Dramuscules

Mise en scène
Catherine Hiegel
Recommandation

Malgré le court épisode "Café du Commerce", éminemment regrettable, à mon avis du moins.

Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre de Poche-Montparnasse
01 45 44 50 21
Du mardi au samedi, à 19H. Dimanche, à 17H30 Jusqu'au 9 mars

Thème

Ces trois petites pièces, extraites d'un recueil écrit en 1988, un an avant sa mort, par le grand écrivain autrichien Thomas Bernhard, ont un objectif commun: montrer comment, à travers des moments très simples de vie quotidienne, l'Autriche de la seconde moitié du XX° siècle était malade de son passé nazi.
 

Points forts

  • Cet art de transfigurer le langage le plus simple, les préoccupations les plus élémentaires, pour leur faire dire des choses essentielles sur les êtres et la vie.
  • Cette façon de révéler comment le racisme, le refus de l'autre peuvent revenir sans cesse dans des conversations anodines, répétitives, truffées de poncifs. Comme un boomerang maniaque, au détour de n'importe quelle phrase. Comme une sorte de défoulement incantatoire du souffle autant que de la pensée.
  • Et puis, il y a Judith Magre. J'ai retrouvé là, la Judith Magre magnifique de "ROSE". Ici, dès les premières secondes, elle est éblouissante de présence. Avec cette voix extraordinaire, si profonde, dont elle fait ce qu'elle veut.
     

Quelques réserves

  • Le titre, repoussoir! Qui a spontanément envie d'aller voir une pièce qui s'intitule "DRAMUSCULES"? Pourquoi ne pas s'être autorisé à adapter ce néologisme inventé par Thomas Bernhard?
  • Et puis, surtout, qui a eu cette idée saugrenue -sans doute pour faire durer un peu plus le spectacle-, d'intercaler entre la seconde et la troisième scénettes, un petit jeu de devinettes avec le public, à partir d'un florilège de citations, complètement sorties de leur contexte historique, et qui donneraient à croire que quelque uns des plus grands noms de l'histoire de la pensée et de l'action politique, en France, étaient racistes, au sens où l'on peut l'entendre aujourd'hui?

         Je laisserai à d'autres le plaisir malsain de vous livrer en pâture démagogique l'identité des grands noms cités, à travers l'Histoire.
        Du coup, à la reprise de la pièce proprement dite, Judith Magre "rame" pendant plusieurs minutes pour rehisser le spectacle au niveau exceptionnel d'où il n'aurait jamais dû descendre.
        Il est curieux qu'une grande Dame du théâtre comme Catherine Hiegel, qui assure la mise en scène, ait oublié qu'une pièce de théâtre ne pouvait être "réduite" à un meeting politique ou à une chronique vacharde du "CANARD ENCHAINE", quelle que soit la qualité du "CANARD ENCHAINE".
 

Encore un mot...

  • Voilà une bonne occasion peut-être de découvrir un auteur exigeant, douloureux, acerbe, en révolte contre beaucoup de choses dont, entre autres, le confort moral. Et qui a traîné toute sa vie un mal à l'âme d'être autrichien,  dans une Autriche marquée par le nazisme.
  • Une occasion aussi de découvrir une écriture choc, qu'on reçoit à l'estomac. On est dans le dur du dur. Pas de masques, pas de fioritures.La réalité telle que la voit Bernhard, ou plutôt telle qu'il veut la représenter, encore plus noire que nature, pour mieux faire percevoir sa pensée, aux allures de sombre réquisitoire.
  • Reste le débat historique, et ce n'est pas demain qu'il sera clos, sur la persistance de l'imprégnation nazie et son ampleur, dans la vie de l'Autriche depuis la seconde guerre mondiale.
     

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