Come Prima
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Thème
- Tout commence comme une histoire de frères ennemis à l’italienne, après les ruptures brûlantes de l’époque fasciste et de la Deuxième Guerre mondiale, qui ont ravagé le pays et séparé les familles.
- Fabio, l’ainé, qui s’était fourvoyé dans les mirages et les violences du fascisme, avait préféré se faire oublier en émigrant en France, où il vivotait comme boxeur de seconde zone. Le temps a passé et à la fin des années 1950, c’est son cadet Giovanni qui fait l’effort de le retrouver pour le convaincre de revenir avec lui au pays, au nom de la force insubmersible des liens familiaux.
- Commence alors un road-trip en Fiat 500 à travers la France et une grande partie de l’Italie. La loi du genre, on la connaît : en voiture on s’ennuie, on parle, on évoque les souvenirs qui rassemblent et surtout ceux qui fâchent, on rencontre mille imprévus, on tombe en panne ou on valse dans le fossé, on cherche de l’aide auprès des riverains ou des routards plus aguerris.
- C’est ainsi qu’entre rancoeurs familiales et émotions des retrouvailles les deux frères racontent l’histoire de la famille et du village malmenés par la politique et la guerre, puis finissent par se réconcilier en arrivant à destination.
Points forts
- Indépendamment des drames et des réconciliations familiales, c’est la route qui est fascinante. Et la mise en scène réussit très bien à la suggérer, notamment en égrenant avec brio les rencontres improbables que réserve tout road-trip : on croise ainsi une fiancée délaissée, un motocycliste illuminé, un curé de campagne compatissant, un auto-stoppeur bavard, insupportable mais hilarant. Tous ces personnages apparemment secondaires, mais cruciaux pour rythmer la pièce, sont joués par Johann Poels et Mathylde Rio, dont on n’est pas prêt d’oublier l’énergie et la capacité à passer en un clin d’œil du plus grand sérieux à la drôlerie communicative.
- La bonne surprise, qui réjouit vraiment le public toutes générations confondues, c’est la reconstitution du paysage sonore dans lequel se déroule cette histoire de famille. En effet, le voyage dans les souvenirs des deux frères s’effectue au son des chants révolutionnaires italiens, des chansons populaires des années 50 et 60 et des premiers tubes de l’époque (avec les rythmes endiablés du génial Adriano Celentano).
Quelques réserves
Dualité virile un peu surjouée, qui s’achève dans une franche réconciliation elle aussi surjouée : le duo des deux frères, mis en scène ici, frise parfois le cliché.
Encore un mot...
- Cette pétillante adaptation de la bande-dessinée désormais célèbre d’Alfred oscille entre théâtre politique assez sombre et mini-comédie musicale avenante. Le mélange des genres est plutôt réussi.
- Finalement, ce que ce road-trip donne à voir et à entendre de vraiment passionnant, c’est une Italie un peu rêvée, à la fois familière et imaginaire. Une Italie certes un peu vintage, mais que l’on aime tellement retrouver, constituée par une myriade d’histoires, d’images et de sons ou encore de chansons que nous ont transmis depuis des décennies la radio, le cinéma, le théâtre aussi : la mise en scène sait très bien utiliser ces ressorts, en sollicitant les souvenirs et l’imaginaire des spectateurs.
Une phrase
• Fabio : « C’est qui le plus lâche ? Celui qui part ou celui qui reste ? »
« Con 24 mila baci
Cosi frenetico è l’amore
In questo giorno di follia
Ogni minuto è tutto moi. »
24 mila baci, chanson créée en 1961 par Adriano Celentano, interprétée avec fougue par Mathylde Rio et Johann Poels
L'auteur
• La pièce est une adaptation de l’album de bande-dessinée Come Prima d’Alfred, publié en 2013. Primé au Festival d’Angoulême en 2014, il a depuis connu un beau succès public.
• Laëtitia Grimaldi dirige la compagnie Not Me Tender et met en scène des pièces depuis une quinzaine d’années. Elle souhaite promouvoir un théâtre moderne, à la fois accessible et exigeant, qui fasse toute sa place à l’émerveillement.
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