
De Gaulle apparaît en songe à Macron
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Thème
Alors que le président Macron, insomniaque impénitent, parvient enfin à trouver le sommeil, voilà que son prestigieux prédécesseur, le général de Gaulle, vient lui rendre visite nuitamment.
S’engage alors un dialogue entre les deux hommes, le temps d’un songe.
Points forts
Les comédiens campent avec aisance leur personnage : Stéphane Dausse a indiscutablement la stature, la diction et les intonations gaulliennes ; quant à son successeur, il est également parfaitement convaincant, en sachant ne pas trop en faire dans un histrionisme débridé.
L’un comme l’autre font ce qu’ils peuvent pour éviter que ce « songe » ne se transforme en veillée banale et soporifique.
Quelques réserves
Le spectacle se présente comme une « fantaisie politique », et c’est là sa principale faiblesse, car de fantaisie il y en a trop peu, alors que ces deux personnages, assez “disruptifs“ chacun dans leur genre, pouvaient servir de prétexte au basculement de la pièce dans une dimension délirante.
Au début du spectacle, lorsqu’Emmanuel Macron cherche le sommeil en lisant Les lauriers de César, on pense que la pièce pourrait nous surprendre, puis lorsque l’un et l’autre des présidents entonnent La Cucaracha, l’espoir d’un dégagement inattendu persiste.
On se prend à espérer un « bal comique à l’Elysée », mais il faut vite déchanter : la pièce en revient vite aux bonnes vieilles ficelles du “tête à tête“, bien en dessous des références en la matière (Le Souper). Chacun des présidents commente ses morceaux de bravoure et ses déconvenues, débine le bilan de ses successeurs ou de ses prédécesseurs (qui sont les mêmes) au gré d’épisodes bien connus, dont la narration n’apporte aucune surprise tant sur le fond que dans la forme. L’écueil de ce genre d’exercice, outre d’accentuer l’effet « Et moi, et moi, et moi », est la tendance à de fastidieux tunnels déclamatoires, et souvent elle n’a pas pu être évitée (cf. le quasi-cours sur la Pologne, le pacte germano-soviétique).
En effet, le regard porté sur les parcours respectifs est des plus convenus. La nouveauté et l’inattendu affleurent fugitivement, par exemple lorsque de Gaulle relate la campagne russe de Napoléon Ier ou sa visite à Staline à la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais c’est bien peu et c’est bien tard. Un passage assez fumeux et acrobatique sur l’Algérie, l’immigration et la France vient nous rappeler que l’auteur de la pièce éditorialise régulièrement sur Causeur...
Quant à la mise en scène, elle est d’une platitude regrettable.
Encore un mot...
- Deux comédiens qui méritent mieux que cette mise en scène et ce récit convenus.
Une phrase
• De Gaulle à Macron :
- « Vous êtes aujourd’hui ce qu’autrefois je fus. » [reprenant Corneille dans Le Cid]
- « Je suis de Lille, vous êtes d’Amiens : nous avons tous les deux un problème avec le Sud. »
- Macron [avec une nuance de regret] : « Jeune, je l’étais quand les Français m’ont élu…[puis, lucide] Ma femme, c’est ce qu’il y a de mieux chez moi. »
L'auteur
Passé par l’ESSEC puis Sc Po Paris, Jean-Marie Besset (né en 1959) est un auteur (depuis Villa Luco, 1989), mais aussi un traducteur et un adaptateur prolixe de pièces anglaises en français ; il est également comédien et acteur.
Jean-Marie Besset a également dirigé le Centre Dramatique National de Montpellier de 2009 à 2013.
Il a conçu De Gaulle apparaît en songe à Macron comme une « fantaisie politique », qui s’est d’abord donnée à Avignon dans le cadre du Off 2024.
Commentaires
Un contre commentaire s'impose.
Très bonne pièce. Texte bien écrit, intelligent juste, historique mais néanmoins drôle. Les acteurs sont plus vrais que nature et excellents. Soirée réussie assurée ...
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