Dom Juan
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Thème
Dom Juan ou le Festin de Pierre raconte les dernières 36 heures de cet esprit subversif et grand amateur de femmes. Il est flanqué de son valet Sganarelle, couard mais entièrement dévoué à son maître.
Après avoir abandonné Elvire, qu’il avait fait sortir du couvent pour l’épouser, Dom Juan tente de séduire deux jeunes paysannes.
Il sauve la vie de Don Carlos, qui se révèle être le frère d’Elvire, venu avec son frère Dom Alfonse pour venger sa sœur, et qui accepte de ne pas le tuer si Dom Juan épouse Elvire.
Dom Juan passe ensuite devant la statue du Commandeur, qu’il a tué l’année précédente, et l’invite à dîner pour le lendemain.
Dans une ultime mascarade, après avoir fait croire à son père qu’il se repentait, puis avoir avoué à Sganarelle que ce n’était qu’un subterfuge, il disparaît à jamais, tué par la statue du Commandeur.
Points forts
La première chose qui nous frappe, c’est que ce Dom Juan est à la fois fidèle à son époque (on se croirait à la Comédie française pour la qualité du spectacle dans ses moindres détails, de la qualité de l’interprétation jusqu’à l’esquisse de ballet) et formidablement contemporain dans sa façon de traiter la thématique de la violence faire aux femmes.
Sensuel et libertin, Dom Juan est tout autant tragique et désespéré, cherchant sans cesse à se libérer d’un univers qui semble se refermer inexorablement sur lui. Débordant d’énergie, séducteur et conquérant mais fragile dans ses tourments et ses excès, Xavier Gallais campe un formidable Dom Juan. Il est parfaitement accompagné par Vincent Winterhalter en Sganarelle dont on ne sait jamais de quel côté il penche. Et toute la distribution est impeccable du début à la fin.
La pièce vous attrape sans vous lâcher, et l’on oublie vite que l’on connaît déjà l’histoire, du début à la fin, pour apprécier ce que nous raconte Macha Makeïeff et comment son Dom Juan est un animal traqué, en bout de course, qui ne pourra plus impunément se livrer à ses coupables exercices.
Héros transgressif et séducteur ou prédateur violent et manipulateur ? La metteuse en scène a choisi son camp : les femmes sont passées à l’offensive et dénoncent les mensonges et la cruauté de cet homme qui ne survit pas à #Metoo. Le message passe, mais tout en subtilité, en incitant à la réflexion et au doute plutôt qu’en assénant des vérités simplistes.
Quelques réserves
Pas de réserve.
Encore un mot...
La pièce de Molière, créée en 1665, est une adaptation de La légende de Don Juan Tenorio de Tirso de Molina, la troisième après celles de Dorimond en 1658 et de de Villiers en 1659.
Tirso de Molina, moine espagnol avait en effet donné 35 ans plus tôt une première forme dramatique dans El Burlador de Sevilla y convidado de piedra (L’Abuseur de Séville et l’invité de pierre).
Une phrase
Elvire :« Je vous ai aimé avec une tendresse extrême, rien au monde ne m’a été si cher que vous ; j’ai oublié mon devoir pour vous, j’ai fait toutes choses pour vous. »
[…]
Elvire : « Je m’en vais, après ce discours, et voilà tout ce que j’avais à vous dire.
Dom Juan : Madame, il est tard, demeurez ici : on vous y logera le mieux qu’on pourra.
Elvire : Non, Dom Juan, ne me retenez pas davantage.
Dom Juan : Madame, vous me ferez plaisir de demeurer, je vous assure.
Elvire : Non, vous dis-je, ne perdons point de temps en discours superflu. Laissez-moi m’en aller, ne faîtes aucune instance pour me conduire, et songez seulement à profiter de mon avis. »
L'auteur
Abandonnons Molière qui a déjà eu de nombreuses fois les honneurs de nos chroniques pour donner un coup de projecteur, une fois n’est pas coutume, sur la metteuse en scène :47
Macha Makeïeff :
elle est également autrice et plasticienne et a dirigé, de 2011 à 2022 le théâtre National de Marseille ;
Macha Makeïeff commencé par travailler avec Antoine Vitez avant de créer avec Jérôme Deschamps une compagnie et plus de 20 spectacles joués en France comme à l’étranger ;
ensemble ils ont créé Les Deschiens sur Canal + ;
Macha Makeïeff prépare une adaptation de Qui je suis de Pier Paolo Pasolini.
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