Du Misanthrope au cardinal (trilogie)

Du Molière en série
De
Molière, Georges Courteline, Jacques Rampal
Le Misanthrope : jusqu’au 31 décembre. Du 12 septembre au 31 octobre : Les dimanches à 16h. Séances supplémentaires les mardis 26 octobre et 2 novembre à 20h, le mardi 28 et le vendredi 31 décembre à 18h
Du 7 novembre au 19 décembre : Les dimanches à 14h30
La conversion d’Alceste : Du 12 septembre au 31 octobre : Les dimanches à 18h
Du 7 novembre au 19 décembre : Les dimanches à 16h30
Séances supplémentaires pendant les vacances : le mardi 28 et le vendredi 31 décembre à 20h
Célimène et le cardinal : 7, 14, 21, 28 novembre 2021 : 18h00 5, 12 et 19 décembre 2021 : 18h00
28 et 31 décembre 2021 : 21h30
Mise en scène
Violette Erhart, Sylvain Martin
Avec
Violette Erhart, Sylvain Martin, Luc Franquine, Alex Gangl, Benjamin Gourvez, Mahmoud Ktari
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Théâtre La Croisée des chemins, salle Belleville
120 rue Haxo
75019
Paris
01 42 19 93 63

Thème

• On connait l’histoire d’Alceste, misanthrope assumé, rebuté par l’hypocrisie du monde et à qui sa franchise abrupte et son « chagrin philosophe » valent bien des inimitiés. On sait son amour paradoxal pour la coquette Célimène, enivrée par l’ardeur de ses admirateurs. Eliante, éprise d’Alceste tente de lui ouvrir les yeux et de gagner son affection, tandis que son ami Philinte tâche d’adoucir le caractère farouche de cet atrabilaire. 

• Ce que l’on sait moins souvent, c’est que deux siècles et demi après Molière (et plus de cent ans après Fabre d’Eglantine), Courteline conçut une suite parodique à cette comédie, mariant Alceste et Célimène, faisant d’Alceste un homme heureux, sorti « de la peau de l’homme aux rubans verts » et pourtant trahi. Ainsi il quitte le monde, renonçant à son mariage, à ses amis, et à vouloir être aimable

• Encore quelques décennies plus tard, Jacques Rampal imagina les retrouvailles vingt ans après de Célimène et d’Alceste, devenu cardinal. 

• De cette trilogie toute en alexandrins, on ne peut voir pour l’instant que les deux premières pièces, la dernière commencera en novembre.

Points forts

• Luc Franquine incarne un misanthrope évidemment torturé, oscillant entre l’incompréhension que suscitent en lui les mœurs de son temps, la colère et sa tendresse pour Célimène. Prisonnier de lui-même autant qu’il l’est du monde cet Alceste est convaincant et touchant. 

• La qualité de l’interprétation de Sylvain Martin, qui lui donne la réplique avec une souplesse et un grand naturel n’est pas moindre.

Quelques réserves

• Violette Erhart et Sylvain Martin ont rassemblé ces trois pièces pour proposer une trilogie, ce qui est une bonne idée, à la condition que les trois éléments de ce puzzle soient de même qualité. 

• Ainsi, si on ne peut que goûter ce Misanthrope actualisé par une mise en scène qui fait de Molière notre contemporain, la pièce de Courteline, supposée burlesque mais ici noyée dans une curieuse déréliction fêtarde, pleine de bruits et de fureurs alcoolisées et montée comme une comédie braillarde laisse un peu perplexe. Sans doute parce que ça n’est pas le meilleur de Courteline…

Encore un mot...

Cette histoire d’un amour bafoué met aussi en exergue les pièges qui, siècles après siècles, emprisonnent les femmes. Soumise au pouvoir des hommes, Célimène, comme toutes ses semblables, n’a guère d’autre choix que d’être coquette ou prude, soumise ou infidèle. Elle a fort à faire pour échapper à la brutalité possessive du marquis et affronter la jalousie soupçonneuse d’Alceste. 

• Courteline, qui a saisi toute l’ambiguïté empoisonnée de ces rapports de genre, lui fait dire d’ailleurs : « La peur qu’il m’inspirait n’était pas à mes yeux sans charme et sans attraits. »

Une phrase

Alceste : 
« Et Célimène, encor !... Doux, et tendre, et jeune être !
Que je restai longtemps malpropre à la connaître,
Et que l'égarement de mes transports jaloux
Fut dur à ses vingt ans traqués comme des loups !

Alceste : N'importe, tout est bien, puisque je puis en somme,
Ayant fait jusqu'au bout mon devoir d'honnête homme,
N'ayant rien obtenu, mais ayant tout tenté,
De mon stérile effort invoquer la fierté. »

L'auteur

• Molière a mis deux ans pour écrire Le Misanthrope, étude de caractère, portrait vrai d’un rebelle social privé de bon sens, élevant ainsi la comédie au niveau de la tragédie. C’est là incontestablement son chef d’œuvre et son triomphe contre la cabale des dévots, la tuberculose et les infidélités d’Armande. Apre et sérieuse la pièce ne connut d’abord qu’un demi succès.

• Courteline est déjà un auteur en vue lorsqu’il décide, en 1902 de  donner une suite au Misanthrope avec La Conversion d’Alceste, qui sera jouée à la Comédie-Française le 15 janvier 1905 pour le 283e anniversaire de la naissance de Molière. « C’est une petite pièce à ravir tous les lettrés » estima le critique Emile Faguet (Propos de théâtre, Quatrième série, 1907).

• Célimène et le cardinal est la première pièce du dramaturge Jacques Rampal disparu en 2015. Créée en 1992 au Théâtre de la Porte St-Martin, avec Ludmila Mikaël et Gérard Desarthe placés sous la direction de Bernard Murat, la pièce obtint deux "Molières" (et sept nominations dont deux pour l'auteur). Traduite en de nombreuses langues, elle a été jouée dans le monde entier. 

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