Freud et la femme de ménage
Quand le guide est perdu…
De
Leonardo de la Fuente
Mise en scène
Alain Sachs
Avec
François Berléand et Nassima Benchicou
Notre recommandation
3/5
Infos & réservation
Théâtre Montparnasse
31, rue de la Gaité
75014
Paris
01 43 22 77 74
Jusqu’au 7 avril. Tous les jours sauf le lundi. Le dimanche à 15h30. Du mardi au samedi 21 h.
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Thème
- En 1923, quelque part à Rome, dans un splendide hôtel, le Professeur Sigmund Freud tente - pour la première fois depuis bien longtemps - de faire une grasse matinée.
- Il est sur le point d’y parvenir quand Marie, une jeune et espiègle femme de ménage, s’introduit dans sa suite, faisant mine d’ignorer que l’illustre client de la chambre avait donné des consignes pour ne pas être dérangé…
- Les masques étant vite tombés, Marie a bien des choses à demander à celui qu’elle considère depuis sa plus tendre enfance comme le plus grand des… « hypnotiseurs » !
- Mais il se trouve qu’au lieu de l’éconduire, le célèbre docteur, profondément affecté par des décès récents de ses proches, s’intéresse contre toute attente à cette jeune femme candide, pleine de vie et de franchise.
Points forts
- François Berléand est impeccable dans le rôle de Sigmund Freud, qu’il investit sans trop en faire, et qu’il nous montre tour à tour surpris, agacé, amusé, professoral, puis bienveillant…. Il parvient avec talent à laisser apparaître très progressivement les failles béantes qui travaillent Freud à ce moment de son existence.
- Pour attendu qu’il soit, le bon vieux principe de l’inversion des rôles est assez comiquement et adroitement mené, et fournit une énergie certaine à la pièce.
- Cette dynamique est renforcée par une grande mobilité des comédiens, grâce à Nassima Benchicou et à la mise en scène d’Alain Sachs. Le jeu qui s’engage entre les protagoniste échappe à la fixité de ce qui constitue un huis-clos.
- L’intrigue, qui fait la part belle à la prémonition, est solidement et astucieusement troussée.
Quelques réserves
- Il y a dans cette pièce, qui exploite les ressorts du duo de contraires, des aspects schématiques un peu trop prononcés et répétitifs, notamment dans la manière dont la femme de ménage prend au pied de la lettre les termes utilisés par Freud, ou encore confond sens propre et sens figuré, à quoi s’ajoutent des quiproquos un peu téléphonés.
- On n’échappe pas non plus - puisque l’action se situe dans l’Italie des débuts du fascisme - à une scène tout à fait prévisible de violence de rue des escouades fascistes. Elle n’ajoute pas grand chose au propos de la pièce, si ce n’est d’accabler l’impuissance du Professeur et de sa science face à la violence brute des nervis mussoliniens… Effectivement, n’est pas Marc Bloch qui veut, et l’on ne saurait reprocher à l’illustre professeur septuagénaire, affecté par son cancer de la mâchoire, de ne pas aller faire le coup de poing contre les squadristes, ni du reste contre les nazis autrichiens qui allaient se manifester une dizaine d’années plus tard et le pousser à l’exil...
Encore un mot...
- Cette pièce saisit intelligemment Freud à un moment-clé de sa vie et de son parcours :
- - l’homme, déjà atteint du mal qui l’emportera seize ans plus tard, a perdu l’une de ses filles et son petit-fils préféré ;
- - ces divers événements ne sont pas sans rapport avec l’évolution de la théorie freudienne de la première (conscient / préconscient / inconscient) à la seconde (moi / surmoi / ça) de ses topiques, ni avec la mise en avant du rôle fondamental de la « pulsion de mort », qui prend le dessus sur un « principe de plaisir » jusque là tout puissant.
Une phrase
- Marie : « Il écrit des livres, le grand hypnotiseur ? Vous travaillez dans quel cirque ? »
- Freud :
- « L’amour n’est-il qu’un piège pour nous infliger de telles souffrances ? »
- « Vous vous rendez compte du temps qu’on gagnerait à ne pas naître ? »
L'auteur
- Leonardo de la Fuente s’est fait connaître comme producteur délégué et producteur de cinéma pour Regarde-moi en face, La double vie de Véronique, mais aussi Brute, Femme fatale, L’extrême limite.
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