictature franquiste. The Hole est aujourd’hui à Paris et c’est un événement.
Points forts
1) La soirée ne ressemble à rien, le dépaysement est total. On passe d’une surprise à l’autre, d’une émotion à une autre, tantôt sucrée, tantôt salée (souvent salée). La musique occupe une place importante, avec notamment les polyphonies des Majordomes et la voix si maîtrisée de Julio Bellido, à croquer dans sa grosse robe, rouge comme une fraise trempée dans du gazpacho. On rit beaucoup aussi.
2) Les numéros de cirque sont tout simplement époustouflants. On n’en croit pas ses yeux. Que ce soit les Supernenas ou Super Gold, des acrobates dotés de muscles inconnus qui semblent flotter dans l’air, Dilya sorte de Marilyn Monroe bien potelée, échappée d’un film de Fellini, souple comme une poupée de mousse sur son trapèze circulaire, ou Jimmy Gonzalez qui jongle avec de l’argile, potier qui aurait plus d’un tour dans son sac…, tous sont vraiment admirables.
3) La scène accueille un univers baroque qui concourt au voyage. Les costumes du styliste français Nicolas Vaudelet, ancien collaborateur de Jean-Paul Gaultier, touchent au burlesque, les lumières sont colorées comme des bonbons, et le décor délicieusement kitsch, digne d’une boîte de nuit des années 80, avec sa grosse bouche pulpeuse de carton-pâte, entrouverte sur un trou (The hole ?). Quant au climat général, il est plus que coquin : librement sexy, gaillardement égrillard. Laissez au vestiaire votre goût pour le bon goût et rajeunissez vos vieux principes, semblent nous dire tous les artistes. Le sexe aussi, cela peut être très rigolo.
Quelques réserves
1) Certaines parties de stand-up paraissent un peu longues. Mais j’ai assisté à la première représentation parisienne et donc à la première du maître de cérémonie joué par Guillaume Carcaud. Il est vraiment très drôle, d’une présence indéniable et il devrait trouver le bon rythme au fil des représentations.
2) Le spectacle se donne avec un entracte et on se demande bien pourquoi. Toute l’énergie et toute la magie que les artistes s’évertuent à imposer dans la première partie retombent brutalement, comme un soufflé, pendant ces vingt minutes qui en paraissent le triple. La soirée gagnerait à être servie d’une traite.
3) De nombreuses scènes sont jouées en prenant à partie le public du parterre, assis à des petites tables, en le taquinant, en l’impliquant dans des situations embarrassantes. C’est très drôle mais au balcon, une partie du public a du mal à voir ce qui se passe au rez-de-chaussée...
Encore un mot...
Hemingway disait de Paris qu’il est une fête. Hélas ces derniers temps, ce n’est plus vrai. La capitale panse ses plaies et semble avancer à tâtons dans la nuit noire de la Sûreté générale. Pourtant en ce début d’année morose, des lumières clignotent au Casino de Paris. Poussez la porte de ce cabaret d’un genre nouveau, entrez et laissez-vous embarquer : vous serez ailleurs.
Une phrase
Le maître de cérémonie à la fin du spectacle :
« La vie est une fête, et il faut la boire. »
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