Ciel mon Paris
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Thème
Comment ressusciter l’ambiance du cabaret, ce genre qui incarna l’âme de Paris avant de se dissoudre peu à peu dans le politiquement correct et le « tout-touristique » ? Comment, à l’ère de la pensée “pasteurisée“, retrouver la verve qui animait les quartiers du Palais-Royal, de Montparnasse, Montmartre ou Pigalle ?
André Bercoff et Stéphan Druet ont tenté de répondre en mêlant un piano, des chansons d’autrefois et un zeste de gouaille parigote à l’actualité politico-sociétale, avec en toile de fond les prochaines élections municipales !
Une salle du Théâtre de Poche a donc été aménagée avec tables, chaises, banquettes, vins et spiritueux (il y a aussi des softs) proposés par des serveurs empressés, avant le lever de rideau et à l’entracte.
Points forts
Le pari était audacieux, il est assez réussi. Outre André Bercoff, à l’aise dans l’éreintement humoristique du Paris actuel (sa description du piéton soumis à la torture des « mobilités douces » et des chantiers éternels vaut le détour), le spectacle est dominé par la belle voix de la soprano Emmanuelle Goizé, toute en sensualité déliée. À retenir, entre autres, ses interprétations du « Pont Mirabeau » d’Apollinaire ou du « Je suis chère » de Boris Vian...
Le chanteur et comédien Yannis Ezziadi lui donne la réplique, parfait en travesti dans « À Saint-Lazare » d’Aristide Bruant, comme dans le très drôle jeu de contrepèteries du « Trou de mon quai »…
Tout cela est rythmé par l’accompagnement agile du pianiste Simon Froget-Legendre.
Évidemment, on attend avec curiosité l’invité surprise, candidat aux municipales, figure politique, artiste ou personnalité parisienne. Il monte en scène en milieu de spectacle pour une vingtaine de minutes de questions-réponses. Ce soir-là, Bercoff passait au grill Pierre Liscia, jeune élu du nord-est parisien et proche de Valérie Pécresse. L’irruption du politique a eu le don d’exciter la salle, jusque-là assez sage. Après cela, la dernière partie de soirée, Paris Parade, était bien plus décontractée !
Quelques réserves
Point faible ou pas selon votre couleur politique : si vous vous apprêtez à voter pour l’actuelle maire de Paris à la fin du mois, ce spectacle est susceptible de faire monter à plusieurs reprises votre tension artérielle.
Encore un mot...
La formule cabaret, ça n’est pas mal : on est bien mieux installé que dans un fauteuil de théâtre, on peut boire un coup (ayez du liquide sur vous pour payer votre verre, sous peine de régime sec), les spectateurs trépignent lors du débat politique et tout le monde chante avec les acteurs pour le medley final !
Une phrase
André Bercoff : « Ce que je voudrais (…), c’est ressusciter l’image d’un Paris heureux, et donner l’espoir (…) que la fête n’est pas finie et que vivre à Paris reste une fierté et une chance ».
L'auteur
Journaliste, éditorialiste, écrivain, un temps éditeur, classé à gauche pendant longtemps, passé à droite depuis, bon vivant, fort en gueule, « Juif, Arabe, Libanais, né d’un père russe et d’une mère espagnole », comme il se présente lui-même, Français amoureux de la France… et de Paris : difficile de résumer André Bercoff en quelques lignes. Adepte du « journalisme caché » (enquête sous identité d’emprunt) et des pseudonymes explosifs (le fameux « Caton » dans les années Mitterrand), il a écrit une bonne quarantaine de livres. Le dernier, « le Retour des peuples » – un essai sur les Gilets jaunes et les mouvements populaires – a paru l’an dernier chez Hugo. Notre homme tient une chronique quotidienne sur Sud Radio, « Bercoff dans tous ses états ».
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