Élysée

Le Souper version socialo-gaulliste
De
Hervé Bentégeat
Mise en scène
Jean-Claude Idée
Avec
Alexandra Ansidei, Christophe Barbier, Emmanuel Dechartre, Adrien Melin
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

théâtre du Petit Montparnasse
13 rue de la Gaîté
75014
Paris
01 43 22 77 74
Jusqu'au 29 mai, du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 17h. Relâche le 25 mars

Thème

• Au moment de prononcer à la télévision l’éloge funèbre de son prédécesseur, le président Chirac cale... et se retire deux jours sans autre explication...

• Au-delà de l’anecdote, il s’agit de savoir comment les deux hommes politiques comme Fr. Mitterrand et J. Chirac, connus pour leurs divergences, en sont venus, au fil de quinze années de relations (1981-1996), à se soutenir mutuellement.

• En ces temps d’élections présidentielles, il n’est pas inutile de revenir sur quelques unes des compétitions les plus acharnées de ces cinquante dernières années, et de nous en livrer quelques clefs de compréhension, connues du grand public ou restant à découvrir. C’est le défi relevé par Hervé Bentégeat, mais nous nous garderons bien de dévoiler les conclusions qu’il entend nous faire partager dans ce spectacle.

Points forts

• Les textes sont clairs et fort bien construits, sans toutefois être pesamment didactiques, les dialogues sont vifs et incisifs : il y a ainsi quelques belles envolées à propos des Français, sur ce qui distingue la droite de la gauche, sur les charmes et les avanies de la fonction présidentielle. Les phrases claquent bien, et on retrouve des « bons mots » passés à la postérité, sans friser pour autant l’indigestion. 

• Le choix de résoudre l’énigme par des flash back à des moments décisifs et bien choisis du parcours commun des deux hommes donne une dynamique certaine au spectacle, sans que pour autant l’on soit perdu par ces remontées dans le temps. 

• Deux personnages, l’entremetteur (Philippe Dechartre, gaulliste de gauche et père du comédien, plaisant effet « théâtro-dynastique ») et l’accorte jeune femme de service espagnole, apportent des respirations bienvenues à ce qui pourrait vite tourner au tête à tête en huis clos étouffant et saturé d’hostilité. Le fait que le personnage d’Emmanuel Dechartre entrecoupe certaines scènes par la lecture des préceptes de Mazarin constitue une heureuse initiative.

Quelques réserves

• L’interprétation est un peu inégale : si Adrien Melin campe un Chirac convaincant, mimiques comprises, tout en impatience mal contenue, Christophe Barbier donne parfois à son Mitterrand des allures de tortue à la renverse. La bonhomie rigolarde d’Emmanuel Dechartre lasse un peu à la longue, qui donne l’impression d’un maître d’école débonnaire sermonnant deux gamins dissipés et boudeurs. 

• Pour aborder les protagonistes et leur confrontation, il vaut mieux abandonner tout outillage de science politique, c’est « l’école des tempéraments politiques » qui triomphe : si “les idées“ sont bien présentes aux côtés des “ambitions“ et des “imprévus“ lors des élections, elles ne sont que « le reflet des passions et des intérêts ». Quant aux clefs de la réussite politique, elles reposent exclusivement sur le triptyque « culot, ténacité, chance » : bon sang, mais c’est bien sûr !

Encore un mot...

Dans l’optique adoptée par la pièce, « la politique est un jeu où l’on a pas d’amis, des rivaux dans sa propre maison, des adversaires dans le camp d’en face. » Les conceptualisateurs, théoriciens, spécialistes de science ou de sociologie politiques en seront pour leurs frais. En revanche, les commentateurs politiques qui, tels Christophe Barbier, saturent les ondes de leurs analyses à hauteur d’homme (ou de femme) seront ravis.

Une phrase

Fr. Mitterrand [à Jacques Chirac, entre les deux tours de l’élection présidentielle de 1981] : « Si je perds demain, vous perdrez après-demain. »

Mazarin : « Simule, dissimule, ne te fie à personne, dis du bien de tout le monde. » (précepte)

L'auteur

• Hervé Bentégeat, rédacteur en chef adjoint au Figaro, est également journaliste et romancier. Après sa Fuite à Baden (Ramsay, 2006), il s’affirme comme un spécialiste des chocs de personnalités, puisqu’il a déjà écrit pour le théâtre Meilleurs Alliés, qui évoquait la confrontation entre Churchill et De Gaulle au moment du débarquement du 6 juin 1944.

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