Conseils aux spectateurs
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Thème
Jérôme Rouger met en regard les attentes des comédiens avec celles des spectateurs, choisissant d’examiner ces derniers sous toutes les coutures : réactions, interaction avec la scène, importance des rangs, ondes émises, sociologie (professionnel / averti / inculte ? Télérama ou Télépoche ?)…
Au fil de sa présentation, le comédien adresse au public divers conseils, le principal d’entre eux étant sans doute de « venir avec l’esprit ouvert à l’inconnu. C’est ce qui fait le sel d’une expérience de spectateur au théâtre : ne pas savoir ce qu’on va trouver. Et donc il faut être préparé à trouver ce qu’on n’est pas venu chercher, et s’y laisser embarquer, quand bien même parfois cela peut être déstabilisant. On fera le bilan en sortant. » Le moment est donc venu de le dresser…
Points forts
Jérôme Rouger fait entendre une petite musique pas désagréable et souvent pertinente, ainsi sur la fonction de “re-connection“ à soi opérée par le spectacle vivant, quand tout (vitesse, écrans, réseaux) conspire à nous aliéner, en faisant de nous de purs et passifs consommateurs sans cesse un peu plus étrangers à nous-mêmes.
Cet auteur-comédien, que l’on sent plein d’empathie envers l’objet de son discours, lance un appel à la générosité du public, qui hélas ne trouva guère d’écho, du moins ce soir-là, alors que le public (dont votre serviteur) semblait précisément dans l’état d’esprit décrit plus haut par lui…
Quelques réserves
Quitte à faire vieux jeu, on rappellera que dans l’interaction comédien-public, si l’un comme l’autre ont des attentes, le premier - pour voir les siennes accomplies - avance une proposition susceptible d’emporter le second. C’est ce qu’ont très bien compris Jos Houben dans L’art de rire, ou Frédéric Ferrer dans ses désopilantes Cartographies, qui présentent des spectacles-conférence à l’économie générale proche de celle de J. Rouger.
Or ici, la “mayonnaise“ ne prend pas, ce qui semble tenir à divers éléments :
d’abord un propos qui, sans être inintéressant ni inopportun, manque de chair et d’exemples concrets (en dehors de celui des tics Pierre Desproges, pas réputé pour être un showman de première force), devenant du coup assez abstrait, général, désincarné, alors que le comédien possède en la matière une expérience substantielle (voir plus bas la rubrique L’auteur) ;
les gimmicks sont un peu faciles et leur répétition n’a pas l’effet comique escompté, qu’il s’agisse des notes égrenées au xylophone ou du défilement des pages invariablement vierges d’annotation du Paperboard…
enfin le propos, assez linéaire et monotone dans le ton, manque de rythme, avec des digressions peu stimulantes voire franchement dispensables (sur « le cercle de l’humiliation ») ou des breaks assis sur une chaise qui affectent la dynamique (déjà poussive) du spectacle.
Le comédien, qui sait bouger quand il le faut et le fait plutôt bien (son final sur Lola Flores), reste étrangement statique la plupart du temps, ses fiches en main (“effet de conférence“ ou simples antisèches ?) n’arrangeant rien à l’affaire.
Encore un mot...
- Jérôme Rouger a beau, debout sur sa chaise, fredonner à l’intention du public Pour un flirt avec toi (M. Delpech), il ne parvient guère à Allumer le feu…
Une phrase
« On va au spectacle vivant comme on va aux champignons. »
« Personnellement, il m’arrive de m’ennuyer en jouant. »
L'auteur
Jérôme Rouger possède une solide expérience de comédien, inaugurée avec son personnage de Bruno Delaroche, officiant comme “conseiller responsable des expérimentations au Secrétariat d’Etat à la Démocratisation culturelle du Ministère de la Culture“ dans Police culturelle.
Outre ce spectacle, il a également écrit et la plupart du temps interprété Trapèze (2003), Je me souviens (2008), Inoffensif, Pourquoi les poules préfèrent être élevées en batterie (2014, actuellement à l’affiche dans le même théâtre) et Abécédaire de la séduction (20
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