Colette et l'amour
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Thème
Il s’agit là de nous "raconter" Colette, sa vie, ses amours sulfureuses et variées, sa personnalité versatile. Et non de faire un cours sur son œuvre, dont il est très peu question. Juste quelques lettres…
Points forts
1- Il règne dans cette petite salle basse du Théâtre de Poche une atmosphère de cabaret, grâce à l'installation éphémère de petites tables rondes et de chaises bistrot. Un serveur nous propose tout de suite une boisson et nous apporte le « gâteau de Colette ». Pendant ce temps-là, un jeune pianiste nous régale de morceaux choisis de Ravel, Debussy, Fauré. Devant nous, une table rectangulaire, trois chaises…
2- C’est une forme de causerie/conférence qui va se dérouler sous nos yeux. L’excellent Philippe Tesson va animer le débat; Elisabeth Quin y participe opportunément et parfois même, s’oppose à Philippe Tesson. Judith Magre, avec cette voix si singulière et si belle, lit des lettres choisies, incarnant subtilement Colette. Pendant les intermèdes, Jean Baptiste Doulcet nous offre des œuvres de ses compositeurs préférés.
3- On apprend que Colette vient d’une famille modeste mais cultivée et que son père lui a donné le goût de la littérature. Elle rencontrera, très jeune, son futur mari qu’elle épousera à 20 ans, Henry Gauthier-Villars, dit Willy, qui l’emmènera à Paris et lui fera fréquenter les cercles littéraires et musicaux. C’est aussi lui qui, découvrant ses talents littéraires, la poussera à rédiger ses souvenirs d’école, sous le nom des « Claudine ».
Mais Willy est assez volage et elle l’apprend. Cela va changer le cours de sa vie. Elle va bientôt divorcer et s’émanciper. Elle aimera toujours les hommes, mais aussi les femmes. Il en est beaucoup question dans ce spectacle, en particulier, de la fille du Duc de Morny, Missy. Ce qu’elle veut, c’est aimer, aimer, aimer. D’ailleurs, elle se remariera, après quelques aventures féminines, avec Henri de Jouvenel, rédacteur en chef du Matin, lorsqu’elle devient journaliste. Ils auront une fille dont elle ne s’occupera que très peu et surtout épistolairement. Beaucoup de lettres subsistent. Puis elle vieillira avec Maurice Goudeket, qu’elle aura aussi épousé, en ayant, entre temps, eu une liaison scandaleuse avec le jeune fils d’Henry de Jouvenel, Bertrand.
4- Elle écrira toute sa vie, mais, poussée par une de ses maîtresses, elle va aussi faire du théâtre, du music-hall et, oh ! scandale, va se montrer nue sur scène. Philippe Tesson nous fait une démonstration de Colette en momie débarrassée de ses bandes sur scène par un partenaire; cela vaut le détour, c’est hilarant...
Quelques réserves
Ceux qui s’attendent à une pièce de théâtre seront déçus. C’est l’histoire d’une vie de femme éprise exclusivement de liberté, sexuelle en particulier, de provocations, inscrite dans une époque où cela faisait scandale, mais que lui importait, ce qui lui valut d’ailleurs une interdiction de l’Eglise à être enterrée religieusement.
Encore un mot...
On pourrait penser que ce spectacle est léger; mais ne nous y trompons pas, le fond de cette existence nous émeut car cette instabilité sentimentale, ce besoin de plaire à tous prix, qui provoque rupture sur rupture, cette recherche de l’amour parfait, cette bisexualité assumée, démontre une aspiration à un idéal d’amour qu’elle ne peut atteindre.
Seule, la forme est légère et délicieusement suggérée par un Philippe Tesson dont je me suis dit que s’il l’avait rencontrée, il l’aurait peut-être épousée...
Très agréable soirée.
Une phrase
Colette: « Il faut avec les mots de tout le monde écrire comme personne »
L'auteur
Colette, en quelques dates et quelques oeuvres :
Née le 28 janvier 1873, elle mourra le 3 août 1954.
1893, mariage avec Willy
1900, parution de "Claudine", succès immédiat
1912, mariage avec Henri Jouvenel et naissance de leur fille
1922, parution de "Chéri"
1923, parution de « Le blé en herbe »
1944, "Gigi"
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