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Encore une journée divine
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Thème
Adaptation théâtrale du roman éponyme de Denis Michelis, ce seul en scène en huis clos fait progressivement apparaître une cartographie mentale de la folie chez un personnage évoluant dans d’autres dimensions psychiques.
Dans la chambre d’un hôpital que l’on devine psychiatrique, un homme répond aux questions du médecin et de l’infirmière dans des entretiens qui tiennent de la cure psychanalytique. Incité peu à peu à parler de son entourage familial et affectif, l’interné dévoile une intrigue concernant la mort de son frère qui relève de l’enquête policière.
Pour soigner ses patients de manière énergique et définitive, celui que l’on croit thérapeute et essayiste à succès est convaincu avoir trouvé la méthode directe pour changer le monde, en les incitant à agir plutôt qu’à se livrer à l’introspection sur le divan.
Pourtant s’insinue le doute sur son véritable rôle dans le drame familial et sa réelle personnalité…
Points forts
Un univers complètement fermé et anxiogène mais non dénué d’humour se construit sur la scène, dans une atmosphère lourde d’exaltation et de geignardise, uniquement exprimée par le jeu d’acteur.
Le scénario est porté par un comédien virtuose, François Cluzet, qui glisse imperceptiblement vers la folie dans ses propos, ses gestes et son attitude, de manière à démontrer la frontière étroite avec ce qui est considéré comme la “normalité“.
La complexité du propos et la nuance du jeu laissent une grande part à l’incertitude lorsque les faits qui semblent établis se retournent et s’inversent.
Le personnage, très convaincant, devient progressivement délirant si bien que plutôt qu’un seul récit, la pièce en propose plusieurs.
Quelques réserves
Aucune .
Encore un mot...
La guérison des patients en cure psychanalytique passe habituellement par de rigoureuses et nombreuses séances, dont il ne faut pas attendre de résultats tangibles immédiats. La méthode défendue par l’interné, auteur de l’ouvrage Changer le monde, tend à brûler les étapes en libérant les pulsions des patients, au risque de faire surgir la violence contenue dans leurs désirs plus ou moins inavoués.
A travers la description d’une pratique thérapeutique fort peu orthodoxe, il se trouve lui-même victime de sa manière du “droit-au-but“, au point que l’on se demande s’il n’a pas tué son frère parce qu’il convoitait sa belle-sœur...
Le tour de force de la pièce réside dans le fait que le spectateur lui-même est pris dans les méandres de la pensée maladive, dans ses hallucinations, délires et mensonges, sans pouvoir vraiment trier entre le vrai, le faux et l’invraisemblable.
Une phrase
« Noël.
Noël "en famille".
L'épreuve pour tout homme sain d'esprit ou non.
Chaque année je remarquais qu'à l'approche de cette date fatidique, mes patients devenaient plus agacés, plus électriques encore. »- « Au fond, ce n'est pas très compliqué avec les burn-out. Soit on change radicalement de vie, soit on choisit de mourir.
Tous ces discours du genre il faut prendre du recul, se recentrer sur soi, accepter l’échec, c'est de la gnognote.
Ou de la nuance, si vous voulez, mais là nuance n'a jamais sauvé personne. »
L'auteur
Né en Allemagne, en 1980, Denis Michelis est journaliste, écrivain, traducteur et scénariste. Il publie son premier roman La Chance que tu as en août 2014, tout en traduisant des auteurs allemands. Son deuxième roman, Le bon fils rencontre un écho important de la part de la critique et des libraires. Fils, sorti en 2016, est en lice pour le prix Médicis de l’année.
Encore une journée divine, paru à l’été 2021, a été adapté au théâtre.
Commentaires
Bravo, ce commentaire est très intelligent.
Dommage que dans ce théâtre on soit très très mal assis…
Jack Lawrence
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