Dialogues de bêtes

Comme elles parlent joliment et justement ces bêtes
De
Colette
Adaptation : Élisabeth Chailloux et Lara Suyeux
Dessin : Cyrille Meyer
Mise en scène
Élisabeth Chailloux
Avec
Lara Suyeux
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre du Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des Champs
75006
Paris
01 45 44 57 34

Thème

  • Toby-chien, un bull bringé pragmatique, consciencieux et tendre, au « cœur avenant et banal comme un jardin public » et Kiki-la-doucette, un chat tigré et snob, conversent : amis-ennemis, ils partagent leurs sensations, leurs réflexions, disent leurs affections. Le chien la préfère elle, active, vive, emportée et démonstrative ; le chat le vénère lui, calme, silencieux et pudique, grattant le papier « avec un bruit de souris. » 

  • En quatre tableaux choisis dans les douze dialogues de Colette - SentimentalitésLe VoyageLe dîner est en retard et Toby-Chien parle - ils commentent les étranges mœurs des humains, s’effraient de leurs éclats et de leurs conflits et révèlent, de leur position de bêtes, les petitesses et les grandeurs de l’âme humaine.  

Points forts

  • Le spectacle est un pur délice, d’abord parce que le texte est d’une drôlerie et d’une finesse sans pareil et qu’il sollicite et suscite un éventail d’émotions légères et profondes - parfois la joie, parfois la mélancolie-, toujours vraies. 

  • Ensuite, parce que la mise en scène et le jeu de l’interprète sont indiscutables. Quand commence le spectacle et qu’on comprend que Lara Suyeux va vraiment interpréter ce chien et ce chat, on a une seconde d’effroi, craignant le pire. Mais non, le miracle se produit ! Elle est parfaite en chat, en chien, en Colette, en Willy. Elle est parfaite. 

  • Enfin, parce que le dessinateur de grand talent donne, plus qu’un cadre, une profondeur visuelle et poétique aux évocations que la langue de Colette, charnue, odorante et ensoleillée fait surgir. En quelques coups de pinceau, quelques traits de cra

Quelques réserves

Aucune.

Encore un mot...

  • Préfaçant la publication de ces dialogues, Francis James, que Colette admirait, eut ces mots : « Mme Colette Willy se lève aujourd'hui sur le monde des Lettres comme la poétesse enfin qui, du bout de sa bottine, envoie rouler du haut en bas du Parnasse toutes les muses fardées, laurées, cothurnées et lyrées qui, de Monselet à Renan, soulevèrent les désirs des classes de seconde et de rhétorique. Elle est gentille ainsi, nous présentant son bull bringé́ et son chat avec autant d'assurance que Diane son lévrier ou qu'une Bacchante son tigre. (C’est) une dame qui chante avec la voix d'un pur ruisseau français la triste tendresse qui fait battre si vite le cœur des bêtes. » 

  • Ces deux dernières années qui marquaient les 150 ans de la naissance de Colette et les 70 ans de sa mort, ont vu fleurir les spectacles conçus à partir des textes de l’écrivaine, pour notre plus grand bonheur.

Une phrase

  • Toby-chien : « Toi, tu es un monstrueux égoïste.

    • Kiki-la-doucette : Peut-être. Les Deux-Pattes - ni toi - n'entendent rien à l'égoïsme, à celui des Chats... Ils baptisent ainsi, pêle-mêle, l'instinct de préservation, la pudique réserve, la dignité, le renoncement fatigué qui nous vient de l'impossibilité d'être compris par eux. Chien peu distingué, mais dénué de parti pris, me comprendras-tu mieux ? Le chat est un hôte et non un jouet. En vérité, je ne sais en quel temps nous vivons ! Les Deux-Pattes, Lui et Elle, ont-ils seuls le droit de s'attrister, de se réjouir, de laper les assiettes, de gronder, de promener par la maison une humeur capricieuse ? J'ai, moi aussi, mes caprices, ma tristesse, mon appétit inégal, mes heures de retraite rêveuse où je me sépare du monde...

    • Toby-chien : Elle me saisit par la peau du dos, comme une petite valise carrée, et de froides injures tombèrent sur ma tête innocente : « Mal élevé. Chien hystérique. Saucisson larmoyeur. Crapaud à cœur de veau. Phoque obtus… » Tu sais le reste. »

  • Kiki-la-doucette : « J’ai entendu. J’ai même entendu, ô chien, ce qui n’est pas parvenu à ton entendement de bull simplet. Ne cherche pas. Elle et moi, nous dédaignons le plus souvent de nous expliquer. »

L'auteur

  • Colette publie en 1904 aux éditions du Mercure de France quatre dialogues de bêtes, textes courts à l’écriture théâtrale et poétique, qu’elle signe “Colette Willy“. 

  • C’est la première étape d’une émancipation qui va l’arracher à la tutelle de Willy, et qui est au cœur de la dernière scène, celle de Toby-Chien parle. Sur le plateau déserté par la présence masculine du dessinateur, la maitresse du chien clame : « Je vais faire ce que je veux (…) je veux écrire des livres (…), je danserai pour le seul plaisir de danser », ce que Colette fera presqu’immédiatement après la publication de l’ouvrage.

  • Réédités et augmentés à de nombreuses reprises, les dialogues retinrent l’attention de Francis James et connurent un succès durable jusqu’à nos jours. 

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