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Thème
Isabella vit seule avec son grand fils Michele, simple d'esprit, généreux et impulsif. ils vivent modestement, dans une relation fusionnelle, et leur vie est réglée méthodiquement, jusqu'au jour où apparaît la soeur de Michele, Sandra qui, après dix ans d'absence, perturbe les relations entre la mère et le fils. Elle vient annoncer son mariage auquel elle invite sa mère, mais pas son frère; pour elle, il est "anormal" et doit vivre dans une maison spécialisée, ce que refuse la mère.
La fille, dure et déterminée - ce qui apparaît dans la manière dont elle mène un entretien d'embauche avec Claudia - parvient à amener Michele dans une institution psychiatrique, où l'on retrouve Claudia comme éducatrice spécialisée. Mais la mère finit par le retrouver et obtient après trois mois qu'il lui sont rendu. ils reprennent leur petite vie bien réglée, jusqu'à l'anniversaire de Michele. Et, coup de théâtre, la soeur revient pour lui souhaiter son anniversaire, et ils se réconcilient autour des cadeaux, les mêmes Porsche en jouets, dans une étreinte finale.
La question posée est celle de la normalité, de ses limites et de la manière dont il convient de traiter ceux qui ne correspondent pas aux critères de cette normalité. La mère et la fille illustrent deux conceptions opposées qui les amènent à se déchirer.
Points forts
1) Le sujet posé sur la normalité, son bien-fondé, ses critères, et la manière de se comporter face à l'anormalité constitue un sujet passionnant.
2) Mais cette question philosophique et psychologique n'empêche pas l'intrigue de se dérouler et l'humour de se mêler au sérieux.
3) Fabio Marra interprète d'une manière remarquable le fils handicapé: il est émouvant et comique en même temps.
4) Catherine Arditi joue une mère complexe, autoritaire mais généreuse, heureuse et malheureuse à la fois, avec mille nuances d'une grande délicatesse. Son amour pour son fils est touchant tandis que l'incompréhension entre la mère et sa fille apporte un éclairage psychologique fin et passionnant.
5) Le personnage de Claudia apporte des moments rafraîchissants qui reposent d'une tension parfois très lourde.
6) Le décor est simple, mais il traduit bien l'atmosphère des différents lieux.
Quelques réserves
Ils sont bien peu nombreux, et je ne suis pas sûre qu'ils soient tout à fait objectifs:
1) Sonia Palau, l'actrice qui joue le personnage de Sandra, m'a semblé déroutante par son accent italien prononcé: c'est la seule dans ce cas, puisque Fabio Marra a perdu tout accent étranger.
2) De plus, elle semble exacerber par son jeu et ses intonations le côté dur du personnage. L'empathie est difficile, me semble-t-il.
Encore un mot...
C'est une pièce d'une grande finesse et d'une remarquable profondeur psychologique, sans jamais apporter l'ennui, mais souvent le sourire, toujours l'émotion.
Une phrase
Isabella: "C'est quoi, être normal? Qui décide de ce qui est normal et de ce qui ne l'est pas? Dis-le moi. Y a-t-il un registre où est écrit "ça, c'est normal, ça, ce n'est pas normal"?
L'auteur
Fabio Marra est italien, il est né à Naples en 1984. il débute au Théâtre Historique de Bellini à Naples, et il s'intéresse très vite à l'écriture. Il met en scène plusieurs pièces. En 2005, il s'installe à Paris et apprend le français tout en suivant des cours à l'Ecole internationale Jacques Lecoq. il fonde le Carrozzone Teatro en 2006 et il produit des textes dont il est l'auteur, le metteur en scène et le comédien.
Il crée son premier spectacle en France, "Teresina", en 2008, puis, entre autres, "La famille Brossart", "Dans les chaussures d'un autre", au Lucernaire, "Ensemble" en 2015, au festival d'Avignon, comme plusieurs de ses pièces précédentes. En 2016, il écrit "A tes souhaits", une pièce pour jeune public.
Commentaires
superbe
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