Folie baroque
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Thème
- Il faut imaginer le télescopage de plusieurs lieux et époques de la période moderne : entre Naples et Venise, la jeune et ravissante Claudine découvre le chant des castrats, en vogue dans la Péninsule au XVIIe siècle.
- Claudine décide d’importer en France un « incommodé », le talentueux castrat napolitain Vivaldino, et d’en faire cadeau à son amant Pierre de la Noue, un jeune et fringant magistrat issu de la noblesse de robe.
- La première rencontre ne se passe pas franchement bien, car Pierre s’indigne, au nom des Lumières, du sort fait à ces enfants, sacrifiés sur l’autel du Bel canto.
- Grâce à son chant, Vivaldino parviendra-t-il à ne plus faire entendre raison à Pierre ? Le jeune robin saura-t-il saisir sa chance, et échapper à la carrière juridique qui s’abat comme une fatalité sur les épaules des aînés de sa famille de magistrats ?
Points forts
- Une fois que l’on admet le dialogue entre deux siècles bien distinctes au travers de personnages considérés comme contemporains (mais après tout, l’existence de Farinelli, le plus célèbre de tous les castrats, court sur le XVIIIe siècle tout entier), la pièce aborde des cas de conscience - posés par Pierre - assez délicats : l’absence de choix de sa destinée, le chant comme “don de Dieu“ ou malédiction, la mise en danger au prix d’une belle voix, le prix à payer pour la notoriété.
- D’autres aspects, présents dans Folie baroque, ne sont pas non plus dépourvus d’intérêt, ainsi les luttes de pouvoir et d’influences entre des institutions culturelles de l’époque, telle la salle des Tuileries, à l’avant-garde des musiques du temps, et l’Académie royale, bien plus classique et arc-boutée sur une musique de cour déjà dépassée.
Quelques réserves
- Une fois posés, les arguments sont traités un peu superficiellement. L’intrigue est somme toute assez prévisible et la mise en scène, certes contrainte par un espace limité, sans relief particulier.
- Surtout, l’économie générale de cette Folie baroque fait alterner des scènes dialoguées et des morceaux interprétés par l’étrange Vivaldino ; or le soprano semblait – du moins ce soir-là – assez peu en voix, et dans le cas d’une pièce qui repose largement sur sa performance, la moindre défaillance dans ce domaine, et c’est le soupçon redoutable de la pièce de patronage qui menace la réputation de l’ensemble.
Encore un mot...
Cet honnête divertissement transpose à l’époque moderne la question de l’accueil des différences et du prix à payer par ceux qui étaient considérés et adulés en leur temps comme de véritables pop stars avant l’heure.
Une phrase
Claudine : « Toute perfection n’a-t-elle pas en elle sa part de noirceur ? »
L'auteur
• Sabine Roy s’est fait une spécialité, déjà éprouvée dans Fortunino ou les démons de Verdi (2018), d’écrire des pièces centrées sur la musique et l’histoire, notamment italiennes.
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