Cuisine et dépendances // Un air de famille
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Thème
Dans « Cuisine et dépendances », Jacques et Martine ont organisé un petit dîner entre copains, à l’occasion de retrouvailles avec un ami perdu de vue, devenu entre-temps une petite gloire de la télévision.
Dans « Un air de famille », les Ménard se retrouvent pour leur repas de famille hebdomadaire, d’autant plus important que l’on fête ce soir-là l’anniversaire de Yolande, la belle-fille.
Points forts
1) Ces deux pièces mettent en scène des gens censés s’aimer : de vieux copains dans « Cuisine et dépendances », une mère et ses grands enfants dans « Un air de famille ». Pourtant chacune de ces réunions fourmillent de conflits et d’antagonismes plus ou moins déclarés. Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri ne sont dupes de rien, ils savent que l’amitié et la famille ne sont jamais des images d’Epinal d’un bonheur sans accrocs. Mais si leur ton est parfois désenchanté, un peu acide, il n’est jamais amer.
2) Les deux pièces sont bien racontées et les dialogues brodés au petit point. Aucune réplique n’est laissée au hasard. Et comme tous les grands auteurs, Jaoui et Bacri laissent aussi une part belle au non-dit, au ressenti.
3) Les onze personnages sont tous nettement dessinés, très caractérisés sans être caricaturaux. Aussi émouvants qu’agaçants, ils ne sont ni des héros, ni des victimes, et les rapports qu’ils entretiennent les uns avec les autres sont clairement dépeints, sans approximation.
4) La difficulté pour les comédiens de ces deux pièces, qu’ils le veuillent ou non, est qu’ils doivent lutter contre les fantômes des créateurs, d’autant plus fixés dans la mémoire collective qu’ils ont tous été filmés par le cinéma. De plus, tous ces rôles en demi-teinte exigent paradoxalement des acteurs à personnalité forte. Alors bravo à Catherine Hiegel, Léa Drucker, Grégory Gadebois et Laurent Capelluto !
5) À souligner, les excellents décors d’Alban Ho Van qui jouent pleinement leur rôle, très construits, judicieusement meublés, riches en accessoires. Le rideau se lève et le spectateur est littéralement projeté dans la cuisine de Martine ou dans le bar-restaurant « Au père tranquille ». On y est et on y croit.
Quelques réserves
1) Sans tomber dans la nervosité des comédies de boulevard, ces deux pièces gagneraient à être jouées sur un rythme plus soutenu.
2) Une fois encore, il s’agit de « la chronique d’une soirée qui tourne mal ». On compte désormais ces pièces par dizaine, par vingtaine… chaque saison. Le genre est devenu pléthorique, voire trop systématique. Il est vrai qu’au début des années 90, elles étaient plus rares.
Encore un mot...
Près de vingt-cinq ans ont passé et l’on redécouvre avec le même bonheur « Cuisine et dépendances » et « Un air de famille », deux pièces à l’écriture si fine, au regard si acéré. Il est vrai aussi que ces deux productions sont particulièrement bien soignées et bien interprétées.
Une phrase
Martine (Léa Drucker) dans « Cuisine et dépendances » : « La vie est une situation délicate. »
L'auteur
Tous deux comédiens, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri se rencontrent en jouant au Théâtre Tristan Bernard « L’Anniversaire » de Harold Pinter dans une mise en scène de Jean-Michel Ribes. Ensemble, ils écrivent alors « Cuisine et dépendances », puis « Un air de famille », deux pièces qui seront adaptées au cinéma avec succès.
Pour Alain Resnais, ils signent les scénarios de « Smoking » et « No smoking », d’après Alan Ayckbourn, et « On connaît la chanson ».
Toujours à quatre mains, ils écrivent ensuite « Le Goût des autres », « Comme une image », « Parlez-moi de la pluie » et « Au bout du conte » que filme Agnès Jaoui.
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