Dom Juan ou Le Festin de Pierre

De
Molière
Mise en scène
Tigran Mekhitarian
Avec
Tigranavec Théo Askolovitch, Arthur Gomez, Marie Mamé et Tigran Mekhitarian
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Le Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs
75006
Paris
01 45 44 57 34
Du 12 octobre au 4 décembre 2002. Du mardi au samedi à 20h, et le dimanche à 17h

Thème

  • Dom Juan, séducteur invétéré, trouve son plaisir dans la conquête et dans la provocation. Son serviteur, Sganarelle, cherche à l’arrêter dans ses tentatives successives en lui prédisant une mort certaine à travers la vengeance de Dieu. 
  • Dom Juan n’en a cure, qui arrache Dona Elvire au couvent et prétend l’épouser, mais il l’abandonne bien vite pour une jeune mariée qu’il veut faire tomber à l’eau dans un faux naufrage pour la sauver ensuite et ainsi la séduire. Puis il s’intéresse aux deux paysannes, Charlotte et Mathurine, à qui il promet le mariage et ne s’en sort que par la fuite. Face au frère et à la sœur de Dona Elvire, il se conduit d’abord en gentilhomme en sauvant la sœur d’Elvire d’une agression, puis il ment sur ses intentions.
  • Il défie d’abord son père, puis par provocation, il accepte un diner avec le Commandeur, qu’il a tué quelques temps avant. Sa dernière manière est l’hypocrisie et la fausse dévotion, face à Dona Elvire puis à son père : il prétend s’être converti et respecter la loi de Dieu. Mais cette hypocrisie est la provocation de trop : le diner avec le Commandeur se transforme en bûcher, et il tombe dans les flammes de l’enfer.

Points forts

  •  C’est une adaptation surprenante d’une pièce du XVIIème siècle avec du rap et du langage des banlieues. Cette présentation peut choquer, mais elle est finalement réussie et le texte de Molière est respecté, mêlé à des exclamations telles que « bâtard », « fils de pute », « nique ta mère », ou encore « Allah Akbar »…
  • La volonté de montrer la modernité du sujet est atteinte : le défi permanent de Dom Juan est visible dans ce mélange des registres de langage.
  • Les comédiens sont remarquables : Dom Juan est plein de nuances et Sganarelle assure parfaitement le côté comique. Les deux autres jouent plusieurs personnages avec une aisance louable.
  • La mise en scène est minimaliste : deux fauteuils pliants et un sac de sport. Les costumes sont conformes à l’adaptation : des survêtements à capuche pour les deux personnages principaux, à leur nom à certains moments, des vêtements simples pour les autres, et une robe ridicule pour Mathurine, homme transformé en femme, une robe de cérémonie pour Dom Alfonse, un costume pour Dom Louis.
  • L’accent des banlieues remplace parfois le patois de la pièce originelle, comme pour les deux paysannes, et surtout Pierrot.

Quelques réserves

  • C’est une adaptation et une mise en scène provocatrices : on peut aimer ou détester. J’ai d’abord détesté voir Dom Juan et Sganarelle en survêtement, en train de fumer et danser sur une musique de rap… Mais j’ai ensuite apprécié ce mélange des genres osé.
  • On peut regretter les coupes dans le texte : dans chaque scène, et des scènes entières, comme celle avec Monsieur Dimanche. Mais cette pièce réduite à 1h15  évite qu’on se lasse de ce mélange des registres.

Encore un mot...

Cette adaptation est vraiment une gageure, mais une gageure réussie. Le metteur en scène parvient à montrer la modernité de Dom Juan, aussi bien pour des spectateurs qui connaissant bien la pièce que pour ceux qui la découvrent.

Une phrase

Dom Louis : « Mais sache, fils indigne, que la tendresse paternelle est poussée à bout par tes actions, que je saurai, plus tôt que tu ne penses, mettre une borne à tes dérèglements,  prévenir sur toi le courroux du Ciel, et laver, par ta punition, la honte de t’avoir fait naître. »
Dom Juan : « Oh ! Ciel, que sens-je ? Un feu invisible me brûle, je n’en puis plus, et tout mon corps devient un brasier ardent. »  [Le brasier était matérialisé par un bidon d’essence enflammé par une allumette que tenait Sganarelle].

L'auteur

  • Molière (1622-1673) est un grand auteur de comédies et de farces. D’abord en province, puis à paris, il a joué ses pièces avec le soutien de Louis XIV. Mais ce soutien lui a parfois manqué, en particulier quand il s’est attaqué aux faux dévots. Ce fut le cas pour Tartuffe, pour lequel il a présenté trois versions successives, et même pour Dom Juan (1665), à cause de la fin comportant une critique de l’hypocrisie et des faux dévots.
  • Molière a écrit de nombreuses autres pièces qui sont des satires de travers de son époque, comme Les Femmes savantes, Le Bourgeois Gentilhomme, Le Malade imaginaire, et aussi des farces comme Les Fourberies de Scapin et Les Amants magnifiques.

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