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Les Collectionnistes
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Thème
Il y a des rencontres qui déterminent un destin. Pour le marchand de tableaux Paul Durand-Ruel, ce fut une entrevue avec Claude Monet en 1870 à Londres, où l’artiste, alors inconnu, s’était réfugié lors de la guerre franco-prussienne. De retour à Paris, Paul va découvrir un cortège de jeunes peintres : Renoir, Degas, Pissarro, tous fascinés par la lumière et le temps qui passe, mais aussi des artistes aux fortes convictions, qui proclament que ce qui compte, c’est la manière dont le peintre perçoit le sujet.
Voilà le grand mot lâché: une perception unique, une « Impression, soleil levant » un style nouveau… mais pour Paul, c’est aussi le début de ses tourments car si ce marchand d’ art accueille les artistes, les encourage, les protège, il achète leurs toiles qui ne se vendent pas et plonge son commerce au bord de la faillite. La consécration ne viendra que seize ans plus tard, en 1886, grâce au public américain, et à la faveur d’une grande exposition à New-York.
Dans l’ intervalle, en France, journalistes et critiques d’art raillent ces “barbouilleurs“ sur l’air du « regardez donc ce nu féminin à la peau toute croûteuse ! »....
Visionnaire mais incompris dans son propre foyer - « Mais qui pourrait être assez fou pour acheter cette tartouillade ? » s’exclame Jeanne, sa délicieuse épouse – et contre vents et marées, Paul reste déterminé à imposer cette nouvelle école: les « impressionnistes ». • Paul est un homme dévoré par sa passion, au point de faire chavirer son couple. Un homme seul aussi, car ces artistes n’en font qu'à leurs tête, et s’obstinent à monter leur propre salon d’exposition. Loin du Salon officiel ou du Salon des refusés, leur événement est un bide...
Points forts
Une mise en scène joyeuse, enlevée où l’on passe du clair- obscur à l’ essence même de l’ impressionnisme : l’irruption des couleurs et de la lumière.
Des comédiens excellents :
Christelle Reboul incarne avec brio Jeanne, l’épouse espiègle et aimante, et confère à ce personnage (imaginaire) une forme d’ ambivalence qui traduit le regard du public de l’ époque (stupeur, puis adhésion, familiarité enfin, face à ces artistes de la modernité) ;
Christophe de Mareuil campe un marchand d’ art qui a bel et bien existé, Paul Durand- Ruel, un homme courageux et ferme, tenace et doux ;
Frédéric Imberty est parfait en propriétaire de journal inculte et infatué ;
Victor Bourigault (Renoir) électrise la scène et nous rappelle que l’impressionnisme, c’est aussi la recherche de l’instable, de tout ce qui bouge, de tout ce qui est mouvement…
Quelques réserves
Aucune : on a envie ensuite de foncer au musée d’ Orsay.
Encore un mot...
François Barluet est également peintre, et cela se voit puisque, par petites touches, il nous livre une réflexion sur l’art qui contribue à aiguiser notre regard, à accepter de nous laisser interpeller par des œuvres qui nous dérangent ou nous choquent.
Pour monter ce spectacle centré autour des artistes de la modernité, l'auteur nous a confié qu’ il lui avait fallu seize ans : un parcours du combattant qui le rapproche de son personnage, puisque Paul Durand-Ruel avait lui-même dû attendre seize ans avant de voir la cote de ses acquisitions s’envoler…
Une phrase
Jeanne [devant une toile impressionniste] : « Je dis que c’ est une femme de bonne composition, on aperçoit les chairs à moitié faisandées dont on ne perçoit que la puanteur. »
L'auteur
François Barluet, acteur, scénariste et dramaturge, est connu pour La cage dorée, Victor, maître de chantier, La baie de l’archange et Extrême limite.
Il a donné récemment une conférence théâtralisée sur Vermeer et son faussaire. Deux de ses pièces (Les Collectionnistes et Vermeer) seront jouées à Avignon l’été prochain dans le cadre du Off 2025.
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