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Thème
Douze situations de la vie quotidienne pour dynamiter nos échanges les plus banals. Une odyssée féroce pour exister et s’extirper de la mascarade de la communication.
Aujourd’hui, l’on est sans cesse sollicité(e) pour donner son avis, exprimer son ressenti. Sous couvert de bienveillance, les violences de l’hypercommunication font de nous des pantins réduit à des pulsions.
Points forts
Le texte s’empare de situations banales et tente de les faire exploser dans un délire d’absurdité, de second degré ou de loufoquerie. Le texte est dense, cohérent, sans temps mort, mais il manque ce petit grain de folie qui ferait basculer une histoire dans une autre dimension.
La mise en scène de Gérard Chabanier est inventive : sur la scène de la petite salle, sans décor ni artifice, ce n’est pas évident. Intégrant le mime comme un élément textuel, il pousse superbement la complicité / rivalité des deux artistes.
La mise en scène est bien servie par la complémentarité et l’abattage des deux comédiens. Chacun dans leur rôle, comme dans un duo où ils seraient l’auguste et le clown, David Braun et Cyrille Andrieu-Lacu ne ménagent pas leur peine ni leurs efforts pour insuffler de la vie et de la folie au spectacle. Ça ne fonctionne pas toujours mais ils y croient tellement fort qu’on ne peut s’empêcher de les admirer.
Quelques réserves
Mais n’est pas Poiret / Serrault, Francis Blanche / Pierre Dac ou les Monty Python (il est vrai l’aristocratie textuelle en ce bas-monde) qui veut. On voit bien d’où vient l’inspiration et où l’auteur veut nous emmener, mais elle n’est pas toujours au rendez-vous.
Le texte porte une très forte ambition et vise les sommets, sur lesquels il se hisse parfois, mais peine à y demeurer.
Encore un mot...
- Ce spectacle a été écrit pendant les confinements. Pas étonnant que l’auteur ait cherché refuge dans les mots, les situations, les dialogues, les échanges. La forme en est donc souple et légère, et l’on pourrait parfaitement jouer ce spectacle en appartement (et d‘ailleurs ils l’ont fait !) ou dans tout autre lieu …
Une phrase
- Le recruteur : « On a besoin de quelqu’un qui se contente d’appliquer les consignes. Mais qui fasse preuve d’autonomie. Quelqu’un de responsable. Et d’un peu insolent. Rassurant. Mais pas “rassuriste“. Quelqu’un qui sache dire les choses. Quand il faut. Et sache se taire. Quand il ne faut pas. Ça vous parle ? »
L'auteur
David Braun a étudié le français pendant dix ans et il est diplômé de la FEMIS, option scénario. Lorsqu’en 2006, son scénario – Polichinelle - obtient le premier prix de Label de la Mison du Film Court, il se met en disponibilité de l’Education nationale.
D. Braun crée alors la compagnie Diva d’un Bar en 2015 pour porter ses textes à la scène, et promène ses activités de comédien, de clown et de metteur en scène dans de nombreux univers.
Commentaires
Merci Charles-Edouard Aubry pour votre article sur notre spectacle et pour la finesse de votre analyse. Je partage d'ailleurs votre ressenti. Pour les trois premières des 28 représentations programmées à la Folie Théâtre, mon acolyte Cyrille Andrieu-Lacu et moi avons bien conscience que notre jeu avait quelque chose de trop volontaire et que, du coup, le texte passait moins bien qu’il passe d’habitude. Mais depuis, nous avons retrouvé le lâcher-prise et la complicité contagieuse qu’exige un tel projet, et le public de la Folie Théâtre rit désormais du début à la fin.
Merci David Braun pour votre commentaire. C'est toujours précieux de pouvoir échanger, dans un climat bienveillant, avec les artistes sur les grandes qualités et les petits défauts propres à chaque spectacle.
Et bravo pour les améliorations que vous avez pu apporter à la pièce.
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