Fin de partie
Le meilleur de Beckett, illuminé par deux comédiens exceptionnels
De
Samuel Beckett
Durée : 2h
Mise en scène
Jacques Osinski
Avec
Denis Lavant (Clop), Frédéric Leidgens (Hamm), Claudine Delvaux (Nell), Peter Bonke (Nagg)
Notre recommandation
4/5
Infos & réservation
Théâtre de l’Atelier
Place Charles Dullin
75018
Paris
01 46 06 49 24
Du 5 juin au 14 juillet, du mercredi au samedi à 20h, le dimanche à 16h
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Thème
- La pièce est difficile à résumer, car le fil narratif est ténu, l’univers multiple et le texte exigeant. Hamm vit dans une maison au bord de la mer (ou est-ce un bateau ?) avec son fils Clov, (qui pourrait aussi être son domestique ?) et ses deux parents (Nell et Nagg), qui ont pris place dans deux poubelles.
- Hamm, aveugle et cloué dans un fauteuil roulant, est tyrannique et craint que Clop ne le quitte. Celui-ci, boiteux, bouge sans arrêt et parle de partir sans jamais mettre ses menaces à exécution. Quant aux parents dans leurs poubelles, ils sont réduits à un rôle de comparse en fin de vie.
- Entre Hamm et Clopp se déroule une étrange conversation, bouffonne et métaphysique, qui explore les liens d’amour et de haine liant les membres de cette famille, mais évoque aussi le sens de la vie.
Points forts
- Le texte est parfois obscur, parfois drôle, parfois vertigineux ; on touche sans cesse aux limites du dialogue comme mode de communication : les histoires qu’on se raconte définissent les relations entre ces personnages surprenants et la réalité absurde dans laquelle ils semblent se débattre sans espoir de délivrance.
- L’interprétation de Denis Lavant est exceptionnelle : habitué des textes de Beckett, habité par son univers unique et particulier, il incarne un personnage “keatonien“ qui vaut autant par sa gestuelle et son exceptionnelle façon d’occuper l’espace que par sa parfaite maîtrise de l’équilibre textuel “beckettien“. Et que dire de Frédéric Leigdens, dont les variations vocales sot magistrales ? Immobile tout au long de la pièce, il apporte une densité bouleversante à son personnage. Ensemble ils forment l’un des plus beaux et des plus justes duos qu’il m’ait été donné de voir.
- Enfin, la mise en scène de Jacques Osinski prouve sa totale appropriation de l’univers de l’auteur. « Tant qu’il reste de lui des choses que je ne comprends pas, qui me sont obscures, étrangères, je crois que je peux le mettre en scène » dit-il. Fin de partie donne l’impression qu’il touche au but.
Quelques réserves
- Pas de réserve, si ce n’est la volonté de rentrer dans cet univers, d’accepter de s’y perdre, un peu comme une bouteille jetée à la mer.
Encore un mot...
- Fin de partie est la quatrième collaboration entre Jacques Osinski et Denis Lavant. Après Cap au pire en 2017, La dernière bande en 2019 et L’image en 2021, ils poursuivent une collaboration qui trouve ici son apogée.
Une phrase
- Hamm : « Fini … c’est fini … ça va finir … ça va peut-être finir … »
- Hamm : « Peut-il y avoir misère plus haute que la mienne ? Sans doute autrefois, mais aujourd’hui … mon père, ma mère, mon chien … Tout est absolu ... Plus on est grand et plus on est plein et plus on est vide … »
- Clop : « Je te quitte
- Hamm : Ca avance … »
L'auteur
- Samuel Beckett est né en 1906 à Dublin, et mort à Paris en 1989.
- Ecrivain (Molloy, Malone meurt, L’innommable …) et poète, c’est pour son œuvre théâtrale qu’il est le plus connu, avec des pièces comme En attendant Godot, qui est l’un des sommets du théâtre de l’absurde. Fin de partie était sa pièce préférée.
- Son oeuvre, austère et minimaliste reflète un profond pessimisme face à la condition humaine.
- Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1969 pour « son œuvre, qui à travers un renouvellement des formes du roman et du théâtre, prend son élévation dans la destitution de l’homme moderne ».
Commentaires
Absurde, long, ennuyeux, jeu pénible du domestique (on ne comprends pas que c'est son fils) qui abuse des déplacements d'escabeau...en opposition avec l'immobilisme de son maître j'ai attendu cette fin de partie avec impatience.
Dialogues insensés et totalement absurdes qui peuvent êtres drôles, mais qui malheureusement ne le sont pas, a cause des directives dictatoriales de l'auteur.
On pourrait facilement raboter 30 à 45 minutes à la pièce.
C’est un peu fort de reprocher à Beckett la dimension absurde de son travail ! Autant reprocher à Marivaux de ne s’intéresser qu’aux apparences ou à Molière de n’écrire que sur les ridicules!
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