Elephant Man

Elephant Man ? C’est vous et moi
De
Bernard Pomerance
Mise en scène
David Bobée
Avec
Béatrice Dalle (Madge Kendall), Christophe Grégoire (Dr Treves), Joey Starr (Joseph Merrick)
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Les Folies Bergère
32 Rue Richer
75009
Paris
01 44 79 98 60
Du 6 au 14 décembre à 21h

Thème

 • Dans l’Angleterre victorienne du milieu des années 1880, un médecin promis au plus bel avenir au sein du réputé London Hospital parvient à arracher à un bateleur crapuleux l’un de ses monstres les plus répugnants : il s’agit de Joseph Merrick atteint d’une affection spectaculaire et rarissime des tissus que le Dr Treves veut absolument étudier, moins pour l’en guérir que pour le soigner, et surtout le tenir à l’écart de la curiosité de ses contemporains, tous milieux confondus. 

• Treves, qui parvient à apprivoiser l’homme-éléphant, entend en faire un homme convenable et respectable, au sens victorien du terme. Mais il faut aussi compter avec la célèbre et très libre comédienne Madge Kendall qui va, de son côté, s’employer à faire naître et exister l’amour entre « la Belle et la Bête ».

• Comme l’indique la référence au célèbre conte, ce récit, inspiré de faits réels, brasse lui aussi des références et des significations multiples. L’une d’entre elles se dégage avec force : le corps physique déformé d’Elephant Man n’est autre que le miroir du corps social qui tout entier rejette un individu non dénué d’humanité.

Points forts

 • Beaucoup de spectateurs viennent voir Joey Starr sur scène, et accessoirement Elephant Man. Ils ne sont pas déçus. Que l’on apprécie ou pas son personnage et le genre musical dont il est l’une des figures, il est indéniable que « le Jaguar » est plus que convaincant dans le rôle de Joseph Merrick : outre une diction appropriée au rôle-titre, il parvient à exprimer et transmettre une large gamme d’émotions, et surtout à incarner - physionomiquement et physiquement – la fascinante dualité laideur-beauté de l’homme-éléphant. C’est donc un très bon choix d’interprétation, tant Joe Starr parvient à devenir son rôle sans pour autant cesser d’être lui-même, ce qui n’est pas donné à tout le monde.

• Par ailleurs, il faut saluer le travail effectué sur les décors vidéo animés (morphings de Wojtek Doroszuk), d’un onirisme suggestif, de même que la musique d’accompagnement (Jean-Noël Françoise), pertinente sans jamais être envahissante. Dans ces conditions, les ballets dansés par Xao Yi Liu peuvent développer leur pouvoir quasi-hypnotique.

Quelques réserves

• Quelques longueurs sont encore à déplorer ici ou là, même si en la matière, le spectacle initial a été sensiblement allégé. La fin est un peu trop « tire-larmes », entre déclamations du repentant Dr Treves et sanglots inextinguibles de Mrs Kendall.

• L’autre vedette du spectacle, Béatrice Dalle, pourtant bien plus expérimentée que son alter ego, est moins convaincante que lui, et plus « flottante » : tantôt elle est parfaitement dans le rôle, à d’autres moments se produit une sorte de décrochage - lié en partie à sa diction singulière qui la distingue mais parfois lui joue des tours – dommageable pour la crédibilité de Madge Kendall.

Encore un mot...

Dès que l’on gratte le fin vernis des usages et des convenances d’une société donnée, apparaît la saisissante monstruosité de l’homme, non dépourvue cependant d’humanité.

Une phrase

Deux sentences du Dr Treves résument l’évolution de la pièce

« Nous l’avons poli à notre image, au poil près. » 

« Des dépossédés, voilà ce que nous sommes »

L'auteur

Bernard Pomerance (1940-2017) a donné cette pièce pour la première fois en 1977 à Londres, où elle a remporté un grand succès. Broadway l’a reprise en 1980, avec David Bowie dans le rôle-titre, avant que le cinéaste David Lynch ne l’adapte au cinéma et connaisse une gloire instantanée (oscar du meilleur film, 1981), de même que John Hurt (oscar du meilleur acteur), dans le rôle de Joseph Merrick.

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