Guérisseur
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Thème
Cet homme, le guérisseur, dont les états de service sont à tout le moins aléatoires, traverse l'Irlande reculée, de petits pubs en petits pubs, avec son épouse et son impresario, chassant les petits coups de mou avec de grandes rasades de whisky, irlandais, ça va de soi. Lorsqu'il réussit à guérir un estropié, nous frisons le miracle tant pour le malade que pour celui qui guérit, la méthode étant à ce point incertaine.
Et nous avons là trois versions totalement différentes des mêmes moments traversés, mêmes drames comme mêmes succès, à travers le prisme des desiderata de chacun.
Points forts
- Le formidable Xavier Gallais dont nous écoutons religieusement même les silences, et sa façon de tordre le cou à la réalité lorsque celle-ci lui déplaît
- La sensibilité de Bérangère Gallot, avec ses grands yeux clairs et son caractère bipolaire qui nous fait passer d'un grand enthousiasme à une profonde dépression avec toujours la volonté de se relever
- La mise en scène est épatante : cette façon de jouer avec de simples chaises, assez moches d'ailleurs, de manière à nous situer soit devant des spectateurs, soit autour d'une table de pub irlandais ou encore de les balancer tout azimuth comme exutoire à la colère du guérisseur: c'est malin...
- Par moments, faire délibérément parler les comédiens en tournant le dos aux spectateurs, c'est assez rare...
- C'est la première fois que j'entends parler d'une femme qui elle, a un don indéniable : elle parle le pigeon...
Quelques réserves
Nenni...
Encore un mot...
Créée par Laurent Terzieff en 1986, cette pièce n'a jamais été rejouée depuis. Le théâtre du Lucernaire, dont le simple nom est un label de qualité, nous propose aujourd'hui ce spectacle et il est remarquable de constater à quel point, lorsque l'on refuse de voir la réalité en face parce qu'elle dresse de nous un portrait peu reluisant, on en arrive à une distorsion qui conforte le personnage, certes mais qui n'a plus rien à voir avec la vérité du quotidien. Et ce récit à trois voix, donnant des versions si différentes de trois solitudes qui vivent pourtant côte à côte est à la fois touchant et fascinant.
L'auteur
Brian Friel (1929, Irlande du Nord) excellemment traduit ici par Alain Delahaye, est un grand dramaturge, surnommé dans son pays le "Tchekhov irlandais".
Il écrit "The Francophile" joué en 1960 puis part faire un long séjour aux Etats-Unis qui lui inspirera en 1964 " Philadelphie here I come". Laurent Terzieff le découvre avec une autre pièce, "Faith Healer" dont il interprétera l'adaptation avec Pascale de Boysson. Toutes ses oeuvres remportent des prix, dont "Molly Sweeney" joué par Luchini et Caroline Sihol et pour laquelle Laurent Terzieff signera la mise en scène.
Après de multiples succès sur les scènes internationales, il s'éteint à 86 ans alors que débutaient au Théâtre de l'Atelier les représentations de sa pièce "Danser à la Lughnasa".
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