Delphine et Carole
Le féminisme vu à travers la rencontre de deux héroïnes, Delphine Seyrig et Carole Rousssopoulos
De
Marie Rémond et Caroline Arrouas
Durée : 1h20
Mise en scène
Marie Rémond et Caroline Arrouas
Avec
Marie Rémond et Caroline Arrouas
Notre recommandation
4/5
Infos & réservation
Théâtre de la Villette
211 ave nue Jean Jaurès
75019
Paris
01 40 03 72 23
Du 8 au 23 novembre, le vendredi à 19h, du mardi au samedi à 20h et le dimanche à 15h30
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Thème
- C’est l’histoire d’une rencontre entre deux femmes qui étaient faites pour se rencontrer !
- 1969 : Caroline Roussopoulos, réalisatrice, vient d’acquérir la toute nouvelle caméra vidéo portative, la Portapak. Pour arrondir ses fins de mois, elle propose des stages de formation à l’utilisation de ce nouvel outil léger et prometteur.
- Delphine Seyrig s’est inscrit à ce stage. C’est une actrice connue, sauf pour Carole qui ne sait pas qui elle est, mais elle vient pour apprendre.
- Les deux femmes se rencontrent et se découvrent à travers l’utilisation de la vidéo, qui deviendra leur moyen d’expression subversif pour faire entendre la voix de celles à qui on ne donne pas la parole, et se battre pour leur liberté et leur indépendance.
Points forts
- Pour incarner les deux héroïnes du féminisme, Caroline Arrouas et Marie Répond se sont inspirées du documentaire qui leur fût consacré. Si Delphine Seyrig est bien connu du grand public, la notoriété de carole Roussopoulos est plus confidentielle et limitée au cercle des féministes. Pourtant elles ont entretenu toute leur vie une amitié qui ne s’est jamais démentie.
- C’est leur rencontre, cet attachement réciproque, leur amitié et leur défense de la cause féministe, que le spectacle met en lumière. Dans un décor entre appartement et pièce de travail, les deux femmes font connaissance et commencent à travailler ensemble. On passe vite de l’utilisation de la nouvelle caméra au féminisme et à un discours beaucoup plus militant, qui est le vrai sujet de la pièce.
- La pièce propose deux niveaux de lecture : nous sommes avec Delphine et Carole, lorsque les actrices portent les perruques des deux héroïnes – et dans une dimension plus contemporaine lorsqu’elles les enlèvent. On voyage ainsi entre différentes époques et les problématiques qui y sont attachées.
- Marie Rémond et Caroline Arrouas portent remarquablement le spectacle, de l’écriture à l’interprétation et passant par la mise en scène. Elles s’approprient leurs personnages et le sujet avec beaucoup de naturel. Ce travail sur le féminisme, qui dépasse le destin des deux personnages, est particulièrement d’actualité et il vient avec beaucoup d’émotion et de justesse nous rappeler que ce combat est ancien et qu’il est loin d’être achevé …
Quelques réserves
- Le spectacle présente quelques faiblesses, à la fois dans la structure et l’écriture. L’ambition de traverser les époques, les discours et les dispositifs narratifs se révèle difficile à tenir sur la durée. D’où le sentiment que le rendu global est parfois inégal, même s’il reste passionnant à suivre. Mais les prochaines représentations permettront peut-être de corriger ces petits flottements.
Encore un mot...
- La pièce puise trouve son point de départ dans un documentaire de Callisto Mc Nulty (la petite fille de Carole), Insoumuses, co-écrit par elle-même, Alexandra Roussopoulos et Geronimo Roussopoulos.
Une phrase
- Delphine Seyrig : « J’ai envie, maintenant, de faire des choses qui se rapprochent plus de la réalité, j’ai maintenant envie de faire des choses qui m’importent énormément. J’admire beaucoup les mouvements de femmes actuels qui cherchent à sortir de la situation dans laquelle elles sont, à tout point de vue, aussi bien au point de vue de leur travail, de leur salaire, et en même temps d’une autre forme d’oppression, qui est l’image qu’on veut avoir d’elles, qu’elles se sentent obligées d’avoir d’elles-mêmes... Donc, ça, c’est des sujets qui m’intéressent beaucoup. Pour moi, ce qui est important au cinéma, maintenant, c’est que les femmes commencent à parler d’elles. Et à présent, on a toujours vu les femmes finalement telles que les hommes les ont peintes, et je pense qu’il est très important maintenant que les femmes commencent à se montrer elles-mêmes.
L'auteur
- Delphine Seyrig est une comédienne, réalisatrice et activiste française. Né à Beyrouth en 1932 et morte à Paris en 1990.
- Elle a été mise en scène au théâtre par Dasté, Serreau, Régy, tourné au cinéma avec Resnais, Klein, Truffaut, Demy, Bunuel … et à partir de 1975, principalement sous la direction de femmes : Akerman, de Kermadec, Varda, Duras …
- Sa carrière ne peut être dissociée de son engagement féministe. Elle s’entoure dans la vie et au travail d’une constellation de femmes artistes et militantes, dont Carole Roussopoulos.
- Carole Roussopoulos est née en 1945 en Suisse, elle s’installe à Paris en 1967 et achète 2 ans plus tard l’une des premières caméras vidéo portables. Pionnière de la vidéo, elle a réalisé plus de 120 documentaires.
- Avec Paul Roussopoulos, elle fonde le premier collectif de vidéo militante Vidéo Out. Dès lors, elle ne cesse de donner la parole aux « sans-voix », opprimés et exclus.
- Tout au long de la décennie 70, elle accompagne les grandes luttes. Caméra au poing, elle soutient des grèves dures, suit les Black Panthers, le FHAR (Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire) et surtout les combats féministes : l’avortement et la contraception libre et gratuite (Y a qu’à pas baiser, 1971), la mobilisation des prostituées de Lyon (1975)… C’est à cette époque qu’elle corréalise avec Delphine Seyrig, Miso et Maso vont en bateau et S.C.U.M Manifesto d’après le livre de Valérie Solanas.
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