Fausse Note
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Thème
Genève 1988, le chef d’orchestre du Philarmonique de Suisse romande, Hans Peter Miller, regagne sa loge furieux après un concert qu’il juge raté. Il reçoit bien malgré lui, un visiteur qui se révèle vite envahissant. Léon Dinkel se présente comme un grand admirateur, venu de Belgique pour applaudir le maître, mais IL agit d’une manière de plus en plus intrusive et inquiétante. Il le menace, l’enferme, insiste pour passer une audition évidemment lamentable et dévoile finalement son jeu en lui remettant un objet qui les ramène l’un et l’autre à un passé commun (« un moment qui nous lie tous les deux » dit Léon Dinkel) et douloureux. Alors la comédie se mue en drame.
Points forts
- Ce face à face qui se transforme en duel est rythmé et astucieusement et rigoureusement mis en scène.
- Un décor minimaliste et une mise en lumière subtile suffisent à suggérer l’espace confiné d’une loge transformée en une sorte de salle d’interrogatoire étouffante.
- Une interprétation est de qualité.
Quelques réserves
- Pour associer le suspense et la gravité d’un sujet pareil il faudrait un texte plus dense, qui ne s’embarrasserait pas autant des impératifs d’un dialogue “vérité” et jouerait plus subtilement avec un existentialisme qui ne saurait se réduire à cet affrontement dans lequel le trivial submerge le tragique.
- Quelques fioritures de la mise en scène un peu emphatiques : ainsi de cette scène finale où les deux adversaires jouent face à face d’un violon imaginaire.
Encore un mot...
Sans être neuf le sujet traité par ce huis-clos est d’importance et grave. Ce « combat des fils » rappelle qu'on est toujours le fils ou la fille de quelqu'un, d'un juif ou d'un nazi et, en ces temps d'interrogation sur la responsabilité pénale des mineurs, l’évocation de ces jeunes gens soumis à d’impossibles injonctions, suscite un écho émouvant. Au-delà, c’est bien de responsabilité, de la liberté de désobéir, de l’impérieuse nécessité de choisir, de la possibilité de l’oubli mais aussi des limites de la justice et du besoin de vengeance, de la rédemption et du pardon dont il est question, toutes ces questions fondamentales autour desquelles se cristallisent les conduites humaines dans les situations paroxystiques de crises et de conflit.
Certes être libre c’est agir pour modifier la figure du monde, disait Sartre, et c’est l’usage de sa liberté qui permet la pleine réalisation de l’humanité dans l’homme, mais précisément Didier Caron n’est pas Sartre et ce face à face ponctué de rebondissements sans surprises reste donc un peu démonstratif et didactique.
Une phrase
-” Il n’y a qu’une seule peur qu’il est bon d’avoir c’est celle du ridicule.
- Ôtez ce peignoir, Mozart ne souffre pas qu’on le joue en sortie de bain.
- Dieu a les mains couvertes de sang et de cendres.
-Vous avez remis de la douleur sur la douleur”.
L'auteur
Comédien, auteur et metteur en scène, Daniel Caron a dirigé le Théâtre Michel, dans le 8ème arrondissement pendant 10 ans avant de se consacrer plus exclusivement à l’écriture et à la mise en scène. Au total il a écrit près de 15 pièces, souvent des adaptations de films, mais c’est” un vrai bonheur” qui lui vaut la consécration populaire, comédie de mariage et de remariage, qu'il adapte au cinéma en 2005, lui donnant une suite quelques années plus tard. Fausse note, d’abord interprétée par Christophe Malavoy et Tom Novembre, a été jouée depuis 2017 dans toute l’Europe de l’est et rencontre un succès constant.
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