Darius

Les parfums d’une vie
De
Jean-Benoît Patricot
Adaptation : André Nerman
Mise en scène
André Nerman
Avec
Catherine Aymerie et François Cognard
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Le Lucernaire
58 rue Notre Dame des Champs
75006
Paris
01 45 44 57 34
Du 26 mars au 28 avril 2024, du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 17h30

Thème

  • Paul est un créateur de parfums à la retraite, et Claire a une mission pour lui, plus qu’une mission d’ailleurs, une impossible quête que le parfumeur va accepter d’entreprendre : offrir au fils de Claire, Darius, atteint d’une maladie dégénérative qui l’empêche de bouger - mais aussi de voir ou d’entendre - un dernier voyage…celui de sa vie.

  • Paul va devoir créer les parfums des villes, des lieux ou des gens qui ont traversé la vie de Darius. Un jeu sensoriel et sensuel s’instaure ainsi, et, à travers cette recherche de fragrances et de souvenirs, se dessine l’amour bouleversant d’une mère pour son fils.

Points forts

  • Un décor simple : deux bureaux côte à côte et face à la salle évoquent les deux espaces de jeu des comédiens. La mise en scène instaure - dans une sorte de face à face - un dialogue vivant et permanent par lettres interposées entre Claire et Paul, ce génial créateur de parfums qu'elle a missionné.

  • Des lumières tamisées et une création sonore délicate accompagnent les échanges de lettres, et nous invitent avec douceur à voyager de l’univers de Claire à celui de Paul.

  • La prestation de Claire, la maman de Darius, est exceptionnelle de délicatesse et de présence sur scène. La finesse et la subtilité du jeu de Catherine Aymerie, tout en lumière malgré le poids de son récit, nous cueillent dès la première lettre. La comédienne nous transporte sur le chemin d'un bonheur absolu pour elle- même et pour son fils qui n'a pas vingt ans, est a priori condamné par la Faculté, mais qui retrouvera un sens à la vie en humant les fragrances imaginaires ayant jalonné les étapes de sa vie de jeune homme.

  • C'est fort, original, captivant, impliquant et ... magique :

    - le texte est beau et fort, sans jamais virer dans le pathos, mais au contraire en allant chercher la légèreté et l’humour pour combattre le drame ;
    - pouvoir nous transporter et nous émouvoir à ce point en éveillant notre sens olfactif est un pari fort réussi.

Quelques réserves

  •  La répétition du procédé habituel de la correspondance - « Cher Paul…. Chère Claire… Post-scriptum….etc… » - peut sembler redondant, voire lassant ; on aimerait plus d’inventivité pour rompre avec ce schéma classique.

  • Le personnage de Paul manque un peu de profondeur et de couleurs, surtout par rapport à Claire.

  • Autre point un petit peu discutable : l'étape d'Amsterdam et ses attractions touristiques "en vitrine"…

Encore un mot...

  • Qui n’a jamais vu ressurgir du fond de sa mémoire un souvenir lointain en humant soudainement un parfum connu ? La mémoire olfactive est un sujet mystérieux et fascinant, et tenter d’éveiller ce sens chez le spectateur est une idée formidable, car c’est le rendre lui-même acteur de l’histoire. 

  • Au gré des voyages et des créations de Paul, le spectateur va lui aussi tenter de ressentir ce que les parfums exhalent et laisser peut-être ses propres souvenirs se mêler à ceux de Darius. Cette pièce est une véritable épopée sensorielle.

  • Le passage du Théâtre de l'Essaion au Lucernaire a permis de donner plus de densité et d'émotion à ce spectacle. Le voyage émouvant du  jeune Darius se poursuit donc au Lucernaire, une étape à ne pas manquer jusqu'au 28 avril, gagnant, selon nous, une étoile au passage avec la mention "excellent".

Une phrase

«  Pour comprendre ma démarche il faut que je vous parle de mon fils, Darius. Il a 19 ans, c’est un garçon curieux, qui aime voyager, manger avec les doigts dans des pays lointains, dévaler les rues de Lisbonne en tramways, prendre l’avion et partir. Juste pour aller loin. Ailleurs. [...] Mon fils est un pluri-handicapé très Proustien. » [Jean-Benoit Patricot]

L'auteur

• Romancier et dramaturge, Jean-Benoit Patricot a reçu le prix Durance-Beaumarchais SACD pour Darius, qui a été créé au festival d’Avignon en 2016, puis repris à Paris au théâtre des Mathurins dans une mise en scène d’Anne Bouvier. 

• Darius est un texte, sinon autobiographique, largement inspiré de la vie de l’auteur et de celle d’un de ses enfants, pluri-handicapé. 

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