Françoise Sagan – Chroniques (1954 – 2003)
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Thème
• Entre 1954, année de la parution de Bonjour Tristesse et 2003, un an avant sa mort, Françoise Sagan écrit et publie beaucoup. Des livres principalement mais aussi des articles, sur tous les sujets, pour Elle ou L’Express. Elle chronique des films, part en reportage, témoigne, s’engage.
• Le spectacle est un florilège de ces chroniques, extraits d’articles ou de romans. Sagan parle de tout avec une modernité telle que ces chroniques donnent l’impression d’avoir été écrites hier, comme ce « coup de cœur pour les infirmières » publié dans L’Express en 1991 pour défendre leur statut , et qui témoigne d’une empathie et d’une ouverture étonnantes sur le monde qui l’entoure.
• Dans un décor de cabaret, entre un barman et un pianiste, les comédiens nous offrent un dialogue littéraire intime et enflammé.
Points forts
- La langue est encore vive, acérée, percutante. Des phrases courtes, des formules justes, des pointes d’humour, une évidente complicité avec les personnages mais aussi avec le lecteur : toute la « petite musique » de Sagan est là. Se mêlent la joie et la tristesse, la fragilité des liens amoureux, la vie facile teintée de sensualité, de cynisme et d’indifférence. Il faut l’entendre ici pour ne plus jamais lui reprocher d’être une écrivaine frivole et désenchantée.
- Ces textes alimentent le mythe né de son premier roman, qui défraya la chronique en son temps. Mais en même temps, les écrits s’en éloignent dans une sorte de mouvement pendulaire qui montre une Sagan s’intéressant à la société dans laquelle elle vit, n’hésitant pas à questionner son époque (la Shoah, la guerre d’Algérie), commenter l’actualité (une hilarante description de son voyage à Cuba chez Fidel Castro) ou la vie culturelle (ses chroniques de films). Elle se livre également sans fausse pudeur et en toute franchise sur ses rapports au théâtre, sur ses succès comme ses échecs.
- Trois acteurs portent tour à tour la parole de Françoise Sagan. Ils se l’approprient totalement et l’ingèrent comme une nourriture spirituelle pour la transformer en témoignage – en hommage à la romancière disparue. La mise en scène est dynamique et place les comédiens dans les meilleures dispositions pour exprimer leurs talents.
Quelques réserves
- Pour avoir vu le spectacle alors qu’il n’en était qu’à ses premières représentations, il est normal que quelques ajustements soient encore nécessaire pour mériter nos 4 cœurs. En le débarrassant de tout ce qui n’est pas « Sagan » (ces enchaînements inutiles qui au lieu d’alléger l’ensemble l’encombrent d’un quart d’heure superflu), le spectacle mettrait encore mieux en avant la parole de Sagan et la magnifique interprétation qui lui donne voix.
Encore un mot...
• Pierre Desproges a écrit de Marguerite Duras qu’elle n’avait pas écrit que des conneries, elle en avait aussi filmées. Il aurait pu dire de Françoise Sagan qu’elle n’avait pas écrit que des romans, mais s’était également emparée de toutes les formes d’écriture jusqu’à la chanson.
• L’humoriste fit de son interview un piège, une séquence culte de la télévision française, sans que l’on ait jamais su si Sagan en fut la victime ou la complice ! Du reste elle adorait Desproges, avouant acheter le journal L’Aurore, uniquement pour lire sa rubrique, ce qui évita à l’humoriste d’être licencié par un directeur qui lui, ne prisait guère son humour.
Une phrase
Son épitaphe, rédigée dès 1998 :
« Sagan, Françoise. Fit son apparition en 1954, avec un mince roman, Bonjour tristesse, qui fut un scandale mondial. Sa disparition, après une vie et une œuvre également agréables et bâclées, ne fut un scandale que pour elle-même. »
L'auteur
• Françoise Sagan est un mythe qui donne à voir d’elle une version tronquée, limitée à quelques clichés – certes véridiques – mais réducteurs. Certes elle aimait à la fois rouler vite, boire du whisky, vivre la nuit, et elle bâtit sa légende sur ces images. Mais cette apparente désinvolture cachait un œil attentif et des blessures secrètes cachées sous un ton enjoué.
• Ce spectacle nous présente Françoise Sagan telle qu’elle était : une femme profondément libre et c’est ainsi qu’elle s’exprime ici. Il suffit de quelques lignes pour convoquer la beauté, la fièvre ou la cruauté du monde, le charme d’un paysage, d’une musique ou d’un visage.
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