Yongo Yély

Quand le cirque social est aussi politique
De
Kerfalla Camara
Mise en Cirque et Scénographie : Yann Ecauvre
Avec
Kadiatou Camara, Mamadama Camara, Yarie Camara, Sira Conde, Mariama Ciré Soumah, M’Mah Soumah, Djibril Coumbassa, Amara Tambassa, Mohamed Touré.
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

La Scala Paris
13, boulevard de Strasbourg
75010
Paris
Jusqu’au 23 février, du mardi au samedi à 21h, dimanche à 17h. Du 25 février au 2 mars : du mardi au samedi à 19 h, dimanche à 15h
8 mars : Scène de Baysan, Béziers
22 mars : DSN, scène nationale, Dieppe
25 mars : Centre culturel Jacques Prévert, Villeparisis
30 mars : Théâtre Le Reflet, Vevey (Suisse)
2 et 3 avril : Théâtre du Passage, Neuchâtel (Suisse)
5 et 6 avril : Points Communs, scène nationale de Cergy-Pontoise
8 avril : L’Avant Sine, Théâtre de Colombes
10 avril : Théâtre de Rungis
13 et 14 juin : Festspielhaus, St Polten (Autriche)
28 juin : Festival de Wilts (Luxembourg)
du 5 au 27 juillet : La Scala Provence, Avignon.

Thème

  • On est dans les rues de Conakry, où s’échangent entre poussière et parpaings, exclamations et chants, musique et danses, des propos sur la situation des femmes dans une société coutumière qui subit de plein fouet le choc d’une modernité parfois dévastatrice. 

  • Elles travaillent, elles assument presque seules la survie ou au moins la stabilité de la maisonnée et elles subissent l’excision, comme un incontournable rituel initiatique pratiqué au bois sacré. 

  • Mais la nouvelle génération se bat aussi courageusement, et c’est tout ceci que raconte le spectacle porté par six femmes et trois hommes. Acrobaties, voltige, mas chinois, barre russe, fouet, tous les instruments d’un cirque rudimentaire et sobre sont mis au service de ce récit du combat pour l’émancipation des femmes guinéennes et plus généralement africaines.

Points forts

  • On ne peut rester indifférent à l’engagement sans fard contre l’excision d’un spectacle qui donne la parole aux femmes et démonte presque tranquillement les rouages d’une pratique de domination qui se pâre des oripeaux de la tradition, mais affecte les hommes et en désole de plus en plus.

  • Il y a des moments de grâce pure, ainsi de l’ascension très lente et voluptueuse de cette acrobate qui marque une pause rêveuse au sommet de son mât, avant de redescendre en le faisant pencher, appuyé contre un autre mât. D’autres de joie légère, comme lorsqu’après une chute ou un léger raté à peine perceptible, l’acrobate recommence immédiatement en riant, comme emporté par le tourbillon de sa vitalité. Ludique : le jeu avec la guitare, celui avec le fouet.

  • Les danses et les chants sont merveilleux d’énergie, ils ont la beauté des combats qui ne peuvent être perdus et sont éclairés par une incoercible joie. Ainsi que la musique et les costumes, en particulier l’orangé des derniers tableaux qui luit comme la couleur de l’espoir.

Quelques réserves

  • La maîtrise acrobatique est moins aboutie, le rythme pas toujours garanti, le cadre narratif et scénographique moins bien tenu que dans Yé ! (l’eau), le précédent et fabuleux spectacle de Circus Baobab, qui évoquait une renaissance dans un monde en ruine.

Encore un mot...

  • Cette fois, c’est un autre collectif qui est sur scène avec un autre propos, tout aussi fort et urgent. Selon l’Unicef, plus de 230 millions de filles et de femmes ont subi l’excision dans le monde. En Egypte, en Somalie entre 85 % et 98 % de la population féminine s’est vue infliger une mutilation partielle ou totale. Et même si un peu partout en Afrique la tendance est à la baisse, même si 48 pays ont signé le protocole de Maputo qui garantit l’intégrité physique des femmes et la lutte contre les mutilations génitales féminines, les résistances demeurent. 

  • En effet, les parades ne manquent pas pour contourner la loi et les troubles politiques ne permettent pas toujours à la Cour de justice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest de traiter les plaintes. Dans certains pays, l’excision est de plus en plus précocement pratiquée, et la Guinée est le deuxième pays africain le plus excisé. Or, en Occident au moins, on en parle trop peu…

Une phrase

  • « J’avais cinq ans… »
    « On te dit : une femme c’est de la souffrance. »

L'auteur

  • Fondée en 1998, la compagnie Circus Baobab est un collectif d’artistes de cirque de Guinée et de la diaspora, mêlant les modes d’expressions traditionnels de l’ouest africain et le cirque contemporain. 

  • Avec ses créations et ses tournées et au-delà de ces manifestations publiques, la compagnie travaille à créer un cirque social, solidaire et citoyen, il propose des programmes d’accompagnement qui offre un avenir aux jeunes de la rue. 

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