Coupures
Durée : 1h30
Infos & réservation
Thème
Frédéric est un jeune papa idéaliste et intègre. Avec son épouse Sahar et son beau-frère Eliès, il dirige courageusement contre vents, sécheresse et inondations une exploitation agricole de plus de 200 hectares, qu’ils ont voulue biologique. Tous trois travaillent dur sans compter leurs heures, se heurtant à la coopérative locale et jonglant en permanence avec leur déficit bancaire et les aides aléatoires des pouvoirs publics.
Parallèlement, Frédéric est le maire écologiste de son village. Et lorsque de gros industriels, des billets plein les poches, décident un jour d’implanter sur sa commune des antennes-relais de la dernière génération, il dit non. Fermement. Et pourtant, contre toute attente, il finira par accepter. Pourquoi ?
Points forts
La pièce est riche en thèmes variés, actuels, passionnants, rarement traités sur le théâtre : la vie du monde rural moderne, la dépendance aux subventions publiques, les tractations secrètes du monde des affaires, les dilemmes des élus, les bas calculs des hauts fonctionnaires, la démocratie représentative mais flouée…
Ces grandes idées, matières à réflexion, sont avant tout incarnées dans une histoire haletante, prenante, pleine de suspens. Les trois rôles principaux - et même les plus épisodiques - sont bien construits ; ils existent, tantôt forts, désespérés, volontaires, emplis de doutes, drôles, émouvants, attachants surtout.
Deux paravents, quelques costumes, une poignée d’accessoires, et le spectacle démarre. Il avance à un rythme rapide, monté « cut ». Le récit ne cesse de progresser. La mise en scène est précise, inventive. La troupe est de haut niveau ; tous les comédiens (sauf Serge Valensi, l’interprète de Frédéric) jouent plusieurs personnages, immédiatement reconnaissables, nettement dessinés. Du grand art.
Quelques réserves
Dans le programme et la note d’intention, la présentation de la pièce se focalise surtout sur la démocratie, le public participatif ou pas… Dommage car ce qui prime ici, ce sont les personnages, leur caractère, leur histoire : la pâte humaine ; le débat vient ensuite.
La pièce mêle les styles, mais lorsqu’elle touche au potache, elle passe un peu à côté de sa cible. Ainsi, le travestissement grotesque de l’excellent Michel Derville, en bimbo de plateau télé dénudée, est-il vraiment indispensable ?
Encore un mot...
Le héros de Coupures est un être tiraillé, écartelé même, entre ses intérêts privés et ses promesses d’élu, entre ses aspirations écologistes et les sirènes capitalistes, entre son rêve idéaliste et la dureté de la réalité. Certes, on évoque ici la 5G, l’Europe, la télévision, le système bancaire, Internet… mais à bien y regarder, Frédéric est dans la droite ligne des personnages du théâtre de toujours, un peu Antigone, un peu Créon.
Une phrase
Samuel Valensi : « Les citoyens ne supportent plus que les élus trahissent leurs promesses. Les élus ne supportent plus le fait que des non-élus – préfets, secrétaires d’Etat, entreprises privées, experts – décident à leur place. »
L'auteur
Ils sont deux.
Diplômé d’HEC Paris et titulaire d’une licence de philosophie, Samuel Valensi a fondé la compagnie La Poursuite bleue. En jouant Des souris et des hommes, il fait la connaissance de Paul-Eloi Forget. Ils se retrouvent au Théâtre du Soleil avec Merlin, que produit Samuel Valensi et que joue Paul-Eloi Forget. Ce dernier sera ensuite l’interprète de L’Inversion de la courbe (2017) et Melone Blu (2019), deux pièces écrites par Samuel Valensi.
Commentaires
Une pièce remarquablement mise en scène, nous sommes happés par l'histoire du début à la fin : le spectateur lit entre les lignes, et comprends tous les enjeux que cette pièce met en relief.
Vous devez aller la voir, elle sensibilise sur les problèmes environnementaux tout en restant très ludique !
Une pièce formidablement écrite qui réussit la prouesse de nous faire rire et réfléchir à la fois sur des enjeux de société importants et complexes. Bravo !
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