Dom Juan

Remarquable représentation d'un texte d'une exceptionnelle modernité
De
Molière
Mise en scène
Jean-François Sivadier
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de l’Odéon
Place de l’Odéon
75006
Paris
0144854040
Jusqu'au 4 novembre

Thème

Jusqu’où peut aller la liberté, la provocation de Dom Juan ? Il ne respecte rien, refuse tous les liens et sème le doute partout où il passe. Après avoir fait sortir Elvire, par amour, de son couvent, il l’abandonne. Poursuivi par les deux frères de cette dernière qui cherchent à sauver l’honneur de leur famille, il fuit, combat avec allégresse, séduit, ne reconnaît aucune dette et avance sans trembler face à l’adversaire suprême, le commandeur, une statue de pierre, venue de l’au-delà, sous le regard sidéré, devant tant d’inconscience, de son fidèle Sganarelle.

Points forts

- On se régale au contact de cette troupe dynamique. Les acteurs se renvoient la balle et sont exceptionnels : une mention d’excellence à Nicolas Bouchaut, impérial, romanesque, sauvage et séduisant Dom Juan et et à Vincent Guédon, un Sganarelle, juste, drôle, « entre le rire et l’effroi ».

- Un texte de Molière sans aucune ride : est ce possible que les hommes, leurs rapports, leurs ambiguïtés aient si peu changé depuis le 17ème siècle? Le jeu des acteurs met en avant toute la finesse d’analyse et les interrogations de ce texte dont on oublie trop souvent que ce n’est pas seulement l’histoire d’un séducteur.

- Un décor cosmique, espace un peu glauque d’échafaudages et de plastiques dans lesquels alternent le noir du désespoir et les flashs de lumière d’un spectacle bien rythmé.

Quelques réserves

Les ajouts « hors sujets », sous forme d’interludes, sont un peu longs et n’apportent pas grand chose à la pièce. Ce n’est pas le cas des échanges avec la salle (Dom Juan s’intéresse à une ou deux femmes du premier rang, aux Marie ou Sarah présentes dans la salle) qui sont légers et plutôt drôles.

Encore un mot...

Dom Juan ne se soumet à aucune règle, ne respecte aucune croyance et avance, bravache, sur son chemin. Désespoir ou provocation? A une époque, celle de Galilée, où les certitudes sont remises en cause et où la rationalité ébranle les croyances, Dom Juan refuse de se conformer à la pensée dominante et va jusqu’au bout affronter les commandements de l’au-delà : perdition ou liberté ?

Une phrase

 « Est-il possible que vous ne croyiez point du tout au ciel ? » (Sganarelle)

L'auteur

Cette pièce de Molière était appelée lors de ses premières représentations « Festin de Pierre » ou « Le Fils Criminel », avec comme sous-titre « L’Athée foudroyé ». Quinze représentations ont été données en Mars 1665. Le succès fut fulgurant mais la pièce ne fut imprimée qu’après la mort de Molière, sous le titre « Dom Juan ou le Festin de Pierre ».

Pour le metteur en scène, Jean-François Sivadier, cette pièce de Molière est avant tout un texte sur le doute. La perte de repères en est un moteur essentiel. Le personnage de Dom Juan ne se laisse jamais apprivoiser et Molière laisse le lecteur ou le spectacteur se faire son opinion sans signifier comme dans ses autres pièces ce qu’il faut penser ou croire.

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