Hairspray

Pas loin de valoir "Grease" ou "La Fièvre du samedi soir"
De
Thomas Meehan, Marc O'Donnell, Marc Shaiman
Adaptation de Stéphane Laporte
Mise en scène
Ned Grujic
Avec
Bart Aerts, Arnaud Allain, Laure Balon, Stan Believe, Thierry Bilisko, Guillaume Bouchède, Matthieu Brugot, Cerise Calixte, Karim Camara, Julie Costanza, Simon Gallant, Bastien Jacquemart, Tiffanie Jamesse, Malika R. Johany, Lola Jubault,
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Les Folies Bergères
32 rue Richer
75009
Paris
0892681650
Les 24 mars, 5, 7, 12, 13 et 14 avril à 20h les dimanches 25 mars, 8 et 15 avril à 16h

Thème

Nous sommes dans les années soixante, en plein rêve américain, période dans laquelle chacun est persuadé que tout est possible : "quand on veut, on peut". A Baltimore, une jeune ado veut se faire engager comme danseuse lors d'auditions à la télévision malgré un manque évident de physique de l'emploi : elle est petite et surtout bien boulotte. Elle se heurte alors à une Amérique raciste envers "les noirs et les gros" et foncièrement intolérante. 

Ce concours de Miss Hairspray sert en fait de toile de fond aux problèmes de société du moment et notre jeune entêtée va utiliser la musique et la danse pour manifester sa rebellion et véhiculer les valeurs importantes à ses yeux, quitte à se retrouver en prison, la "maison de poupées", pour avoir apporté son soutien aux noirs. C'est l'histoire de son combat et de son succès.

Points forts

- Le spectacle va crescendo, d'une première partie très bien, qui place l'action et les personnages, à une reprise épatante après l'entracte pour aboutir à un final formidable, tant par la danse que par les chants et l'immense gaieté chorale qui se dégage de cette jeune troupe

- Les années soixante sont remarquablement retranscrites : la mode, cols pelle à tarte, les costumes cintrés aux couleurs improbables, les coiffures choucroute, puis les danses, le twist comme le madison ; on se retrouve plongé dans les années yéyé avec Salut les copains et Sheila et ses couettes. Les costumes rappellent la série "Mad Men". C'est furieusement ringard !

- Outre la chorégraphie excellente, elle aussi bien d'époque, cette troupe est dotée de comédiens "à voix" puissantes et bien posées, superbes

- La mère de l'héroïne est inénarrable, avec ses conseils à la noix : "méfies-toi des crooners...". Elle a le chic de la formule, évoquant sa "corpulence à géométrie variable" et se lamentant d'être "un yaourt oublié au fond du frigo : sa date de péremption est dépassée"

- Mention spéciale à la mise en scène lors de la séance dans la prison ; les comédiens jouent avec les barreaux de très élégante manière et ces barreaux stylisés sont une jolie trouvaille

Quelques réserves

C'est trop bien, limite un peu court !

Encore un mot...

Cette comédie musicale est un bain de bon humeur, de gaieté. On rit beaucoup grâce au texte d'un humour décapant et aux réflexions saugrenues des uns et des autres : "Va Duracell, tape sur ton tambour"... Le père de Darcy parlant de son épouse, véritable armoire normande en bigoudis, dit d'elle qu'elle est "son immobilier haut de gamme". L'ensemble rappelle les comédies musicales à succès de ces années soixante, "Grease", "La fièvre du samedi soir" et piqûre de rappel à "West Side Story" en permutant les "chicanos" et les noirs. Tout est réussi dans ce spectacle, le scenario, la chorégraphie, la musique, la troupe talentueuse, le script. Bravo.

L'auteur

John Waters (né le 22 avril 1946 à Baltimore) a toujours été provocateur et attiré par le "trash". Ces premiers pamphlets "Pink Flamingo" et "Female trouble" lui valent quelques soucis avec la justice mais le font entrer dans la mouvance du film underground avec un statut de cinéaste culte. "Hairspray" le fera sortir d'un public confidentiel vers une audience beaucoup plus large. 

John Waters contribue à faire connaître Johnny Deep avec "Cry baby" et fait tourner Kathleen Turner dans "Serial mother". En général, ses films font la part belle aux femmes fortes, aux formes généreuses. 

Ces films comme ses livres dénotent d'un humour noir et décalé. 

Enfin, tous ses films se situent à Baltimore, sa ville, où il fait l'apologie des excès : tous les gens sont obèses : "normal, c'est la capitale de la mayonnaise". Il décrit avec minutie la classe moyenne et celle d'en dessous : "on excelle dans tout ce qui est minable". Mais avec un humour salvateur. 

Il reste tout de même un auteur à part dans le cinéma américain.

Adapté du film de John Waters, la comédie musicale a déjà reçu 8 Tony awards aux Etats-Unis.

Commentaires

Gilbert
ven 30/03/2018 - 14:36

Sans oublier le merveilleux orchestre!!! Quel plaisir d'entendre de vrais musiciens sur un spectacle, quelle qualité, c'est non seulement irréprochable mais splendide!

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