En attendant Godot
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Thème
Deux vagabonds, Vladimir et Estragon, attendent Godot sur le bord d'une route, au pied d'un arbre. Mais ils ne savent rien de cet homme ou de ce dieu et parlent sans cesse, dans des dialogues mécaniques et répétitifs pour combler le silence.
Un autre couple improbable vient les interrompre dans leur quête de sens: Pozzo et Lucky, le maître et l'esclave qui font une démonstration de pouvoir et de soumission, moins évidente qu'il n'y paraît.
La fin de chacun des deux actes est ponctuée par la venue du messager: Godot ne viendra pas ce soir mais sans doute demain soir.
Ces dialogues entrecroisés sont riches de sens: l'absence de communication entre les êtres, malgré une profusion de paroles. Le langage ne sert pas à rapprocher mais à masquer, comme aujourd'hui la profusion de la communication et des réseaux sociaux isole plus souvent qu'elle ne rapproche.
C'est un monde de clowns tristes, qui fait cohabiter la tragédie et la farce ou le grotesque. On réfléchit au sens ou non-sens de la vie, au destin qu'on recherche ou qui accable.
C'est une quête permanente et désespérée d'un au-delà, sur fond biblique et religieux, dont Godot est le symbole. Mais l'attente obsessionnelle est toujours déçue.
Points forts
1. La mise en scène qui maintient la pièce dans un équilibre instable entre tragédie et comédie burlesque.
2. Le jeu sur le langage, mis en valeur par la prestation des acteurs qui soulignent l'absurdité de la situation sans jamais tomber dans la caricature.
3. Le jeu extraordinaire de Guillaume Van’t Hoff, Lucky, être étrange, à la limite de l'humanité, automate qui navigue entre le Bien et le Mal.
4. La place du comique avec Vladimir et Estragon, qui font penser au clown blanc et à Auguste. On note aussi la mise en valeur des paires opposées.
5. Le temps qui passe ou non, subjectif comme les lieux incertains: on n'est pas sûr du temps passé et présent, on ne sait jamais ce qui est fait ou non, où ils sont, ici ou ailleurs.
Quelques réserves
Peu nombreux:
1. Le jeu parfois un peu excessif de Pozzo qui a parfois tendance à crier son texte.
2. La marionnette qui représente le messager, que je trouve originale mais peu émouvante.
Encore un mot...
Une pièce difficile, sans intrigue apparente, qui capte pourtant le spectateur dans un festival de mots et le plonge dans des abîmes de réflexion.
Une phrase
"En attendant, il ne se passe rien".
Ou le refrain:
"Allons-nous en. On ne peut pas. On attend Godot. C'est vrai."
L'auteur
Thomas Beckett est né en Irlande, en 1906. Il a fait ses études de philosophie et de langues romanes à Trinity College et fut lecteur à l'ENS Ulm en 1928. En 1939, il vient en France et s'engage dans la Résistance avant de se réfugier dans le Vaucluse, à Roussillon, donnée qu'on retrouve dans la pièce.
Beckett écrit en anglais jusqu'en 1944, puis en français. Après plusieurs romans, il passe au théâtre : En attendant Godot, en 1948, et Oh les beaux jours, en 1961, entre autres.
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