HAMLET, à part
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Thème
La solitude ; certes c'est le principe du « Singulis ». Ici, Loïc Corbery nous invite à une sorte de « rêverie d'un acteur solitaire », dans un soliloque où se mêlent de nombreux personnages qu'il a incarnés. Un montage intelligent certes, comme s'il montrait les livres secrets de sa table de chevet ; mais en l'occurrence, il s'agit de vieux disques vinyles qu'il manipule souvent et dont les musiques modernes rythment aussi ses danses. Je ne citerai pas les auteurs qu'il utilise, mais ils sont divers et nombreux. Hamlet n'a, en définitive, qu'une « part » assez modeste.
Points forts
1 – C'est intelligent, comme LoÏc Corbery, brillant acteur, metteur en scène et sociétaire du Français doit l'être. Sa solitude est peuplée par les spectateurs avec lesquels il joue. Je me suis surprise, à la demande d'Hamlet, à lancer le célèbre « Juro !». On comprend très vite ce jeu, car c'en est un. Un peu cérébral mais amusant : « De qui est-ce donc ? » ou encore « Mais je connais... » Il nous entraîne selon sa fantaisie, avec des distorsions de langage et de ralentis où sa bouche s'étire parfois comme un masque.
2 – Plus intéressante, la phrase de Sarah Bernhardt qu'il cite en substance : « Je puis dire que j'ai eu la chance rare et je crois unique de jouer trois Hamlet : le noir Hamlet de Shakespeare, l'Hamlet blanc de Rostand, l'Aiglon, et l'Hamlet florentin d'Alfred de Musset, Lorenzaccio. »
3 - Il n'y a eu qu'un moment où j'ai été vraiment touchée au cœur, c'est quand il a prononcé la célèbre phrase de Perdican dans « On ne badine pas avec l'amour » de Musset : " ...Le monde est un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fanges..." La coupure vient vite, mais l'émotion est là ; et, il passe à autre chose.
Quelques réserves
Beaucoup de virtuosité, Loïc Corbery pétille d'intelligence et virevolte avec souplesse entre tous ces textes qu'il nous livre en pâture.
Le seul point faible de ce spectacle brillant : il manque un peu de cœur.
Encore un mot...
Une belle idée, un titre qui déroute un peu et ne correspond pas vraiment à ce que l'on pourrait en attendre. Mais, un kaléidoscope de textes foisonnant dont le superbe « Mon père », que Loïc Corbery lance à maintes reprises, me laissant espérer Victor Hugo ; or, c'est bien lui qui surgit : « Mon père, ce héros au sourire si doux... ».
Je tiens personnellement à ajouter que j'ai préféré, ô combien, son unique participation, le lendemain au Vieux-Colombier, à la journée particulière, dirigée artistiquement par Didier Sandre, où Loïc Corbery incarne avec fougue et ardeur un Jean-Louis Barrault à la fois crédible et touchant dans l'épopée fantastique de la création du « Soulier de Satin » de Paul Claudel, à la Comédie-Française, en pleine occupation allemande.
L'auteur
Loïc Corbery nous livre une liste non exhaustive de ces derniers : Philippe Avron, Charles Baudelaire, Ingmar Bergman, Sarah Bernhardt, Philippe Caubère, Marc Citti, Victor Hugo, Ismaïl Kadaré, Maurice Maeterlinck, Molière, Heiner Muller, Alfred de Musset, William Shakespeare, Jean Vilar, Voltaire, Stefan Zweig ( dans l'ordre alphabétique)
Commentaires
Tout à fait d’accord avec ce commentaire
Au vieux colombier Loïc corbrery m’a impressionnée et intéressée
Là je suis restée en dehors de tout ce fatras de textes
Nous avons vu les deux spectacle et sommes totalement en accord avec l'analyse intelligente et fine de Danielle
mais pourquoi diable a t il appelé ceci Hamlet
Mais pourquoi diable a t il coupé si prestement la tirade de Perdican
Bravo pour son Jean Louis Barrault
merci d'avoir mis des mots sur notre ressenti
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