Faire danser les Alligators sur la flute de pan

De
Louis Ferdinand Celine
Adapté par Emile Brami
Mise en scène
Ivan Morane
Avec
Denis Lavant
Recommandation

OUI, ALLEZ-Y, C'EST VRAIMENT EXCEPTIONNEL !

Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre de l’Oeuvre
55, rue de Clichy
75009
Paris
01 44 53 88 88
21H du Mardi au Samedi; et Dimanche à 15h

Thème

A partir de la dernière lettre que Céline adresse à son éditeur, Gaston Gallimard, qui n’a jamais été envoyée car écrite le jour de sa mort, on assiste à un passionnant flash back sur sa vie. Une peinture réaliste, sans concession, inspirée d’extraits de l’énorme et passionnante correspondance de l’écrivain, adaptés  par Emile Brami comme une pièce de théâtre dramatique.  Denis Lavant incarne sans détour Céline, avec toutes ses contradictions, ses prises de position,  ses choix, mais surtout sa fascination pour l’écriture, le rythme de sa prose.

Points forts


. Une scénographie parfaite,  volontairement sommaire et  parfaitement juste: un lit, un piano, une table, un broc, des feuillets suspendus à un fil $

Denis Lavant, prodigieux  interprète, est à 200% Céline, avec sa verve gueularde,  sa sensibilité à fleur de peau, son côté excessif, odieux, sa haine,

Un jeu de scène habité que l’on reçoit en pleine gueule. Tel un pantin désarticulé vociférant et criant ses quatre vérités à la face du monde, un incroyable cabotin. Tout cela campe l’homme : une prodigieuse partition.

On est pris, on l'écoute, comme si il nous parlait; il bouscule, tempête, entraîne. Le public est pris de court, sidéré par la modernité des textes. On passe  de la construction de la prose «  qui nous parle à l’oreille » à des prises de positons politiques ou des critiques au lance flamme sur les romanciers.

Mais l’alchimie de ces textes, dont le  phrasé opère à merveille, fait que l’ on entend vraiment sa fameuse « petite musique ».
C’est une symphonie émotive, où l’on  découvre un Céline musicien, ce qui met encore plus en valeur la musicalité de sa prose et dévoile une sensibilité peut être volontairement cachée.

Quelques réserves

Je n'en vois pas.

Encore un mot...

Il fallait oser cet énorme morceau de bravoure, mené tambour battant par Denis Lavant, Céline plus vrai que nature: une voix en colère qui sait se faire entendre et ne laisse personne indifférent. 

Une phrase

"La vérité ne me suffit plus. Il me faut une transposition de tout. Ce qui ne chante pas n’existe pas pour l’âme. Merde pour la réalité. Je veux mourir en musique, pas en prose."
Et, encore, cette autre: "Pas une syllabe au hasard. Je me sers du langage parlé, je le recompose pour mon besoin, mais je le force en un rythme de chanson,  je demeure en danse, je ne marche pas."

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